Estrosi demande l’exclusion de ceux qui n’appellent pas à voter contre Le Pen
Dans une lettre ouverte le président de la Région Paca appelle à un positionnement clair des Républicains contre le Front national. En retour, c’est sa “proximité” avec Macron qui lui est reprochée
J’ai besoin d’y voir clair ! Je veux savoir », martèle Christian Estrosi. Et pour cela, le président de la Région Paca vient d’adresser « une lettre ouverte à Laurent Wauquiez, François Baroin et Christian Jacob. » En tant que nouveaux dirigeants des Républicains, après l’abdication de François Fillon au lendemain de ce premier tour perdu de la présidentielle, « ils ont annoncé qu’ils pourraient prononcer des exclusions contre ceux qui se rapprocheraient trop de Macron. Je leur demande, explique Christian Estrosi, d’exclure également ceux qui refuseraient d’appeler à voter contre Marine Le Pen. » Clairement visés par cette demande de sanctions les ténors du Parti chrétien démocrate, sa fondatrice Christine Boutin ou encore son président Jean-Frédéric Poisson, mais également « des gens de Sens commun ». Autant de formations qui font partie de la famille des Républicains mais qui ont adopté une position ambiguë vis-à-vis du Front national au lendemain du premier tour. Pour Christian Estrosi il faut donc les sanctionner.
« Western local »
Est-ce le cas d’un Lionnel Luca, le député-maire de Villeneuve-Loubet, qui estime « suicidaire » d’appeler à voter Macron au second tour ? Ou encore d’Eric Ciotti, le président de l’assemblée départementale des Alpes-Maritimes, qui s’est refusé au lendemain de ce premier tour « d’entrer dans des combinaisons partisanes » en donnant une quelconque consigne de vote ? Cette fois Christian Estrosi refuse d’alimenter un peu plus le feu qui couve entre les ténors de la droite azuréenne : « Au terme d’un bureau politique, la position des Républicains a été arrêtée même s’il n’y a pas eu de vote. Elle est d’appeler à faire barrage contre le Front national. Désormais, il appartient aux instances du parti de sanctionner ceux qui ne la respecteraient pas. » Christian Estrosi demande donc officiellement leur exclusion. Eric Ciotti, lui, se refuse à tout commentaire. « Pas question d’alimenter le western local », souffle un de ses proches qui souligne toutefois que la lettre ouverte du président de la métropole niçoise intervient étrangement après une réunion de groupe à l’Assemblée au cours de laquelle plusieurs députés auraient pointé du doigt certains rapprochements jugés contre-nature. Ceux d’un Bruno Le Maire ou d’un... Christian Estrosi accusés d’être prêts à franchir le Rubicon pour un poste ministériel dans le futur gouvernement Macron. L’intéressé s’en est défendu (nos éditions d’hier) et assure n’être guidé que par l’intérêt de sa propre famille politique : « il en va de la ligne politique de notre parti. Si on laissait s’installer cette porosité par rapport à la ligne fixée en 1998 par Jacques Chirac vis-à-vis du Front national, on signe la mort de notre formation », prévient Christian Estrosi. Mais ses détracteurs font remarquer que les Républicains ont déjà pris position en appelant à ne pas voter Marine Le Pen et appelant aussi à ne pas s’abstenir. « Cela ne veut pas forcément dire qu’il faut voter Macron. Il reste le vote blanc », fait remarquer un élu Les Républicains. Sauf que cela pourrait ne pas suffire à faire barrage à un Front national qui n’a jamais été aussi proche du pouvoir. C’est manifestement l’avis d’Alain Juppé qui hier soir twittait : «Assez de finasserie! Pour battre MLP, il n’y a qu’une solution : voter Macron.»