FOOTBALL Le plus fou des Nice - PSG
Le samedi 22 juillet 1989, pour l’ouverture du championnat, le Gym de Bocandé, Langers et Ricort reçoit le Paris de Susic, Vujovic et Calderon, vice-champion de France en titre. Un match bouillant
Le plus grisant des Nice - Paris est sans doute celui du er décembre où Valentin Eysseric donnait la victoire au Gym en toute fin de match face au PSG d’Ancelotti et Ibrahimovic (-). Le plus spectaculaire sûrement celui où Tony Kurbos, le octobre , marquait ce fabuleux ciseau retourné suite à une aile de pigeon de Marko Elsner pour un succès -. Mais la plus dingue des confrontations qui s’est jouée sur la Côte d’Azur entre les deux clubs reste, pour nous, cette première journée de Division de la saison -. Ce samedi juillet , le stade du Ray a pris feu dans un match au scénario incroyable avec buts, des Niçois euphoriques, des rebondissements en pagaille, des penaltys, un arbitrage controversé, des expulsions, un président qui demande à ses joueurs de quitter le terrain... « Un nul houleux » avait titré Nice-Matin à sa Une à l’époque. Mais aussi un match de folie. Récit.
Au sortir d’une saison 19881989 aboutie sportivement (6e du championnat), le Gym vit un été compliqué. Il perd Daniel Bravo, Jean-Pierre Bosser, Thierry Oleksiak et son entraîneur et ex-attaquant emblématique Nenad Bjekovic (remplacé par Pierre Alonzo avec Jean-Noël Huck comme adjoint). Des difficultés financières se font jour également. Seule recrue, l’attaquant luxembourgeois Robby Langers, qui vient de faire une saison fantastique (33 buts en 40 matchs) et un étonnant parcours en Coupe de France avec Orléans (D2). C’est dans ce contexte que Nice aborde sa saison face à Paris, vice-champion de France en titre. « On avait vécu une intersaison très agitée, on annonçait un gros déficit, rembobine Roger Ricort, l’élégant milieu de terrain de l’époque. Mais l’équipe avant quand même de la gueule : Bocandé, Langers, Djelmas, Jean-Philippe Rohr, Guérit, Elsner... On pouvait taper n’importe qui. » La preuve pour ce premier
match de la saison où le Ray avait fait le plein dans cette chaude soirée d’été : surpris d’entrée par un but de l’international argentin Gaby Calderon, le Gym réagit très vite et mène 2-1 à la pause grâce au premier but en rouge et noir de Langers et une réalisation superbe de Ricort en pleine lucarne. « Le seul but du pied droit de ma carrière. Une frappe des 18 mètres. Soit elle allait au fond, soit je cassais la vitre du bus derrière les tribunes, se marre l’intéressé. Après l’ouverture du score de Paris, on avait su emballer la rencontre. »
Piveteau pète un plomb
Au retour des vestiaires, le Gym revient fort et prend deux buts d’avance grâce à une tête de Bocandé sur un long centre de Jean-Philippe Mattio (3-1, 48’). Et puis, tout s’enraye. Dans la foulée, Zlatko Vujovic, au duel avec Bonnevay, joue bien le coup dans la surface et s’écroule. M. Hirtz, l’arbitre, indique le point de penalty. Calderon transforme (3-2, 49’). Quelques minutes plus tard, re-penalty pour Paris pour une intervention de Mazzuchetti sur Susic. Une sanction « sévère », relate Jean Chaussier dans NiceMatin à l’époque. Ça bouillonne sur le terrain, les tribunes grondent... Mais Calderon trouve la transversale ! Et puis arrive cette fameuse 65e minute. Paris obtient un coup-franc à 40 mètres. Jeannol frappe directement et marque. Piveteau, le gardien niçois, qui a cru voir l’arbitre lever la main pour signifier un coup-franc indirect, n’esquisse pas le moindre geste. M. Hirtz accorde le but. « A ce moment-là, Piveteau disjoncte. Il est sûr d’avoir vu l’arbitre lever le bras. Nous, on n’en est pas sûrs mais avec tous les événements, on a l’impression de se faire voler », explique Mattio. Le gardien du Gym va trop loin. Il bouscule l’arbitre et est expulsé (il prendra 7 matchs de suspension). «On a perdu nos nerfs. L’ambiance était électrique », reconnaît Ricort. Mario Innocentini, le président niçois, sort lui aussi de ses gonds. « Mario voulait qu’on sorte du terrain. On l’a fait mais on est resté devant le tunnel. Finalement, on est revenu », se rappelle Mattio.
Mattio dans les buts
Après un quart d’heure d’interruption, Nice doit terminer les 25 dernières minutes à dix, sans gardien. Et c’est Mattio qui enfile les gants ! « A la base, c’est Eric Guérit qui devait aller dans les cages. Mais on s’est dit qu’on avait plus besoin de son activité au milieu. Je m’y suis donc collé. » Un souvenir marquant pour l’actuel recruteur de l’OGC Nice. « Chaque fois que les adversaires s’approchaient, j’avais l’impression que les buts s’agrandissaient. Je priais pour que les Parisiens ne frappent pas au but. Finalement, je n’ai eu qu’une sortie aérienne à effectuer. Les gars ont bien fait le boulot devant moi. » Plus rien n’est finalement marqué dans ce match malgré quelques situations chaudes devant la cage de Bats et une faute de Bonnevay sur Perez en pleine surface que ne sanctionne pas M. Hirtz. La partie se termine dans la confusion avec l’exclusion de Sandjak pour une agression sur Kurbos et une bronca du Ray pour le trio arbitral. « Ce nul représente un succès pour l’OGC Nice », déclarait à la fin de la partie Mario Innocentini, qui, fier de ses joueurs, leur offrait la prime de victoire. Cette saison-là, le PSG terminera 5e et Nice, 18e, se maintiendra dans l’élite grâce à ce fantastique barrage retour contre Strasbourg (6-0). Un match, celui-là, que personne n’a oublié ! A Nice, stade du Ray, Nice et Paris SG 3 à 3 (2-1). Spectateurs : 13 132. Arbitre : M. Hirtz. Buts : Langers (9’), Ricort (41’), Bocandé (48’) pour Nice ; Calderon (2’, 49’ sp), Jeannol (65’) pour Paris. Avertissements : Ricort (26’), Piveteau (28’) à Nice ; Tanasi (22’), Jeannol (54’), Perez (88’), Sandjak (90’) à Paris. Expulsions : Piveteau (66’) à Nice ; Sandjak (90’) à Paris. Nice :