«Les casseroles font trop de bruit »
À Cagnes, des femmes, des anciens et des jeunes s‘expriment sur la présidentielle, les «affaires» et les vraies priorités, au fil de la journée d’un alerte octogénaire
Il reste moins de trois semaines avant de faire son choix et de poser son bulletin dans l’urne, au premier tour de la présidentielle. Dans cette dernière ligne droite de la campagne, votre journal continue de vous donner la parole. Dialogue avec des Cagnois au fil des rencontres faites par Marcel Cornaille, retraité très actif.
L« a campagne présidentielle ? J’en suis malade. Qui n’a pas de gamelles ? Moi aussi j’en ai, comme les autres. Mais Fillon a quand même gouverné le pays pendant cinq ans. Si Fillon ne passe pas, je voterai peut-être Le Pen. Il faut remettre des frontières.» À 82 ans, Marcel a roulé sa bosse un peu partout et en a vu de toutes les couleurs. Véritable figure de Cagnes-sur-Mer, cet ancien combattant a ses idées qui ne sont pas forcément celles de tous, mais on le voit un peu partout avec presque tout le monde, hommes, femmes, anciens et jeunes, de toutes couleurs de peau… Jeune homme à la barbe blanche avide de vivre, toujours à l’écoute et prêt à rendre service, il donne son avis sur la campagne, tout comme quelquesunes de ses rencontres au fil d’une journée. Ce samedi matin, Marcel prenait le café de campagne organisé par les Femmes 06 avec Fillon, avant de déjeuner au Cercle des amis du Haut-de-Cagnes dont il est membre, puis de passer dire bonjour au « Studio 25 », le lieu d’accueil municipal des jeunes. « La campagne est rocambolesque. Tous les jours, on nous sort une nouvelle affaire. C’est un combat de coqs entre deux camps. Les socialistes ne veulent pas lâcher le pouvoir », lâche Soraya, désabusée, en
‘‘ marge du café des Femmes 06 pour Fillon. Cette quinquagénaire aimerait que la société change vraiment, à commencer par la parité hommesfemmes. « Je ne m’intéresse pas trop à la politique. Je suis venue pour en savoir davantage sur le programme de Fillon. Dommage qu’on l’assassine, comme DSK en 2012. Il ne faut pas que les affaires masquent les programmes. Macron manque d’expérience, Le Pen a des idées mais fait peur pour les femmes», déplore Margot, 21 ans. Les hommes étaient aussi invités au café. Quelques-uns sont venus. « Les gens vont s’apercevoir que Fillon est le seul dont le programme tient la route. Macron a un programme creux et c’est le fils de Hollande », assure l’un d’eux. Au Cercle des amis, la plus vieille association cagnoise, la politique est bannie. Mais cela n’empêche pas chacun d’avoir son opinion et de l’exprimer en dehors du local. Rien dans les statuts n’interdit l’adhésion des femmes, mais en pratique, les seules parmi les convives sont des épouses et des amies. « Ça fait des années que je suis pour Dupont-Aignan », témoigne Gilbert, 56 ans, frigoriste. « Je pense que c’est le plus honnête. Cette putain d’Europe à 28, c’est une monumentale erreur. Il faut la renégocier pour protéger l’économie française et l’emploi. On ne doit pas délocaliser et déshabiller Paul pour habiller Jacques. J’en ai marre des hommes politiques qui changent d’avis, marre des propositions irréalistes. Le revenu universel, qui va le payer ? » « Je ne sais pas pour qui je vais voter, je ne connais pas les propositions des différents candidats, les casseroles font trop de bruit », regrette pour sa part Alain, 68 ans, ex-directeur de maison de retraite. Par défaut je voterai sans doute pour Fillon, ce qui me dérange ce sont ses casseroles. Le ‘‘ni gauche ni droite’’ de Macron me plaît bien, mais il est le plan A du PS. »
On n’écoute pas le peuple ”