Nice-Matin (Cannes)

NATATION Le plébiscite Sezionale « J’avais la pression »

Le Niçois de 59 ans a été élu hier à la tête de la Fédération avec 70,25% des suffrages. Une victoire écrasante qui met fin aux 24 ans de règne de Francis Luyce, président battu et décrié

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Huit mois après des Jeux de Rio catastroph­iques en terme d’image, la Fédération française de natation a tourné une page d’histoire de 24 années en balayant hier la présidence de Francis Luyce, battu par son challenger Gilles Sezionale. Les polémiques dans les bassins cariocas en août dernier, les changement­s de directeurs techniques (trois entre 2012 et 2016) et l’imbroglio autour des sélections pour Rio (28 nageurs retenus alors que seule une dizaine avait rempli les critères), auront finalement coûté sa place au plus ancien des présidents de fédération­s françaises olympiques, qui visait un 7e mandat. Depuis son arrivée à la tête de la FFN en 1993, Francis Luyce, 70 ans, n’avait affronté qu’une seule fois un challenger, en 1997. La donne était différente cette fois-ci, avec une opposition structurée derrière un candidat.

Retrait de Luyce

Dans une dernière pirouette et un ultime coup d’éclat, le président Luyce, élu hier au comité directeur de la FFN au 1er tour, s’est retiré et a quitté les locaux du Comité national olympique et sportif français (CNOSF), laissant le champ libre à Gilles Sezionale, 59 ans, élu avec 70,25% des suffrages de l’assemblée générale. « Je souhaite aux successeur­s de vivre autant de bonheur que nous en avons vécu ensemble, d’écrire des pages aussi belles, plus belles encore, de notre sport » , a de son côté commenté Francis Luyce, cité dans un communiqué de la FFN. Dans sa campagne électorale, M. Sezionale, pharmacien à Nice, avait mis en avant plusieurs mesures, dont la limitation du nombre de mandats de président à deux, qui devrait être inscrite dans les statuts de la FFN. Il a aussi mis sur le devant de la scène le champion olympique 2008 du 100 m nage libre, Alain Bernard, présent sur sa liste. « Il y a une vraie volonté de changement. J’ai envie de m’investir avec la Fédération. En travaillan­t sur le terrain, j’ai pu me rendre compte des vrais besoins, pour les décliner pour les sportifs » , a expliqué Bernard, partisan d’une « politique sportive très stricte, ce que l’on a perdu ces quatre dernières années ».

Dix nouveaux présidents de fédération­s olympiques

Tennis, athlétisme, cyclisme, rugby, voile : la natation suit ainsi la voie du changement initiée par d’autres grosses fédération­s de l’olympisme français, depuis Rio-2016. Les fédération­s sportives olympiques ont l’obligation de procéder à des élections au terme de chaque olympiade. Au total, dix présidents sur les 36 fédération­s olympiques auront donc changé en quelques mois. Un ratio quasi identique par rapport au renouvelle­ment post Londres 2012. Mais le renouvelle­ment intervenu depuis Rio aura débouché sur un bouleverse­ment d’importance puisqu’il aura concerné des fédération­s majeures. « La transition s’est faite en douceur », note Denis Masseglia, président du CNOSF. Ainsi, André Giraud a pris la tête de la Fédération d’athlétisme après quatre mandats de Bernard Amsalem (20012016), à la différence près que le nouvel élu avait le soutien du sortant qui ne se représenta­it pas. Il en va de même pour le cyclisme avec l’arrivée de Michel Callot, seul candidat à la succession de David Lappartien­t, qui ne se représenta­it pas. Francis Luyce, chef de mission de l’équipe de France olympique à Rio, laisse la place de président le plus ancienneme­nt en place à Philippe Lescure, arrivé en 2001 et réélu mi-mars pour un cinquième mandat à la tête de la fédération de triathlon. « Deux fédération­s ont été sur le devant de la scène, ce sont le tennis et le rugby », précise M. Masseglia. Le président du CNOSF remettra lui aussi son mandat en jeu le 11 mai, où il briguera un troisième bail. Il fera face à Isabelle Lamour, présidente de la Fédération d’escrime depuis 2013, et David Douillet.

Victorieux, Gilles Sezionale s’est confié, notamment sur la sortie de Francis Luyce. Le Niçois aurait souhaité « une fin d’histoire différente » pour son adversaire.

Une période de  années de présidence de Francis Luyce à la tête de la FFN vient de se terminer.

Je suis fier et c’est beaucoup d’émotions. J’avais la pression parce qu’il y avait pas mal d’attente derrière moi. Une page s’est tournée. C’est un grand président. J’ai toujours eu une relation saine, normale et loyale avec Francis, je lui ai toujours dit ce que je pensais. J’aurais souhaité que ça se termine différemme­nt, il n’a pas voulu m’écouter. Ce que je regrette, c’est que l’histoire aurait pu se finir dignement et il aurait pu partir par la grande porte. J’aurais préféré une fin de l’histoire différente pour lui, parce que les gens vont retenir le président battu et qui s’est retiré de la liste. Toutes les conditions étaient réunies pour qu’il rentre dans l’histoire. Il a cristallis­é une opposition. Je suis peiné pour lui qu’il n’ait pas fait le bon choix (de ne pas se représente­r pour un septième mandat, NDLR).

Ses choix à la direction technique nationale ont été décriés. Avec qui voulez-vous travailler à la DTN ?

Je suis un président démocratiq­ue, on ne va pas faire du Francis Luyce. Le ministère va envoyer une lettre pour me demander en tant que nouveau président si je souhaite continuer avec ceux en place. On va dire que l’on va faire un appel d’offres et on analysera toutes les candidatur­es avec mon bureau. La Fédération n’était pas du tout ouverte, il y avait une personne qui décidait. Je veux absolument changer la gouvernanc­e de cette fédération.

Comment recoller tous les morceaux après les déchirures des Jeux Olympiques de Rio?

Il faut traiter toutes les structures de la même façon. Si on commence à donner plus à Paul par rapport à Pierre, c’est compliqué. On doit respecter l’avis de tout le monde. Il nous appartiend­ra en tant qu’élus, d’établir cette confiance et que les gens puissent partager comme ça s’est fait par le passé. On a connu des ambiances en équipe de France qui étaient bien meilleures que celle connue à Rio. Le but c’est l’équipe de France et ne pas favoriser telle structure.

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L’Azuréen a axé son programme sur sa volonté de remettre les clubs au centre des débats. (Photo R.Ray)

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