Nice-Matin (Cannes)

Dddddd On dit oui! Apprécier le temps présent

- PHILIPPE DUPUY C. C. PH. D.

D’Étienne Comar (France). Avec Reda Kateb, Cécile de France, Beata Palya. Durée :  h . Genre : biopic. Notre avis : ★★★★ En 1943, pendant l’occupation allemande, Django Reinhardt (Reda Kateb), véritable “guitar hero”, est au sommet de son art. Aux Folies Bergères, il fait vibrer le tout-paris avec l’insoucianc­e de son jazz manouche. Lorsque la propagande allemande veut l’envoyer à Berlin pour une série de concerts, Django sent enfin le danger et décide de passer en Suisse, avec sa femme et sa mère. Au cours de sa fuite, facilitée par une de ses maîtresses, Louise de Klerk (Cécile de France), qui fraye avec l’occupant, il va prendre conscience du sort funeste réservé à ses frères tziganes, pourchassé­s et massacrés dans toute l’Europe…

Étonnant destin que celui de ce premier biopic de Django Reinhardt, réalisé par un débutant, (Étienne Comar, dont c’est le premier long-métrage), alors que plusieurs grands studios américains étaient sur les rangs et qui s’est retrouvé en ouverture de la Berlinale… Alors qu’il raconte, justement, comment le guitariste a tout fait pour ne pas aller jouer en Allemagne ! Aux Rencontres d’Avignon, où le film était présenté en avant-première française, le réalisateu­r nous a confié avoir été « particuliè­rement touché » par l’accueil qui lui a été réservé à Berlin par le public et par les profession­nels. Mais son film le mérite amplement. S’éloignant du biopic classique (enfance, ascension, chute, rédemption), il se concentre sur l’épisode de la fuite de Paris pour montrer comment le musicien de génie, enfermé dans sa bulle de rock star avant l’heure, se rend enfin compte de ce qui se passe autour de lui et décide de composer un Requiem au peuple tzigane massacré par les nazis. Requiem dont quelques mesures seulement ont été conservées (Django Reinhardt n’écrivait pas sa musique) et qui a dû être complété pour être joué dans le final du film. Reda Kateb, extraordin­aire dans le rôle-titre, s’est tellement imprégné de la personnali­té de Django qu’il n’a presque pas été doublé pour les scènes où il joue de la guitare. Elles sont parmi les plus réussies de ce film épatant, qu’on conseiller­a bien sûr aux fans de jazz et de Django, mais, au-delà, à tous ceux qui aiment le bon cinéma. De Reem Kherici (France). Avec Reem Kherici, Nicolas Duvauchell­e, Julia Piaton. Durée :  h . Genre : comédie romantique. Notre avis : ★★★ Mathias (Nicolas Duvauchell­e) et Alexia (Julia Piaton) sont en couple depuis des années et pour la première fois, il la trompe avec Juliette (Reem Kherici), une organisatr­ice de mariages. Quand Alexia découvre la carte de visite de Juliette dans la poche de Mathias, elle croit qu’il prépare leur mariage en secret et lui dit « oui » avec enthousias­me. Ainsi, Mathias va se voir contraint de faire organiser son mariage par sa maîtresse… Super pitch, bonne réalisatio­n, belle photo, joli(s) couple(s) de cinéma… Après Paris à tout prix, son premier film, l’actrice-réalisatri­ce Reem Kehrici signe avec Jour J, une comédie de mariage enlevée et ensoleillé­e qui devrait faire votre printemps. En partie tourné dans les gorges du Verdon, le film met en scène Nicolas Duvauchell­e dans son premier grand rôle de comédie. Et c’est une révélation ! Le bad boy préféré du cinéma français est très drôle en futur mari, volage «à D’Hirokazu Kore-Eda (Japon). Avec Hiroshi Abe, Yoko Maki, Yoshizawa Taiyo. Durée :  h . Genre : drame. Notre avis : ★★★★ Malgré un début de carrière d’écrivain prometteur, Ryota (Hirsohi Abe) accumule les désillusio­ns. Divorcé de Kyoko (Yoko Mak), il gaspille le peu d’argent que lui rapporte son travail de détective privé en jouant aux courses, jusqu’à ne plus pouvoir payer la pension alimentair­e de son fils de  ans, Shingo. À présent, Ryota tente de regagner la confiance des siens. Cela semble bien mal parti jusqu’au jour où un typhon contraint toute la famille à passer une nuit ensemble… Par la puissance de la représenta­tion du quotidien, du vécu et des relations tissées entre ses personnage­s, Kore-Eda Hirokazu s’inscrit dans la lignée des maîtres japonais Yasujiro Ozu et Naruse Mikio. Porté par la volonté de dépeindre un contexte social qu’il connaît bien : l’artiste revient filmer dans la cité HLM où il a vécu jusqu’à ses trente ans, Après la tempête brille autant par sa maîtrise que par la mélancolie qui se dégage de chaque plan. Par les yeux de la mère – la merveilleu­se Kirin Kiki – il montre avec délicatess­e l’évolution des lieux, le vieillisse­ment de la population et les envies d’ailleurs de ceux qui y vivent. Poignant, à l’image du tourment: « devient-on l’homme, l’adulte que l’on voulait être ou laisse-t-on ses rêves en chemin ? » qui hante son personnage principal, auquel prête ses traits son acteur fétiche Hiroshi Abe. Des mouvements de caméra précis, toujours en osmose avec le ressenti des êtres à leurs regards profonds, le passé surgit, le futur fantasmé aussi… et ensemble, ils magnifient le présent. La grâce de savoir capter l’air du temps et de rendre universel un sentiment personnel. La marque des plus grands. l’insu de son plein gré ». Julia Piaton et Reem Kehrici rivalisent de charme pour le séduire et les seconds rôles assurés par l’ex-bande à Fifi sont excellents (mention spéciale à FX Demaison dans un rôle à la Zack Galifianak­is). Cela donne une des comédies romantique­s françaises les plus réussies depuis L’Arnacoeur. Pour Jour J, on dit oui !

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