L’interview « La coupe, c’est notre ADN »
Bertrand Desplat, président de l’En Avant Guingamp
Guingamp est-il toujours un OVNI dans le football français ?
Oui, bien sûr. Il y a des constantes que l’on ne peut pas modifier : Guingamp restera toujours une ville de habitants ! Il y a aussi ce caractère rural qui est le nôtre, et des moyens qui sont plus limités que d’autres. On est un club à part, mais je crois que c’est aussi ce qui fait la richesse du football français.
Comment expliquer que Guingamp perdure ?
Nous sommes des gens simples mais très travailleurs et solidaires entre nous. On compense l’absence de moyens financiers par une dimension humaine supplémentaire. Je crois que c’est vraiment la clé et le coeur du succès guingampais.
Comment exister à côté de Rennes, Lorient… ?
À côté de nous, il y a l’exemple du Stade Rennais qui est détenu par monsieur Pinault, un milliardaire qui s’est pris d’affection pour le club de sa ville. Mais nous, on n’a pas de milliardaires, de multinationales, de fonds d’investissement dans la région guingampaise. Donc, on a décidé de compenser cela par une sorte de coopérative d’entrepreneurs régionaux et locaux. On est le seul club français à avoir autant d’actionnaires : on en a et autant d’entreprises. C’est un modèle économique particulier, qui nous a rendus plus fort.
La progression est linéaire ces dernières années, du National à la Ligue …
Il y a un cycle qui s’est quasiment terminé ce week-end. C’était d’asseoir le club pour cinq saisons consécutives en Ligue . Pourquoi cinq ? La première raison, c’est que cela n’a jamais été réalisé dans l’histoire du club. La deuxième, c’est que cela déclenche un certain nombre de financements supplémentaires par rapport au mode de répartition des droits télé. Ça doit permettre au club de franchir une petite étape supplémentaire dans son développement économique.
Comment faites-vous pour attirer des joueurs comme Briand ou Bodmer aujourd’hui ?
Ils savent qu’ils tombent dans un environnement stable, des capacités financières qui ne sont pas énormes mais qui sont sérieuses. Quand on promet quelque chose on tient nos promesses. C’est un club, aussi, qui est ambitieux. Au fur et à mesure, quand un joueur appelle un Drogba ou un Malouda pour demander si c’est une bonne idée de venir… Il vient à Guingamp. Avant de venir, Marçal (arrière gauche brésilien du club) ne connaissait pas du tout le championnat de France. Il a appelé trois ou quatre Brésiliens de Ligue qui lui ont dit : « Tu peux y aller les yeux fermés » ! On gagne en crédibilité dans le football.
Vous avez déjà remporté la coupe de France, une compétition qui vous réussit…
On l’a remportée deux fois dans un passé récent, en et . C’est une compétition qui nous tient énormément à coeur. Quand on se penche dans l’histoire, dans les années -, le club, alors en DSR, a commencé à être connu à l’échelle nationale grâce à ses exploits. La coupe, c’est notre ADN. C’est une compétition que l’on adore.
L’En Avant se fait rarement surprendre…
On est bien placé pour savoir ce que ça fait d’être le petit par rapport au gros. On vient toujours avec beaucoup de respect de l’adversaire. Pour l’avoir vécu, on sait que n’importe quelle équipe peut battre n’importe qui en coupe. Ça nous est arrivé, et on ne veut pas être les dindons de la farce. Donc il y a toujours beaucoup de vigilance et de respect de l’adversaire.
Maintenant que le maintien est assuré, la coupe est un objectif ?
Tous les ans, la coupe est un très gros objectif. On y vient très mobilisés, très ambitieux, et en sachant que ça sera un match compliqué contre un adversaire très valeureux. Mais le retour que l’on a sur Fréjus/SaintRaphaël, c’est que c’est vraiment un groupe, une équipe qui joue au football et qui a beaucoup de qualités, donc on sait que ça ne va pas être facile. On vient en toute humilité pour essayer de se qualifier pour les demi-finales.