Nice-Matin (Cannes)

Agnès Jaoui, toujours solaire...

- PH. D. C.C

De Blandine Lenoir (France). Avec Agnès Jaoui, Thibault de Montalembe­rt, Pascale Arbillot. Durée :  h . Genre : comédie. Notre avis : ★★★

Avant de faire faire partie du jury de Cannes 2017 (voir par ailleurs), Agnès Jaoui campe dans le nouveau film de Blandine Lenoir, Aurore, une quinquagén­aire soixante-huitarde, que la perspectiv­e de devenir grand mère n’enchante guère. D’autant qu’elle vient de perdre son boulot de serveuse et que les bouffées de chaleur de la ménopause ne lui laissent aucun répit. Mais comme elle n’est pas du genre à se plaindre, ni à baisser les bras, Aurore va repartir au combat et trouver le réconfort dans les bras d’un ancien amour de jeunesse. « J’aimerais bien avoir son tempéramen­t et son optimisme ! », nous confiait l’actrice aux Rencontres d’Avignon, où le film était présenté en avant-première. Plus solaire que jamais, Agnès Jaoui incarne pourtant cette Aurore avec beaucoup d’allant. Le côté militant du film a évidemment titillé sa fibre féministe. « C’est important de montrer qu’une femme de 50 ans n’est pas forcément Notre avis : bonne pour la casse, plaide-telle. Il y a au cinéma une acceptatio­n sournoise de l’inégalité homme-femme sur la question de l’âge. Pour jouer une femme de 40 ans, on va prendre une trentenair­e. Et si la vedette masculine a soixante ans, sa femme aura trente ans de moins. Je trouve ça injuste et très irritant ». Très peu de films, en effet, passent le test de Bechdel qui est pourtant simple : il faut qu’il y ait au moins deux personnage­s féminins identifiés et une scène où elles ne parlent pas De James Gunn (USA). Avec Chris Pratt, Zoe Saldana, Dave Bautista. Durée :  h . Genre : science-fiction. À peine viennent-ils de libérer la soeur de Gamora (Zoe Saldana) des griffes d’une dangereuse prêtresse, les gardiens découvrent les mystères de la filiation de Peter Quill / Star Lord (Chris Pratt)… d’un homme ! « Si je regarde ma filmograph­ie, je ne suis pas sûr d’en trouver un, poursuit Agnès. Les amitiés féminines sont rarement racontées dans les films alors qu’elles sont au moins aussi importante­s que les amitiés masculines qui sont le sujet de centaines de films, poursuit-elle. C’est, entre autres, ce que montre le film de Blandine et c’est pour cela que j’ai eu à coeur de le faire. » Elle a fort bien fait car, même si cette comédie n’est pas sans défauts (manque bande-son tonitruant­e, puisée sur une compil’ des années -, permettaie­nt à la franchise de partir sur d’excellente­s bases. Logiquemen­t – trop peut-être – ces ingrédient­s sont de retour et si le feu d’artifice coloré imaginé par James Gunn demeure plaisant, il reste en retrait par rapport à son aîné. Blockbuste­r tout public par excellence, ces Gardiens semblent moins pêchus que par le passé. Alors, entre deux bastons spatiales façons jeu vidéo (les vaisseaux se pilotent via des joysticks, Pacman apparaît d’on ne sait où, Drax se prend d’emblée pour Kratos de God of War…), les vannes fusent… et fonctionne­nt plus ou moins bien. La succession de gimmicks et autres privates-jokes tourne souvent au fan service qui fera trouver le temps long aux néophytes Marvel. Mieux vaut donc être familier avec l’univers de Stan Lee voire à la culture pop façon K  pour profiter pleinement de cet opus. Ce déséquilib­re pourrait passer inaperçu si le scénario de rythme notamment), le rôle lui va comme un gant. Et elle trouve dans ses partenaire­s, dont l’épatante Pascale Arbillot, un support efficace. La scène dans laquelle cette dernière déclenche une scène de ménage dans la rue, en se faisant passer pour la maîtresse d’un inconnu devant sa femme, restera dans les annales. Pourvu qu’elle ne donne pas des idées aux spectatric­es ! Tendre et drôle, Aurore, illuminera votre journée. s‘appuyait sur un enjeu fort et des relations complexes entre les personnage­s, dispatchés en petits groupes pendant la majeure partie de l’aventure. Ce qui n’est pas le cas. Ce côté choral nuit à la bande à Rocket Raccoon et à son craquant Groot Jr… L’arc dramatique du leader Star Lord – Chris Pratt, excellent, tout en désinvoltu­re – se résumant à sa relation amoureuse avec Gamora et à ses retrouvail­les avec son père biologique (Star Wars, again), moins joviales qu’espérées. Heureuseme­nt celui-ci est campé par l’ancien Starman Kurt Russell, en forme et à l’Ego (tel est son nom) surdimensi­onné. Petite réjouissan­ce accompagné­e de quelques fulgurance­s (le plan séquence d’ouverture), au coeur de ce pur divertisse­ment aussi pétaradant que bavard, fluo que kitch, creux que sympathiqu­e. Le reflet, la nostalgie des eighties… visiblemen­t. Auteure reconnue, Deborah Lipstadt (Rachel Weisz) défend faroucheme­nt la mémoire de l’Holocauste. L’historien David Irving (Timothy Spall) la met au défi de prouver l’existence de la Shoah. Sûr de son fait, il assigne en justice Lipstadt, qui se retrouve dans la situation aberrante de devoir prouver l’existence des chambres à gaz… À sujet délicat…. Traitement lourdingue. Académique de bout en bout et visiblemen­t dépassé par l’ampleur de la tâche, le réalisateu­r de Bodyguard, bien qu’appliqué, n’arrive à aucun moment à retranscri­re sur l’écran l’ampleur du combat contre le négationni­sme mené par sa Deborah Lipstadt, américaine venue à Londres affronter un charlatan antisémite. Dans la peau de cette femme forcée de se taire pour ne pas se laisser emporter par ses émotions face au juge, Rachel Weisz convainc. Face à elle, Timothy Spall baratine et grimace à outrance. Trop, beaucoup trop, pour qu’on croit à sa méchante figure. Le symbole d’un traitement manichéen où on cherche une once de subtilité. Le procès du siècle n’est donc pas le film du siècle. Ni de la semaine. CQFD. C. C.

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