Accident : grosse pagaille entre Cannes et Grasse
Alors que le préfet avait été condamné vendredi par le tribunal administratif à recevoir leur demande d’asile, une famille de migrants a été arrêtée, hier, dans le train qui les menait à Nice
Ubuesque. Kafkaïen. Comment décrire autrement la situation de cette famille d’Érythréens arrêtée hier dans le train, à Sospel ? Ce couple, parents d’un enfant de cinq ans, a été interpellé alors qu’il se rendait en préfecture à Nice... sur injonction de la justice. Vendredi, le tribunal administratif de Nice avait en effet condamné le préfet des Alpes-Maritimes à accepter leur demande d’asile. Une demande qui avait été refusée par deux fois mi-mars par la gendarmerie et la police aux frontières avant qu’ils ne soient reconduits en Italie. Illégal, a estimé le tribunal, qui avait donc laissé trois jours ouvrés à la préfecture pour accepter leur dossier (lire nos éditions de samedi). C’est en s’y rendant hier matin que la famille Érythréenne a été interpellée dans le train. Ils étaient accompagnés de plusieurs membres de l’association Roya citoyenne, dont l’agriculteur Cédric Herrou, mais aussi d’une représentante d’Amnesty International.
Embarqués vers Menton
Parti de Breil, le convoi devait faire une halte en gare de Sospel pour prendre de nouveaux passagers et repartir. C’est là que des policiers ont procédé à un contrôle d’identité. Qui n’aurait dû être qu’une procédure de routine, la famille de migrants produisant le jugement du tribunal administratif enjoignant la préfecture de recevoir leur demande d’asile. Mais pas de quoi, visiblement, convaincre les forces de l’ordre. La famille a été embarquée pour un contrôle plus poussé à la police aux frontières de Menton. « Cequi est étonnant, c’est que ces personnes avaient déjà été contrôlées et pour cause, elles ont fait l’objet d’un refus d’entrée contesté au tribunal. Elles étaient donc déjà connues », proteste leur avocat Me Zia Oloumi.
Libérés… mais la préfecture fermée
Le train a été immobilisé durant une heure en gare. Au grand dam des passagers. Cédric Herrou et les accompagnants refusaient en effet de descendre du wagon. « Nous n’avions aucune raison de sortir, explique Cédric Herrou. Nous avions l’ordonnance du tribunal nous autorisant à faire une demande d’asile en préfecture pour cette famille. » Finalement, les Érythréens sont ressortis vers 14h15 de la police aux frontières de Menton où ils avaient été emmenés. Hélas trop tard, la préfecture étant alors fermée... Ubuesque. «Onnousaassuré que nous pourrions faire notre demande d’asile dès 9 heures mardi », commente Me Zia Oloumi, avocat de la famille. Cédric Herrou y voit l’illustration du problème actuel. « Vous imaginez la difficulté qu’a cette famille à faire une demande d’asile alors qu’elle est entourée d’avocats ! Et la majorité des migrants ne sont pas accompagnés dans leurs démarches administratives... »