FOOTBALL « J’étais bien parti »
Fabien Dao Castellana, capitaine lors de la victoire de Nice en Gambardella (2012) et aujourd’hui joueur à l’Etoile Fréjus/Saint-Raphaël, se confie avant ce quart historique pour le club varois
Avec Alexy Bosetti, Fabien Dao Castellana était le fleuron de cette génération 93 niçoise à qui l’on promettait monts et merveilles après un succès historique en Coupe Gambardella (2012). Quatre ans plus tard, il ne reste plus grand-chose, si ce n’est le souvenir d’une merveilleuse et talentueuse bande de mômes... Seuls Cardinale, Bosetti et Albert portent en effet encore le maillot de l’OGC Nice. Les autres ? Ils sont éparpillés un peu partout, en Angleterre (Amavi, Hassen), en Belgique (Rougeaux), en Ligue 2 (Maupay, Dada, Caddy), voire ont disparu des radars du foot pro. Dao Castellana, lui, a quitté l’OGC Nice en juin 2015. Il évolue en CFA, à l’Etoile/Fréjus Saint-Raphaël qui réalise un parcours historique en Coupe de France. L’occasion pour le milieu de poche, qui incarnait parfaitement le style de jeu fait de passes courtes et de mouvement, prôné par les formateurs niçois (Pires, Mengual), de retrouver la lumière. A 23 ans, Dao, très en vue lors du tour précédent face à Auxerre, n’a pas dit adieu au monde professionnel. « Je n’attends même qu’une chose : le retrouver », nous a-t-il confié, au détour d’un entretien au parfum de nostalgie.
Guingamp : « Un essai à l’été »
« Jouer une Ligue , c’est le top ! Je suis allé faire un essai à Guingamp à l’été . Mais ça ne s’est pas fait car Jocelyn Gourvennec avait déjà beaucoup de milieux. Tout s’était pourtant très bien déroulé.»
Le retour à l’Etoile : « Pas beaucoup d’opportunités »
« Je suis revenu pour avoir du temps de jeu. Je suis arrivé à court physiquement en janvier . Je n’avais pas fait de préparation. Les premiers mois ont donc été compliqués, d’autant que l’équipe était à la peine en National. A l’époque, on ne va pas se mentir, je n’avais pas beaucoup d’opportunités. Je disposais d’un contrat professionnel, je ne pouvais pas aller à n’importe où. Au départ, je me suis entraîné avec la DH de Fréjus/Saint-Raphaël. Après deux, trois entraînements avec l’équipe National, le coach Pilorget voulait me garder. Je me suis rapproché de la maison (il est né à Saint-Raphaël, ndlr), c’est le côté positif. Mais j’aurais, bien entendu, préféré être encore dans le monde professionnel. »
Le monde amateur : « Le jour et la nuit »
« Entre le monde professionnel et le monde amateur, c’est le jour et la nuit ! Ça change… J’ai signé dans un club qui était dernier de National. On a tout fait pour se sauver, mais ça n’a pas suffi. »
La saison en CFA : « C’est dommage »
« On a vraiment une belle équipe. C’est dommage pour le championnat. On voulait remonter, mais on a fait trop d’erreurs (Fréjus est e, à points du leader Rodez, ndlr) .»
La Coupe de France : « De la visibilité »
« Les matchs sont diffusés à la TV. Il y a donc plus d’attente. Ça apporte de la visibilité. C’est une belle chose pour le club qui n’avait jamais connu ça auparavant. Après, il faut être lucide. Ce n’est pas ce parcours en Coupe qui ramène du monde lors de nos matchs de championnat. Le stade est très rarement rempli. Les gens se sont en revanche mobilisés pour la Coupe. Jouer une Ligue , ça n’arrive pas tous les jours. Il va y avoir du monde en tribune, peut-être des recruteurs. Disons que c’est le moment de faire un bon match (sourires) .»
Les objectifs : « Je ne me prends plus la tête »
« Je vais avoir ans (le juillet prochain, ndlr). En Coupe, ça me sourit. Contre Bourg-en-Bresse et Auxerre, j’ai été performant. Je joue à mon poste, en six, je retrouve du plaisir. J’espère que ça aura attiré des regards. On verra bien… Je ne me prends plus la tête. Si je commence à me ronger le cerveau, je ne vais pas avancer. Mon objectif est de retrouver le monde pro. Je n’attends même que ça… Je n’ai aucune idée si ça va pouvoir être possible. Mon contrat se termine le juin prochain à Fréjus/Saint-Raphaël. Il y a de quoi faire ici. La région est magnifique, c’est plus facile d’attirer des joueurs. »
L’argent : « Pas eu le temps de m’habituer au luxe »
« Je suis au chômage. Je touche un peu moins qu’à Nice, où j’avais un contrat à la charte. Je gagnais euros nets la première saison, la deuxième année et la dernière année. Je n’ai pas eu le temps de m’habituer au luxe (rires) .»
L’OGC Nice : « Jamais vu trop beau »
« J’étais un peu le fleuron de la formation niçoise avec Alexy (Bosetti). A l’époque, tout s’est bien goupillé. On a remporté la Gambardella, j’ai signé mon premier contrat professionnel dans la foulée et j’ai débuté en Ligue contre Ajaccio. Hélas, j’ai enchaîné les blessures par la suite et cela a freiné ma progression. Je suis sorti des plans du coach (Claude Puel, ndlr), tout simplement. L’équipe marchait très bien. Je n’ai pas fait ce qu’il fallait certainement. Je ne me suis jamais vu trop beau. Ce n’est pas ma nature. Mais j’ai tellement été blessé lors de ma première saison… Les regrets, ils sont là. A l’époque, je pensais que j’étais bien parti. Il y avait Claude Puel en plus, un coach qui fait confiance aux jeunes. »
Les regrets :
« Trop gentil » « J’aurais dû aller discuter avec le coach. Je n’ai jamais osé. Je suis timide. Une discussion aurait pu être constructive. J’ai toujours été trop gentil. C’est l’un de mes défauts. Je n’ai jamais ouvert ma gueule. »
Souvenirs niçois : « Bodmer m’impressionnait »
« Il y en a plein. J’étais guidé par un joueur comme Digard. J’étais le petit du groupe. Il y avait un paquet de bons joueurs dans cette équipe. Renato (Civelli), c’était quelque chose au niveau de la grinta. A l’entraînement, il envoyait, ne faisait pas semblant. Cvitanich, Eysseric, ils étaient vraiment forts. J’ai également eu la chance de m’entraîner avec Bodmer. Techniquement, il m’impressionnait. J’ai encore des contacts avec Alexy (Bosetti). C’est l’un des seuls. Au départ, je prenais des nouvelles des uns et des autres, mais quand on n’en prend pas forcément de toi, tu ne vas pas forcer les choses. Je suis déçu que mon aventure se soit terminée ainsi avec Nice. Je n’ai pas vraiment eu ma chance. C’est sans doute aussi en partie de ma faute. Je n’en veux à personne. »