Les professionnels de santé «Quelle évolution « Quelle place pour de l’hôpital public?» la médecine libérale ? » «Doubler le tarif de la consultation pour prendre plus de temps avec le patient?» Jean-Michel Benattar, gastro-entérologue
« Si Marisol Touraine se targue d’avoir mis à plat le déficit de la Sécurité sociale, elle “oublie” le déficit colossal des hôpitaux publics, qui pose des problèmes de fonctionnement au quotidien. Entre les dettes cumulées et la problématique des investissements, comme à Pasteur , il n’y a plus de possibilité de fonctionner de façon correcte et agréable, pour le personnel et évidemment pour les patients. Comment les candidats voient l’évolution de l’hôpital public avec le
«Revaloriser la retraite pour les médecins qui continuent de travailler?»
« On fait de plus en plus appel aux médecins retraités. Les hôpitaux qui les emploient paient des cotisations sociales dont le praticien ne bénéficie pas. Dans l’avenir, le travail des retraités pourra-t-il leur permettre de revaloriser leur allocation ? »
Jean-Jacques Domerego : « Le rôle des retraités est de plus en plus important. Un «Ne faudrait-il pas revoir la formation initiale et continue des médecins, au niveau des humanités médicales, de l’esprit critique, des médecines non conventionnelles et doubler le tarif de consultations pour pouvoir prendre du temps avec
fameux virage ambulatoire, le développement de plateaux techniques… Il faudra quand même hospitaliser les patients quelque part… ? Et comment envisagent-ils le financement des hôpitaux comme Pasteur par exemple, le CHU de Nice étant confronté à un déficit très grave, au détriment des soins, essentiellement pour des problèmes immobiliers ? »
Alfred Spira : « Il faut sortir du tout TA, pour avoir des dotations forfaitaires qui prennent en considération les spécificités locales. Et combler les déficits, tels celui que vous évoquez. » Jean Leonetti : « Vous pointez du doigt la différence entre le fonctionnement et l’investissement; lorsqu’un médecin qui a fini sa carrière peut très bien relayer avec de jeunes médecins une partie de son activité et décidé de consacrer une partie de son activité à des maisons de santé par exemple. C’est frustrant, même en microentreprise de payer des charges qui ne vous bénéficieront pas à la retraite. Il faut que l’on
chaque patient ? »
Jean Leonetti : «Ona constaté statistiquement que la durée de la consultation est inversement proportionnelle à la longueur de l’ordonnance. Plus on a besoin que le malade «sorte vite», plus on prescrit! Autre élément, l’acte intellectuel en médecine a été totalement dévalorisé, par rapport à l’acte technique. Les professions de santé doivent s’asseoir autour d’une table et réfléchir autour de la valeur des actes. Il y a des actes intellectuels, de conseil, et des investissement est démesuré, ou trop tardif, il plombe de manière définitive le fonctionnement : on vous dit : « on ne peut plus soigner les malades » parce qu’on a fait de beaux bâtiments ». C’est impensable ! Dans l’avenir, pour les hôpitaux gigantesques et qui finissent par être construits ans après qu’on les a conçus, avec des situations de béton inadaptées à la situation évolutive de la médecine, il faudra aller plus vite, avec des procédures simplifiées. Nous souhaitons donner plus de liberté aux directeurs d’hôpitaux, présidents de CME, chefs de pôle… Pour qu’ils puissent agir plus vite, soulagés de contraintes administratives lourdes. Comme c’est le cas dans le privé. » revalorise ces retraites. » Muriel Fiol-Anguenot : « Il est inscrit dans notre programme de diminuer de façon drastique les charges qui pèsent sur les médecins retraités qui retravaillent.» actes répétitifs, techniques où la part humaine intervient très peu. Les actes techniques sont très rentables, et si la médecine générale n’est pas très attractive, c’est parce qu’elle n’a pas d’actes techniques.» Jean-Jacques Domerego : « On peut se poser la question : les actes techniques, en étant tirés vers le haut, ont-ils rabaissé l’acte intellectuel ? Ou les professionnels se sont réfugiés dans l’acte technique, parce que l’acte intellectuel n’était pas valorisé ? »
