Un legs du ministre saoudien pour éviter toute ingérence
C’était l’une des conditions imposées par le préfet Adolphe Colrat pour se prononcer en faveur de la mosquée En-Nour au détriment du projet de crèche porté par la mairie : l’indépendance de l’association qui gère les lieux vis-à-vis de son propriétaire. Le bâtiment sis 1, rue Emmanuel-Pontremoli a été acquis par le cheikh Saleh Al-Cheikk, ministre des Affaires islamiques en Arabie Saoudite garant, notamment, de la propagation de la foi et de l’application de la charia dans son pays. Ce que voit d’un très mauvais oeil la municipalité niçoise. Inquiétude manifestement partagée par l’État qui avait donc demandé aux représentants d’EnNour de se prémunir contre toute forme d’ingérence.
Comme une cinquantaine d’autres mosquées Difficile dans la mesure où l’association niçoise n’aurait même pas les moyens de payer le loyer de 4 700 euros fixé dans le bail rédigé en 2011. Me Mebarek confirme d’ailleurs qu’il n’a jamais été réclamé par le ministre saoudien : « Ça fait partie du don. » L’avocat et adhérent de l’association En-Nour rappelle que « plus d’une cinquantaine de mosquées en France sont également financées par l’Arabie Saoudite dont celle de Lyon. Ça n’a rien d’illégal », souligne-t-il même s’il assure dans le même temps que le lieu de culte niçois serait en passe de devenir complètement indépendant : « Le propriétaire vient de signer une procuration notariée. Il a décidé de nous léguer le bâtiment. Nous attendons de passer chez le notaire… » Cela suffira-t-il à garantir l’indépendance théologique des lieux ?
Siège vacant Pour s’en assurer le préfet avait posé une seconde condition : « Ouvrir les portes d’En-Nour aux autres associations représentatives du culte musulman dans les Alpes-Maritimes. »
«Des avocats, des médecins » et un fiché S Me Mebarek assure que cela a été fait puisque trois des vingthuit sièges d’administrateurs ont été réservés à des représentants de la mairie, de la préfecture et à un membre d’une autre association… Ce dernier serait néanmoins resté vacant. « Elles ont toutes refusé », déplore-t-il pointant du doigt les « pressions » qu’aurait exercé la municipalité sur ses coreligionnaires. L’avocat n’est pas dupe. Ces conditions n’avaient d’autre but que de prévenir toute forme d’extrémisme. « Mais l’inquiétude légitime sur d’éventuels prêches radicaux n’existe pas, défend-il. Nous avons blindé nos collèges. Nos membres sont des avocats, des médecins, des gens respectés et respectables. » Figurent aussi un ancien opposant municipal, une militante associative et, plus inquiétant, un individu fiché S. Car selon nos informations, l’un des membres de l’association culturelle est suivi par les services de renseignement. Ce qui ne saurait pour autant jeter le discrédit sur l’ensemble de l’association…