Nice-Matin (Cannes)

L’épicier abusait d’un trentenair­e handicapé

- CHRISTOPHE PERRIN chperrin@nicematin.fr

Karim a mis plusieurs mois à révéler les faits. Sa mère ne comprenait pas pourquoi son fils refusait d’emprunter à nouveau la rue Guiglia à Nice. Il ne voulait surtout plus croiser la route d’Abdel, un épicier de 67 ans. Ce dernier a été condamné hier soir par le tribunal correction­nel présidé par David Hill à un an de prison avec sursis. Il a été reconnu coupable d’agression sexuelle sur personne vulnérable. Invalide à 80 % Karim, 32 ans, souffre du syndrome de Prader-Willi, un handicap physique et mental. Sans pouvoir préciser la date, il explique avoir poussé la porte du commerce. Une fois seul avec ce client à l’allure juvénile, l’épicier l’aurait contraint à caresser son sexe, dans un recoin au fond de l’épicerie. Il lui a ensuite demandé une fellation. « Il m’a proposé des friandises pour que je me taise. Je les ai refusées. [...] J’ai crié pour sortir du magasin », explique le plaignant, accompagné de son père.

« Des mensonges »

Hormis ses difficulté­s à se situer dans le temps, le jeune homme semble donner une descriptio­n cohérente des faits et des lieux. Ce n’est pas l’avis d’Abdel qui se défend bec et ongles : « C’est des mensonges, de la mauvaise foi », tonne le prévenu, plusieurs fois rappelé à l’ordre par le président. « Je ne travaille pas l’aprèsmidi, c’est ma femme. On ne peut pas fermer le rideau métallique, contrairem­ent à ce qui est dit, sans rentrer toutes les cagettes », s’insurge l’épicier. Son avocat, Me Jean-Pascal Padovani tente également de le calmer. Abdel s’emporte, notamment contre son contradict­eur : « Ils veulent me soutirer de l’argent ! », s’exclame-t-il. Sauf que le père de Karim renonce à d’éventuels dommages et intérêts. Le procureur Sylvie Canovas estime que « tous les éléments mis bout à bout », étayent la culpabilit­é du commerçant. « Quel serait le bénéfice d’une plainte de ce jeune homme? L’expert rappelle que la sexualité ne l’intéresse pas ? » « Mais de quelle épicerie parle-t-il ? », intervient Me Padovani, l’avocat de la défense, qui pointe avec méthode les incohérenc­es dans le récit du jeune homme. Insuffisan­t néanmoins pour obtenir la relaxe du « père de famille sans histoire », décrit par la défense.

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