La location . redéfinit la conciergerie à Cannes
La conciergerie classique et la gestion locative sont en pleine mutation grâce aux sites de location de courte durée. À Cannes, plusieurs sociétés se sont emparées du marché
Le site Internet Airbnb, implanté depuis 2011 en France, a donné naissance à un nouveau genre de conciergeries dites « bnb ». À Cannes, pas moins de 300 annonces de location d’appartements sont visibles sur le site Airbnb, soit autant qu’à Paris, et plus de 400 sur Booking.com durant le festival, soit deux fois plus qu’à Nice, entre le 17 et le 28 mai 2017. Loin des attributions des conciergeries de luxe offrant des services de yachting, de chauffeurs privés, de réservation de dîners et de spectacles, de soins, de coaching ; ces conciergeries 2.0 proposent aux hôtes de faire le ménage, de gérer l’accueil et le départ des locataires.
Boom numérique
À Cannes, plusieurs sociétés proposent ces services liés à la location d’appartements via les sites de location en ligne. Bnbsitter, implanté dans quatre pays, a investi Cannes dès l’été 2015. La plate-forme met en relation les propriétaires et des « sitters », prestataires de services. La formule d’Eric La Sosra et Julien Bridoux, associés de Bnbgroomservices, qui assurent eux-mêmes le check in et check out dans la région de Nice et Cannes, est différente : « Nous sommes l’interface entre les locataires et les propriétaires, on vend de la confiance. On gère une quarantaine de biens entre Cannes et Antibes ». Eric La Sorsa a lancé son activité en mars 2014, lorsque l’un ses collègues lui a demandé de gérer la location d’un studio à Nice. Hôtes délocalisés
Aujourd’hui, le directeur de Bnbgroomservices constate que « beaucoup de clients sont des parisiens originaires de la Côte d’Azur, 90 % d’entre eux n’habitent pas la région ». Les propriétaires de résidences secondaires souhaitent rentabiliser leurs biens mais faute d’être sur place, ils ont besoin de quelqu’un pour gérer la remise des clés et le ménage. Sans ces sociétés, ils ne peuvent pas louer pas leurs appartements. C’est le cas, d’Alain Ktorza, propriétaire d’une résidence secondaire sur la Côte d’Azur et client de Bnbgroomservices depuis trois ans : « Je n’aurais pas loué mon appartement si il n’y avait pas ce service car c’est trop compliqué en terme logistique. J’ai déjà eu recours à des agences immobilières mais elles n’ont pas une culture client suffisante. Je peux récupérer 2 000 euros par an sans me prendre la tête, ça me permet de payer 1/4 de mes charges annuelles. » Une demande qui suscite des vocations parmi les conciergeries classiques comme celle de Monsieur Xavier qui envisage d’ajouter cette corde son arc : « Une dame m’a demandé si je gérais les locations Airbnb, il faudrait que je l’ajoute à la liste de mes activités ». Cependant Sarah Roy, chargée de communication d’Airbnb, atteste que le recours à un service professionnel est « un choix personnel pour chaque hôte » sur lequel la plateforme n’a pas de prise. Les hôtes habitant les environs sont en effet une clientèle potentielle moins captive puisqu’ils peuvent, comme Sabine, hôte Airbnb, s’occuper eux-mêmes de la logistique à défaut de trouver quelqu’un qui « puisse s’occuper des check in/out du ménage et du linge à un prix correct ».
Vers une gestion de Aà Z
Bnbsitter et Bnbgroomservices sont en transition, ils proposent désormais un nouveau service qui concurrence les agences immobilières et la société Cannes Bnb cofondée par Julien Tabore : la gestion locative. C’est-à-dire la « gestion de Aà Z de l’annonce » : mise en ligne, prise de photos, gestion des réservations, la remise des clés et le ménage. Une prestation facturée entre 15 % et 20 % par la société de Julien Tabore qui insiste sur les assurances et garanties légales offertes par son statut d’agence immobilière. Le service supplémentaire coûte désormais aux clients 7 % du montant du loyer chez bnbgroomservices et 15 % chez bnbsitter. De quoi alourdir un peu plus la facture.