« Que pensez-vous de la convergence tarifaire entre le public et le privé ? Et de la libéralisation des équipements lourds, et notamment des IRM ? Et enfin de la rémunération des professionnels de santé, et en particulier du secteur ? Et d’élargir la question des honoraires aux autres professions paramédicales ? »
Alfred Spira : « il faut répartir les rôles, que chacun soit à sa place et que la rémunération soit adaptée aux pathologies, aux aspects sociaux, démographiques, épidémiologiques… On ne prend pas en charge les mêmes pathologies et de la même façon aux différents endroits. Sans la supprimer, il faut sortir de la TA et avoir des formes de rémunérations adaptées, forfaitaires. » Muriel Fiol-Anguenot : « Nous sommes favorables au secteur , ainsi qu’à une saine concurrence entre cliniques privées et hôpitaux. Oui également à la libéralisation concernant les équipements. » Noam Ambrourousi : « Nous disons non à la convergence tarifaire, puisque cela signifierait que l’on reste sur le tout TA ; or, nous souhaitons sortir du paiement à l’acte. Ensuite, parce que public et privé ne traitent pas le même public. Concernant le secteur (honoraires librement définis par le médecin, ndlr), on est opposés sur le principe même. Comment marche aujourd’hui le secteur ? Qu’est ce qui fait que l’on applique ou pas un dépassement d’honoraires ? Si la personne a l’air plutôt pauvre, on ne fait pas de dépassement, et s’il a l’air riche, on en fait ? C’est incroyable. Avec nous, le secteur sera interdit. »
«Quelles solutions au problème de permanence des soins?»
« Un des vrais problèmes aujourd’hui, c’est la permanence des soins. Les Urgences aujourd’hui comblent le déficit de garde de ville, et ça a un coût énorme. Que proposez-vous ? »
Alfred Spira: « Nous proposons des espaces, adossés à l’hôpital dans lesquels des médecins libéraux aient la possibilité d’exercer si possible / avec des rémunérations adéquates. Elles joueraient le rôle de filtre avant l’accès aux urgences, mais permettraient aussi d’assurer l’amont et l’aval par rapport au système hospitalier, et améliorer les problèmes de coordination entre l’ambulatoire et l’hospitalier. » Muriel Fiol-Anguenot : « Nous sommes conscients du problème, mais sommes opposés à toute forme de coercition vis-à-vis des médecins, c’est à eux de Jean Leonetti : « Concernant la convergence, je réponds: même droit, même devoir ; si un établissement ne reçoit qu’un type de pathologie, à un horaire précis etc., alors non, pas les mêmes devoirs, donc pas les mêmes droits. Plutôt qu’évoquer la libéralisation des équipements (IRM), je préfère qu’on travaille sur la qualité ; lorsque dans certains établissements, % des IRM sont normaux, on peut se poser la question : pourquoi continue-t-on à faire des IRM ? Sur la TA, on est tous d’accord, mais rappelonsnous quand même que la dotation globale était un budget très contraint qui obligeait les hôpitaux à avoir des rémunérations supplémentaires. Oui enfin au secteur , qui est selon nous, doublement utile : pour corriger des rémunérations inadaptées à al situation, et ensuite parce qu’existe un libre choix entre un médecin et un malade, dans un colloque singulier, et on peut trouver la juste rémunération, avec tact et mesure.» Jean-Jacques Domerego : «Je réponds oui à toutes les demandes formulées, après bien sûr des négociations avec les professionnels de santé concernés. La relation médecin patient doit être préservée, sinon on impose le tiers payant, si on impose des fonctionnaires, une médecine publique, je ne pense pas que les médecins seraient plus heureux dans l’exercice de leur profession. » s’organiser. Il y a des droits et des devoirs, faisons leur confiance. » Jean Leonetti : « Nous souhaitons définir une politique de santé de territoire. Il faut que l’on sache s’organiser dans les trois niveaux de recours, le premier recours (le médecin généraliste, ndlr), le second recours, hospitalier, public ou privé et le e avec les hôpitaux de référence, les CHU etc. Et trouver des passerelles entre l’un et l’autre. C’est beaucoup moins cher, et on revalorisera l’ensemble de la profession médicale, libérale et hospitalière. »