Nice-Matin (Cannes)

FOOTBALL La montée des marches

Demain soir à Cannes, les Varois de l’Etoile endosseron­t le statut de Petit Poucet. Un costume que Guingamp a longtemps porté avant de remporter deux trophées (2009, 2014)

- LAURENT SEGUIN

C’est donc à Cannes que Guingamp va tenter de poursuivre son festival. C’est dans cette ville de cinéma comme nulle autre pareille que cet acteur majeur du football français va essayer de se frayer un chemin vers un troisième sacre en coupe de France. Une compétitio­n dans laquelle l’En Avant a souvent crevé l’écran, longtemps dans un rôle de simple figurant. Car bien avant de l’emporter aux dépens de la super production rennaise, bien avant les sacres de 2009 et 2014, le club des Côtes-d’Armor s’est d’abord illustré au niveau amateur. Alors rembobinon­s un peu la pellicule, pour remonter jusqu’au mythique Coup de tête de Jean-Jacques Annaud.

Trincamp avant Guingamp

Nous sommes en 1972, l’En Avant Guingamp est alors en DSR (cinquième division) et son étonnant parcours en coupe de France intrigue le réalisateu­r. Après une brève rencontre avec le nouveau président du club, Noël Le Graët, Annaud rentre à Paris avec une idée, celle de l’aventure de Trincamp, équipe du flamboyant Patrick Dewaere. Oui, avant de briller sur les écrans géants du Stade de France, Guingamp s’est fait une place dans les salles obscures. Trincamp était né, Guingamp allait suivre. Car l’histoire ne s’est pas arrêtée là. Costume de Petit Poucet sur les épaules, l’EAG a ensuite gravi une à une les marches qui l’ont conduit vers l’élite et la première division en 1995. Ces marches qui mèneront encore demain les Guingampai­s à Cannes, sans que ça ne surprenne plus personne. Pourtant, l’aventure de l’EAG parmi l’élite n’aurait dû être qu’un courtmétra­ge. Beaucoup se seraient brûlé les ailes, éblouis par la lumière des projecteur­s. Mais pas les Bretons. « Tant que nous nous rappellero­ns d’où on vient, tant que nous ne nous prendrons pas pour d’autres, l’histoire pourra durer. J’ai toujours dit que le jour où Guingamp prendra la grosse tête ce sera fini », explique le journalist­e de l’Equipe Yoann Riou, grand fan de l’En-Avant. La tête dure donc, mais toujours sur les épaules. Oui, Guingamp c’est un peu ce film d’auteur, cette réalisatio­n promise à une carrière éphémère dans les salles les plus obscures, et qui s’est finalement installée au boxoffice, en haut de l’affiche. Ce film monté avec des bouts de ficelle comme Rocky ou Mad Max, ce succès qui a permis de faire éclore des monstres sacrés comme Drogba pour les propulser sur le devant de la scène. Cette petite production capable de se renouveler, de réussir ses castings à chaque mercato pour aujourd’hui encore jouer les premiers rôles. Un rôle de favori que les Bretons vont devoir assumer demain à Cannes face à une étoile montante de la coupe de France. Alors, pour qui le clap de fin ?

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(Photos MaxPPP et PQR) Thibaut Giresse (à gauche) et les Guingampai­s remportent la seconde coupe de France du club en .
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