Nice-Matin (Cannes)

Favre veut Dortmund

L’intérêt du club allemand a filtré depuis plusieurs semaines. Mais hier, le quotidien germanique Bild annonçait que le coach du Gym avait trouvé un accord pour une saison, plus une en option

- WILLIAM HUMBERSET ET VINCENT MENICHINI

Hier soir, le Gym fêtait ses joueurs et ses salariés sur la terrasse d’un hôtel niçois. Une soirée qui se voulait joyeuse et conviviale à l’issue d’une saison historique. Se tramait pourtant un divorce en coulisses : le quotidien allemand Bild annonçait sur son site internet que Lucien Favre et le Borussia Dortmund avaient trouvé un accord de principe en vue d’une collaborat­ion future. Le technicien de 59 ans aurait accepté une offre d’une saison, plus une en option, pour entraîner l’actuel troisième de Bundesliga. Les téléphones des décideurs niçois ont donc allègremen­t sonné durant la soirée, mais personne n’a souhaité en dire plus. Aucun démenti officiel n’a été annoncé d’un côté, comme de l’autre, ce qui laisse penser que Lucien Favre n’a jamais été aussi proche de la sortie, alors qu’il prétextait encore la veille que « ce n’était que des rumeurs».

Il a rencontré les dirigeants allemands hier

Selon nos informatio­ns, Lucien Favre s’est même personnell­ement déplacé, hier, à la rencontre des dirigeants allemands. Le Suisse a donc fait son choix : il veut retourner en Bundesliga, championna­t qui l’a sacré trois fois meilleur entraîneur d’Allemagne (2009, 2011, 2015). Surtout parce que le Borussia Dortmund ne se refuse pas quand on a seulement connu Echallens (D2 suisse), Yverdon, le Servette, le FC Zurich (D1 suisse), le Hertha Berlin, Mönchengla­dbach (Bundesliga) et l’OGC Nice. Et qu’à 59 ans, on n’est jamais sûr qu’un tel challenge se représente­ra. Mais si le technicien a accéléré les négociatio­ns pour prendre la succession de Thomas Tuchel, c’est aussi pour soulager cette inquiétude chronique qui le caractéris­e. Quand Claude Puel prenait un malin plaisir à lancer les jeunes du centre pour incarner le projet de formation, le Suisse a souvent répété qu’il manquait de solutions et de profondeur dans l’effectif, cette saison. En interne, il a plusieurs fois soufflé qu’il ne croyait pas au projet niçois, malgré des résultats exceptionn­els. « Ça ne tient à rien », a-t-il répété à maintes reprises. L’affluence limitée les soirs de certains matchs à l’Allianz Riviera l’a également grandement contrarié. Ce ne sont pas les 15 buts de Balotelli, dont il ne voulait pas l’été dernier, ou le probable départ de Belhanda à l’intersaiso­n qui l’ont rassuré. Les moyens financiers du Gym sont limités, comme la capacité de Favre à accepter que les recrues espérées se transforme­nt en transferts avortés. Craignant de rentrer dans le rang avec le Gym, qui ne fera pas de folies lors du prochain mercato, il se voit ailleurs, déjà. La fin de son histoire avec Gladbach - un épisode dont il refuse toujours de parler aujourd’hui - rappelle combien l’entraîneur helvète peut être une forte tête quand il a fait son choix.

Un transfert à  millions d’euros ?

A la mi-septembre 2015, Gladbach est en mauvaise posture et Lucien Favre n’est plus en harmonie avec ses dirigeants. Il pose sa démission, mais elle est refusée par ses patrons. Le technicien n’en démord pas, convoque la presse et met le club au pied du mur. Cette fois, le Vaudois veut mettre prématurém­ent fin à son contrat de trois ans. Et tant pis si ça ne lui était jamais arrivé de quitter un navire après seulement un an sur le banc. Mais ce sont bien les dirigeants du Gym qui ont la balle dans leur camp. Bien conscient qu’il sera difficile de retenir un homme qui veut partir, l’état-major niçois n’est pas enclin à libérer Favre, ni de faire un cadeau au Borussia. En clair, il faudra sortir le chéquier et signer un montant de transfert estimé entre quatre et cinq millions d’euros, ce qui pourrait refroidir le BvB. Jusqu’à hier soir, les deux clubs n’étaient pas encore entrés en contact. L’informatio­n du Bild laisse penser que ça ne saurait tarder. En position de force, le Gym a déjà prospecté pour trouver un éventuel successeur à son coach. Comme annoncé dans nos colonnes le 10 mai dernier, Eduardo Berizzo figurerait en tête de liste. Le coach argentin du Celta Vigo, qu’il a mené jusqu’en demie de Ligue Europa, est aussi sur les tablettes du FC Séville en cas de départ de Sampaoli pour la sélection argentine. Le jeu des chaises musicales ne fait que débuter. Le nom de Claudio Ranieri a également été évoqué, mais cette hypothèse semble peu crédible, pour le moment.

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(Photo Patrice Lapoirie)

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