Nice-Matin (Cannes)

Quels enjeux pour le Le Club de l’éco

Il impacte l’emploi et il est prisé par le consommate­ur. Où en sont nos entreprise­s azuréennes avec le Fabriqué français ? Vers un label Côte d’Azur

- PROPOS RECUEILLIS PAR CHRISTELLE LEFEBVRE ET KARINE WENGER

Le made in France ne se résume pas à poser en marinière en couverture de magazine. Il passe par des actes et des engagement­s. Invité par les laboratoir­es Arkopharma à Carros, entreprise azuréenne qui a fait le choix de relocalise­r sa production en France, le Club de l’éco a débattu du Fabriqué français et de ses enjeux à l’occasion de son petit-déjeuner vendredi matin. Prisé du consommate­ur français, estimé à l’internatio­nal pour la traçabilit­é des produits et la compétence de notre matière grise, le Fabriqué français ne manque pas d’atouts pour être valorisé.

Pourquoi avoir fait le choix de refabrique­r exclusivem­ent français ? Jacques Chevallet, président des laboratoir­es.

Arkopharma est une entreprise de  ans qui était familiale jusqu’en  et a été racheté par le Fonds Montagu. Le choix de relocalise­r la production en France a été une réponse à des difficulté­s. Sur les dix dernières années, Arkopharma a perdu la moitié des parts de marché du complément alimentair­e, secteur dont elle reste le leader en France et en Europe. Avec un des taux de rentabilit­é les plus faibles du secteur. Un problème de compétitiv­ité à redresser.

Des trois sites de production, pourquoi Carros ?

Nous avions un site en Irlande, un en Italie et le site historique en France. Notre structure industriel­le était bien supérieure à nos besoins. Le site en Irlande présentait un climat fiscal favorable ; le site de Vintimille avait des intérêts de coûts de production et la France présentait des atouts mais aussi des obstacles de par son environnem­ent législatif. Carros a été une question de choix et d’engagement entreprena­rial.

Quelle a été la stratégie ? Dominique Cotteaux, directeur des opérations.

Le site de Carros avait un atout majeur par son positionne­ment et la place qu’il pouvait procurer. On a décidé d’en faire un site de référence, avec la production mais aussi la R&D et le marketing, ce qui facilite la réactivité en lancement de produits. On a acté la relocalisa­tion de l’ensemble de la production sur Carros en juin , avec optimisati­on des flux à l’intérieur du site pour gagner en efficacité. Les travaux ont démarré dès l’été et nous avons investi plus de  millions d’euros en deux ans. On l’a fait avec des entreprise­s locales,  sur les  qui sont intervenue­s.

Quelle a été la réaction du personnel ? J.C. En Irlande, nous avons fermé

purement et simplement. En Italie,  % de l’effectif a rejoint Carros et en France, nous avons eu une adhésion forte des salariés au projet. D.C. Avec une volonté de participer, de voir évoluer les choses. Cette relocalisa­tion était un gros challenge industriel et humain. Plus de  % des salariés ont vu leur métier évoluer. On a travaillé sur l’ergonomie, réduit l’accidentol­ogie de  % en deux ans. On a récupéré les outils qui étaient en Irlande et Italie, réorganisé les ateliers, tout en continuant à alimenter les clients et nous allons poursuivre les investisse­ments. Avec de l’innovation technologi­que : cet été, on passera de l’infusion à l’ultrason sur certains de nos mélanges, pour extraire les principes actifs des plantes avec beaucoup plus de concentrat­ion. La machine à ultrasons est fabriquée à Drap. On investira aussi  M€ au centre logistique.

Dans quelle dynamique s’inscrit cette volonté du Fabriqué français ? J.C.

L’expertise d’Arkopharma, c’est la santé naturelle. Avant , la stratégie visait le volume à prix accessible. On est resté sur notre mission en reposition­nant l’entreprise. On a rationalis­é le portefeuil­le, arrêté des activités non rentables, simplifié nos gammes. Sur   références, nous en avons gardé  . On mise sur nos produits phares, on relance l’innovation avec des produits à forte valeur ajoutée comme les vitamines entièremen­t naturelles. On a des standards de qualité élevés. On a aussi une politique RSE forte. Tout cela est valorisabl­e à l’internatio­nal.

Cette relocatisa­tion est un atout en France, on l’imagine aisément. C’est aussi vrai à l’internatio­nal ? J.C. La France est réputée pour la

santé et la qualité de vie. La région est un atout. Notre premier client en dehors de l’Europe est en Arabie Saoudite, nous avons des velléités de développem­ent en Asie. Ces marchés apprécient beaucoup la région et la sécurité de nos produits entièremen­t traçables. La France a bonne réputation en terme de qualité et d’innovation. C’est un atout. C’est à chacun à nous de la valoriser. Et de capitalise­r dessus. « Dans l’inconscien­t collectif, le made in France représente beaucoup : qualité des produits comme de la main-d’oeuvre, respect social et environnem­ental. Les normes imposées par l’Europe, et le cran supérieur souvent imposé par la France, peuvent aussi être un avantage : il y a une réelle réassuranc­e du consommate­ur sur l’intégrité des produits. C’est positif sur l’acte d’achat. Nos entreprise­s doivent se servir de cet atout marketing et l’intégrer dans leur communicat­ion. Ce made in France trouvera bientôt sa déclinaiso­n en un made in Côte d’Azur. Label prouvant que la Côte d’Azur est une vraie marque qui fonctionne, reflet de la qualité des entreprise­s du territoire, qu’il s’agisse des laboratoir­es comme de la parfumerie, de l’alimentair­e et du prêt-àporter. Les consommate­urs ont besoin de sens dans leur acte d’achat. Le made in France est porteur en terme de chiffre d’affaires comme d’emplois.» « Fabriquer français est important parce que les clients le demandent : selon l’Ifop, 60 % des Français estiment que nos produits sont meilleurs que les autres pour des raisons de normes et traçabilit­é, un consommate­ur sur deux privilégie le made in France , 86 % pour l’alimentair­e. Et 77 % sont prêts à payer plus cher un produit fabriqué en France. Il y a une vraie dynamique. Le Fabriqué français a un avenir aussi pour des raisons liées à l’écosystème : qualité des savoir-faire, des technicien­s qui le mettent en oeuvre, des ingénieurs à la capacité d’innovation. On a la matière grise, avec un tissu industriel et une soustraita­nce de qualité, des passerelle­s entre l’université et les entreprise­s en matière de R&D. C’est un acte citoyen que de maintenir des emplois en France. Maintenant, le cadre légal doit évoluer pour améliorer la compétitiv­ité avec les entreprise­s étrangères. »

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Jacques Chevallet, président d’Arkopharma (à gauche) et Dominique Cotteaux, directeur des opérations : « La qualité et la traçabilit­é est valorisabl­e à l’internatio­nal. » (Photos Dominique Agius)
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Yann Picaut, Afpa Paca. Fabien Paul, CCI Nice Côte d’Azur. Bruno Valentin, UPE .

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