Restaurer la «confiance» Hollande appelle à un sursaut du PS
Résolument optimiste et tourné vers l’avenir. Pour son discours d’investiture, Emmanuel Macron a brossé le portrait d’une France obsédée par son propre déclin, réel ou supposé… pour mieux vanter ses atouts et sa capacité à se reprendre en main et à montrer à nouveau la voie. Extraits. « Les Français ont choisi le 7 mai dernier l’espoir et l’esprit de conquête », a estimé le nouveau président de la République. « La responsabilité qu’ils m’ont confiée est un honneur dont je mesure la gravité. [...] Le monde a besoin de ce que les Françaises et les Français lui ont toujours enseigné : l’audace de la liberté, l’exigence de l’égalité, la volonté de la fraternité. » « Depuis des décennies la France doute d’elle-même : elle se sent menacée dans sa culture, dans son modèle social, dans ses croyances profondes, elle doute de ce qui l’a faite. Voilà pourquoi mon mandat sera guidé par deux exigences. La première sera de rendre aux Français cette confiance en eux depuis trop longtemps affaiblie. »
« L’Europe sera refondée et relancée » « Je convaincrai nos compatriotes que la puissance de la France n’est pas déclinante, mais que nous sommes à l’orée d’une extraordinaire renaissance, parce que nous tenons entre nos mains tous les atouts qui feront et qui font les François Hollande a déclaré hier qu’il laissait « la France dans un état bien meilleur » qu’il ne l’avait trouvée en , appelant le PS, sorti laminé de la présidentielle, à se réinventer. Devant les militants et cadres réunis dans la cour du siège du parti, rue de Solférino, l’ex-chef de l’Etat, qui venait de transmettre les clés de l’Élysée à Emmanuel Macron, a expliqué qu’il venait là, comme avant lui François Mitterrand en , pour « retrouver des souvenirs, des visages », mais aussi « parce que sans vous, sans le mouvement que vous portez, sans la force que vous incarnez, je n’aurais jamais présidé la France ». Mais l’ancien Premier secrétaire, qui dirigea le parti durant ans ( à ) a aussi et surtout appelé au sursaut le grandes puissances du XXIe siècle. » « Pour cela, je ne céderai sur rien des engagements pris vis-à-vis des Français. Tout ce qui concourt à la vigueur de la France et à sa prospérité sera mis en oeuvre. Le travail sera libéré, les entreprises seront soutenues, l’initiative sera encouragée. La culture et l’éducation, par lesquelles se construit l’émancipation, la création et l’innovation seront au coeur de mon action. » Enfin, « l’Europe dont nous avons besoin sera refondée et relancée, car elle nous protège et nous permet de porter dans le monde nos valeurs », a promis le chef de l’Etat, avant de saluer en détail les efforts « remarquables » de ses prédecesseurs. Parti socialiste, après la débâcle de Benoît Hamon à la présidentielle. « Je vous appelle vraiment à inventer, à imaginer l’avenir que vous devez présenter à notre peuple, à ne pas vous abandonner à l’incantation à l’illusion, ne pas céder à la confusion », a-t-il ainsi lancé. Le PS devra « poursuivre le mouvement» même si celui-ci doit donner naissance «à des formes nouvelles, à d’autres modes d’organisations, à des structures différentes d’aujourd’hui », a-t-il estimé. « Mais je ne doute pas que ce qu’avant nous des générations ont conçu à travers ce beau mot de socialisme durera et perdurera. » Par MICHÈLE COTTA
Des premiers pas réussis Un sans-faute. Pas la moindre anicroche au cours de la première journée d’Emmanuel Macron à l’Élysée. Il y avait, pour le nouveau président de la République, deux écueils à éviter. Ne pas « faire Président », comme on l’a dit si souvent de François Hollande. Son pas lent, sa gravité, son allure, depuis qu’il a fait ses premiers pas sur le long tapis rouge du palais présidentiel le matin, jusqu’à la rituelle arrivée à l’hôtel de ville en fin d’après-midi, en passant par la cérémonie, non moins rituelle, à l’arc de Triomphe autour de la tombe du Soldat inconnu, rien de tout cela n’est dû au hasard. Ce Président jeune, qui s’est installé en moins d’un an à la tête du pouvoir, devait faire la preuve dès hier de sa « présidentialité ». Il l’a fait tout au long de cette journée, comme si, au-delà de toutes les contraintes de ses nouvelles fonctions, il gardait pour lui un privilège unique : celui de rester le maître de son temps. Celui qui était, il y a quelques mois encore, un jeune homme trop pressé, s’est coulé, sans avoir l’air de s’en apercevoir lui-même, dans le moule présidentiel, avec juste ce qu’il faut de solennité.
Il devait aussi, « Il s’est coulé dans
face aux critiques le moule présidentiel qui ne l’ont pas épargné pendant avec juste ce qu’il faut
sa campagne, de solennité. » montrer qu’il ne serait pas seulement le Président de la réforme, difficile, du travail ou de la santé des entreprises, mais aussi qu’il prendrait la mesure de ses pouvoirs régaliens, dont il est, depuis son intronisation, le garant. Aussi bien a-t-il multiplié les gestes, hier, pour montrer qu’il était bien le chef des armées, dans une France que le terrorisme menace, à l’intérieur et à l’extérieur: c’est en empruntant un command car militaire qu’il a remonté les Champs-Élysées. Sa première visite de Président a été pour les militaires blessés soignés à l’hôpital militaire de Percy. Autant de signes à l’adresse de ceux qui doutaient, hier encore, de ses aptitudes à incarner l’État et ses exigences. Ce faisant, Emmanuel Macron n’a pas oublié de trouver les mots, pour, dans ses discours à l’Élysée ou à l’hôtel de ville, tenter de rendre aux Français leur confiance, en eux et en lui, et leur donner, s’adressant à la « France qui doute » cette touche d’optimisme dont il est porteur. Mais le plus dur, passée l’intronisation d’hier, reste à faire. Quel Premier ministre pour mener la bataille électorale, et au-delà, pour imposer les réformes annoncées par Emmanuel Macron ? Ce ne peut pas être un ancien dignitaire du gouvernement précédent, car il lui faut bien marquer une rupture avec François Hollande. Ni un représentant de la droite républicaine, qui se mobilise déjà, autour de François Baroin, en vue du combat électoral. Alors qui, pour réunir, réconcilier, rassembler les Français ? Un centriste, pourquoi pas? Un «juppéiste», peut-être. Un seul objectif pour Emmanuel Macron : construire une nouvelle majorité, la sienne, ni de gauche ni de droite, en dehors et au-dessus des partis. Ce n’est pas gagné.