Au pied du mur
Ce soir, en Allemagne, les Monégasques vont devoir résister aux assauts du Borussia dans une ambiance volcanique
Il y a des soirs comme celui-là, où le temps s’arrête. S’ouvre alors une ellipse temporelle où le championnat laisse place. La finale de Coupe de la Ligue perdue contre le PSG ? Oubliée. La demi-finale de Coupe de France face à Paris dans 15 jours ? Elle n’existe pas. Ce soir, c’est plateau télé et Ligue des Champions. Point. Les Monégasques affrontent les Allemands de Dortmund en quart de finale. Et ça promet un énorme feu d’artifice. Depuis qu’ils ont renversé Manchester City au tour précédent, les joueurs de la Principauté traînent dans leur sillage une France du foot sous le charme. Après avoir battu difficilement Angers samedi après-midi en championnat, les Bakayoko, Mendy et Germain ont été raccompagnés jusqu’à leur bus par des encouragements. « On est derrière vous maintenant ! Bonne chance pour mardi », lançaient quelques supporters angevins. Il y a deux ans, Monaco était tombé à ce stade de la compétition. Pas sur plus fort, non. Mais sur plus expérimenté. La Juventus s’était qualifiée difficilement en demi-finale à l’issue d’une double confrontation étouffante où l’arbitre et la roublardise italienne s’étaient entremêlées. Un goût amer était resté en bouche. Fabinho, Subasic, Dirar, Bernardo Silva, Raggi, Germain ou encore Moutinho étaient déjà là. La rencontre avait été cadenassée. Les espaces ? Inexistants. Mais ce soir, tout semble différent, et on a cette intime conviction que ce Monaco-là peut filer en demie. Et ce serait une première pour un club français depuis l’Olympique Lyonnais en 2010. Cette fois, les joueurs de l’ASM vont se frotter à un adversaire qui lui ressemble. Une équipe allemande jeune et joueuse, qui aime gagner avec panache. Elle sera certes privée de Götze et Schürrle, mais pourrait compter sur les retours de Kagawa, Weigl et Reus. Surtout, pour ce premier round, le Borussia pourra s’appuyer sur le soutien de plus de 65 000 fans (la configuration Ligue des Champions ne permettant pas d’atteindre les 81 000). Comme Pep Guardiola en huitième, Thomas Tuchel le coach de Dortmund a décortiqué parfaitement cette équipe de Monaco et ne souhaite pas prôner la retenue. « Je vais demander à mes joueurs d’être courageux. Il faudra marquer le plus de buts de possible. On joue le premier match à la maison, il faudra donc attaquer, même pour défendre nous allons attaquer. Nous allons aborder ce match d’une manière très offensive » a-t-il annoncé. « Monaco et Dortmund se ressemblent beaucoup », avouait de son côté Raphaël Guerreiro, l’ex-Lorientais aujourd’hui au BVB. Monaco est-il prêt à prendre cette marée jaune en pleine face ? Car il y a beau avoir un match retour, ce soir, il y a du KO dans l’air. Il faudra d’ailleurs mettre plus d’application défensive qu’à City, et faire preuve de réalisme pour frapper un grand coup. Mais par pitié ne pas jouer contre nature. Pas comme à Paris, pas comme à Angers, pas en marchant. « Nous n’allons pas changer notre ADN », a rassuré Jardim. « On apprend de nos erreurs, a rajouté Fabinho. On a beaucoup parlé entre nous après le match de City et de ce qui ne s’était pas bien passé. Vous savez, même si nous sommes jeunes, on apprend vite ! C’est la force de cette équipe.» Privé de Bakayoko suspendu, et Sidibé hospitalisé lundi pour une crise d’appendicite, Jardim devrait aligner Moutinho et Almamy Touré. Le tout, en modifiant un poil son plan de bataille habituel. Germain, qui a enchaîné les matches sera bien sur le banc. Quant à Falcao, il devrait avoir plus de liberté devant, après avoir disputé 80 minutes à Angers et donné la victoire. En effet, il se peut qu’Mbappé, qui n’a plus joué une minute depuis la finale de la Coupe de la Ligue, évolue dans un autre registre. L’international français pourrait débuter dans le couloir droit, permettant alors à Silva de jouer en soutien de Falcao dans un 4-2-3-1 peu utilisé jusque-là. En renforçant son milieu de terrain, Leonardo Jardim espère contrer le dispositif allemand. Il lui serait facile ensuite de repasser en 4-4-2 si le besoin s’en faisait sentir. A l’heure de disputer le 52e match d’une saison à rallonge, l’état de fraîcheur des troupes pose également question. « C’est clair que ce n’est pas simple de jouer tous les trois jours, toutes les compétitions avec la même intensité », avouait le coach portugais. Heureusement, la petite musique européenne est un superbe produit dopant.
Ne pas changer notre ADN ”