Nice-Matin (Cannes)

Un nouveau plébiscite pour le prince de Seborga

Marcello Ier a été réélu à la tête de la Principaut­é à l’issue d’une élection qui a mobilisé près de 90 % des Séborgiens. Son programme : doper l’économie de ce petit État non reconnu

- Textes et photos : Ludovic MERCIER lmercier@nicematin.fr

Tandis que la France traverse une élection présidenti­elle aussi historique que tumultueus­e, de l’autre côté de la frontière italienne, au-dessus de Bordighera, la Principaut­é de Seborga a élu son prince, il y a deux semaines. Et c’est le candidat sortant qui a largement emporté le « trône » avec 75 % des voix. Pour les 315 habitants, l’abstention n’est pas au programme : «Le scrutin a mobilisé plus de Séborgiens que l’élection municipale. Ça me motive encore plus pour ce nouveau mandat», affirme le prince Marcello Ier (Marcello Menagatto dans le civil). Pour lui, aucun doute, c’est la preuve que ses sujets sont satisfaits de son précédent septennat.

Investisse­ments saoudiens

Cet homme d’affaires suisse, au passé sportif à Monaco, est à présent résident de Dubaï, « pour raisons profession­nelles ». Il entretient avec le MoyenOrien­t des relations fructueuse­s. « Des investisse­urs saoudiens ont acheté la plupart des terres disponible­s à Seborga pour y construire un hôtel cinq étoiles de 80 chambres, avec spa et peut-être un golf. » Tout cela, grâce à lui. Une manne qu’il estime providenti­elle pour l’activité économique du village de 14 km2, qui tourne essentiell­ement autour d’un tourisme motivé par l’attrait de la pittoresqu­e Principaut­é. « Nous sommes la micronatio­n la plus célèbre du monde », s’enhardit-il. Cela en partie grâce à la campagne de promo intensive qu’il affirme avoir financée, mais aussi grâce à l’histoire du territoire. Ex-état monastique, c’est ici qu’a été créé l’ordre des Templiers, propice aux légendes et à l’imaginaire. « Nous avons des contacts avec la Chine et le Japon, où nous aurons bientôt des consuls. Nous comptons développer le tourisme en provenance de ces pays en organisant des mariages dignes de contes de fées », s’enthousias­me le souverain renouvelé.

« Réactiver l’indépendan­ce »

Fort de ces atouts, Marcello Ier compte bien faire de Seborga un état autonome, ou plutôt « réactiver son indépendan­ce », selon ses termes. «Nous demandons à l’État italien de nous fournir la preuve que la Principaut­é lui appartient, qu’elle a effectivem­ent été rachetée. Et ils ne le pourront pas, car il n’existe aucun document », martèle-t-il. Cette indépendan­ce passe aussi par la reconnaiss­ance d’autres nations. Processus en bonne voie avec «une famille royale du Moyen-Orient » ,et certains États d’Europe centrale, dont les noms n’ont pas été révélés pour d’évidentes raisons diplomatiq­ues.

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Marcello Ier voit volontiers Seborga comme la cousine « champêtre » de Monaco, qu’elle surplombe avec une certaine envie.
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