Changer tout, en gardant l’essentiel : bien soigner
À 15 jours du premier tour, l’Ordre responsables santé des candidats à des médecins et Nice-Matin ont invité les préciser, face au public, leurs projets de réforme
La santé, ce n’est pas la maladie. Ou pas seulement. La santé, c’est d’abord la vie. Le travail, les loisirs, les projets, la créativité, la relation à soi et aux autres... La vie même de nos sociétés dépend de la santé des individus qui la constitue. Nos politiques ont tôt fait de l’oublier – à moins qu’ils ne l’ignorent. La preuve en était faite mardi dernier encore, au cours du grand débat télévisé qui réunissait les onze candidats, elle n’était même pas abordée. Les petites phrases assassines – et tellement vaines – susceptibles de faire le buzz, les grandes phrases tout aussi inutiles, ont amputé le temps qui aurait dû être consacré à l’évoquer. Pendant ce temps, nous organisions, en présence des responsables politiques des programmes santé des candidats, une rencontre publique. La richesse des échanges, leur intensité, les multiples questions soulevées fournissaient la preuve que les politiques se fourvoyaient à sous-estimer le poids de la santé. Attention, danger.
D’un côté, des médecins qui disent haut et fort l’amour de leur métier, mais déplorent un manque de moyens, une surcharge de travail, des conditions d’exercice de plus en plus difficiles, un manque de coordination... De l’autre, des patients, fiers de leur système de santé, mais qui s’inquiètent de l’avenir, d’un reste à charge qui pèse de plus en plus lourd, de déserts médicaux qui ne gangrènent plus seulement les territoires ruraux... « Il est nécessaire de prendre des mesures importantes pour tout changer, tout en gardant ce qui fait l’essentiel de notre système français. C’est bien une révolution dans le domaine de la santé que nous appelons de nos voeux. »
« Il n’y a pas un malade de droite ou de gauche »
Les mots prononcés par Jacqueline Rossant-Lumbroso, présidente du conseil de l’Ordre des médecins des Alpes-Maritimes claquent à l’oreille des représentants des cinq représentants des candidats à la présidentielle 2017, réunis mardi soir sous l’impulsion de l’Ordre et de Nice-Matin. Quatre hommes, JeanJacques Domerego, pour En marche !, Jean Leonetti pour Les Républicains, Noam Ambrourousi, pour La France insoumise et Alfred Spira pour le Parti socialiste. Une femme, Muriel Fiol-Anguenot, pour le Front national. Tous, à l’exception de Noam Ambrourousi, sont médecins. Et à l’occasion de ce débat, on a pu se réjouir de constater que la plupart d’entre eux se rejoignaient sur le fond, quitte à céder sur le terrain idéologique de leur parti respectif. « Il n’y a pas un malade de droite ou de gauche, face à un médecin de droite ou de gauche, mais un malade face un médecin », résume Benoît Péricard (lire en dernière page du dossier). La maladie a ceci de particulier qu’elle peut frapper à tout moment et tout le monde, les Pour votre santé, mangez au moins cinq fruits et légumes par jour. www.mangerbouger.fr jeunes comme les vieux, les riches comme les pauvres. Et même ceux dont c’est le métier.
Un chantier complexe pour le prochain ministre
Sous leurs blouses d’hôpital, dans les salles d’attente des cabinets médicaux, tous les malades se ressemblent et sont tourmentés par la même question : avoir les meilleures chances de guérison. Quant à ceux qui sont en pleine santé, ils souhaiteraient tout simplement le rester le plus longtemps possible. Ça pourrait être simple. C’est infiniment compliqué. Car ces besoins primaires se heurtent à une offre pléthorique, confuse, alimentée par des intérêts contradictoires, fragmentée par des querelles de pouvoir... C’est un chantier bien complexe qui attend le prochain ministre de la Santé : le choc de la simplification, au risque de faire des blessés. Mais pas parmi les patients.