Orquera : « Je prends toujours du plaisir » CV express
L’ex-international italien n’a pas perdu la passion malgré ses 35 ans. Il entend mener le Stade Niçois jusqu’en Fédérale 1.
Luciano Orquera cultive la sobriété et la zen attitude. Serein sur le pré, l’ex-international italien l’est tout autant à l’heure d’évoquer le barrage de Fédérale contre Bédarrides, dont l’acte I se joue demain aux Arboras. A ans, il faut bien plus qu’un match qui sent le soufre pour faire trembler le demi d’ouverture. La voix posée, réfléchi, celui qui a découvert le Stade Niçois cette saison s’est confié plus d’une heure au siège de NiceMatin. Ses débuts, sa fin de carrière, sa passion pour le rugby, autant de sujets balayés par l’ancien Briviste.
Luciano, votre histoire d’amour avec le rugby débute en Argentine. Racontez-nous…
Je suis né à Cordoba où je pratiquais foot et rugby. Et puis le choix entre les deux s’est fait à l’amitié. Mes amis jouaient au rugby. L’état d’esprit était différent, nous étions ensemble, un groupe. Je joue au rugby depuis plus de ans. J’ai donc une grande famille et si j’ai besoin de quelque chose, quelqu’un sera là pour moi.
Comment atterrissez-vous en Italie ?
J’ai eu mon bac et je travaillais dans une agence de pub en Argentine. A ans, un ami qui entraînait à Padoue m’a proposé d’aller en Italie avec lui. Je n’ai pas hésité. C’était une expérience à tenter. Je croyais partir pour un an avant de rentrer en Argentine. J’ai d’abord joué à Mirano, un club satellite de Padoue en Serie C, puis à Padoue en Serie B. Mon poste ? Jouer n° s’est fait naturellement. C’est mon premier entraîneur qui m’a mis là. Avec mon physique (,m, kg), je n’allais pas jouer e ligne...
Qu’avez-vous gardé de l’Argentine ?
L’asado et le maté (rire). J’aime bien faire des barbecues. Autrement, mes parents vivent toujours à Cordoba.
Quel bilan tirez-vous de la phase régulière qui vient de s’achever ?
Je suis arrivé cette année, comme d’autres joueurs. Au début, ce n’était pas facile, il a fallu du temps pour que ça marche. Aujourd’hui, on maîtrise davantage le jeu que l’entraîneur nous demande. On doit encore améliorer notre cohésion, notre défense et être bien concentré dans les phases de conquête. Pour réaliser des matches de très haut niveau en Fédérale , il ne faut pas pécher dans l’indiscipline. Les arbitres sifflent beaucoup de pénalités.
Est-ce une folie d’imaginer Nice de retour en Fédérale ?
On a les moyens pour monter. On a joué pratiquement toutes les équipes et aucune n’est imbattable. Il faut juste y croire et être fort mentalement. J’aimerais déjà faire remonter le club en Fédérale , parce qu’il y a tout pour qu’il joue au minimum en Pro D. Les infrastructures sont incroyables.
Vous retrouvez Bédarrides, après deux bagarres lors de la saison régulière. Il faudra faire preuve d’intelligence…
De toute ma vie, je n’avais jamais vu des bagarres générales comme celles-là. Se battre, c’est un peu la culture du rugby français en Fédérale et , mais il ne faudra par entrer dans leur jeu, celui de la provocation. On essaie d’éviter toute bagarre, je donne des conseils à ce sujet et sur la stratégie, le coach le répète aussi, mais parfois c’est incontrôlable. Si quelqu’un vient te donner un coup de poing dans la gueule, tu te dois de répondre.
Avant un retour aux allures de traquenard, il serait bon de faire la différence dès le match aller…
Ce serait mieux. Maintenant, si on a vraiment l’effectif et l’ambition de monter, on doit gagner les deux matches. Bédarrides ne doit être qu’une petite étape.
Quand on a connu le haut niveau, est-il difficile d’évoluer en Fédérale ?
C’est un autre rugby. En F, l’avantage, c’est que tu peux vite savoir où se trouvent les failles de l’adversaire. Si tu tiens le ballon sur cinq ou six temps de jeu, tu es sûr de trouver une ouverture. Au haut niveau, tu peux faire dix ou quinze temps de jeu parfois sans trouver d’espaces.
Vous avez affronté les Bleus, l’Australie, pour évoluer ensuite en F, il faut être passionné…
Je prends toujours du plaisir, même en F. Je mets les crampons et je vais à l’entraînement sans que ce soit une souffrance. J’essaie de profiter et de transmettre tout ce que j’ai appris. J’ai préféré signer en F plutôt qu’en F dans un club qui prend pts chaque week-end. Je n’ai pas pensé à l’argent.
Etes-vous une cible pour vos adversaires ?
Je ne sais pas s’ils me connaissent tous. Parfois j’ai droit à quelques provocations, on me cherche, mais je n’ai jamais senti être ciblé en F. Dans des matches de haut niveau, oui. Des mecs viennent te chercher pendant minutes.
Vous est-il déjà arrivé d’avoir peur sur un terrain ?
Non, tu ne réfléchis pas à ça. C’est un jeu de combat, tu es prêt à prendre des coups et être plaqué.
A ans, vous songez forcément à votre reconversion…
Je suis plus près de la fin oui (rire). Pendant quinze ans j’ai beaucoup bougé d’une ville à l’autre. Maintenant, je veux être tranquille, j’ai une famille et je veux m’installer dans la région. Je n’ai pas envie d’une carrière d’entraîneur. J’ai peut-être un projet de travail avec la Fédération monégasque. Ce serait l’idéal.
Quel est le meilleur joueur avec lequel vous avez joué ?
Parise est très fort. Ses qualités peuvent lui permettre de jouer à n’importe quel poste.
A-t-on raison de critiquer la sélection italienne ?
L’Italie paie un changement de génération. Il est donc normal de souffrir deux-trois ans. L’équipe de ✓ Né le 12 octobre 1981 à Cordoba (Argentine) ✓ 1,71 m, 80 kg, demi d’ouverture ✓ Carrière : Mirano (2001-05), Padoue (2005), Auch (2005-06, Pro D2), Brive (2006-11, Top 14), Aironi (2011-12, Italie), Zebre (2012-15, Italie), Massy (F1, 201516), Nice (F2, depuis 2016). ✓ 48 sélections avec l’Italie (2004-15) dont le Mondial 2011 ✓ Sans contrat pro depuis son départ de Massy en 2015, Luciano travaille dans une agence immobilière à Juan-les-Pins. ✓ Marié avec Alejandra, une Argentine rencontrée à Brive. Papa d’Olivia et Tobias, 4 et 1 ans.
France a souffert aussi ces trois dernières années. Elle n’a pas encore trouvé l’équipe type mais elle avance. Je pense qu’elle sera très bonne au prochain Six Nations. En Italie, des jeunes émergent, comme Canna, Sarto ou Campanaro. Je pense qu’O’Shea (le sélectionneur, ndlr) a besoin de temps. Il peut être l’homme de la situation.
Les troisièmes mi-temps ont-elles disparu comme on l’entend ?
Je n’y crois pas. Elles existent toujours. Dès que tu fais un bon match, même au haut niveau, tu sors, bois dans les bars et fais la fête.
Suivez-vous le Top ?
Oui et j’espère que La Rochelle sera champion. J’aime bien les exploits de petites équipes.