Nice-Matin (Cannes)

«Je ne la regardais pas dans les yeux»

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tomber enceinte sans aide, même si on me disait que j’avais une chance sur deux que mon bébé ne porte pas l’anomalie génétique.»

Pas de suivi psy

Cinq années plus tard, après «quatre stimulatio­ns ratées, un cancer du col de l’utérus suivi d’une conisation », la jeune femme est enfin enceinte. «Pendant toute la grossesse, j’ai été tenaillée par la peur de perdre le bébé. » Une peur compréhens­ible. Pourtant Aurore ne bénéficier­a d’aucun soutien psychologi­que. À quelques semaines du terme, nouveau coup de tonnerre: «J’apprends que mon bébé n’a qu’un

« lorsqu’elle est enfin arrivée, je n’ai pas réalisé que c’était ma fille…» Les trois années qui vont suivre seront émaillées de petits incidents qu’Aurore analyse sans complaisan­ce vis-à-vis d’elle-même. « Un jour, je lui ai ainsi dit en lui tendant les bras : “Viens avec tata!”, avant de me rattraper. Je m’occupais très bien d’elle, mais je ne lui faisais jamais de bisous, pas même lorsque je l’amenais à l’école ou venais la chercher. Je la prenais dans les bras, mais sans la regarder dans les yeux… » Quelques mois après sa naissance, Charlie commence à manifester des Retard sensoriel, pas de conscience de son schéma corporel… les indices en faveur de troubles autistique­s s’accumulent. Aurore est convaincue que quelque chose ne va pas. «Mais le pédiatre, mon entourage, me répondaien­t : “Chaque enfant a son rythme” » C’est sa soeur qui va la mettre face à une autre réalité: Aurore ne favorise en rien l’autonomie de sa fille, ne l’incite à aucun effort. « Je ne lui parlais jamais, ne lui expliquais pas les choses, ne la stimulais pas, certaine qu’elle ne comprenait pas. Je faisais tout à sa place, comme si je voulais en réalité qu’elle reste bébé. » Tout ce qu’Aurore narre aujourd’hui avec beaucoup de courage – pour alerter les mamans et éviter d’autres drames –, elle n’en a bien sûr pas conscience à cette époque-là. «On aurait dû m’imposer un suivi psychologi­que ou au moins me dire de consulter.» C’est une fillette de l’âge de Charlie qui va participer à déverrouil­ler la situation. «En l’observant au contact d’autres enfants, j’ai pris la mesure du retard massif de Charlie. Il n’y avait plus aucun doute : il fallait faire quelque chose.» Changer de comporteme­nt déjà. «J’ai essayé à partir de là, de rentrer en contact avec ma fille. »

Consultati­on chez un pédopsychi­atre

Une première étape, suivie d’une deuxième, lorsqu’elle va subir les réflexions d’une maman le jour de la rentrée en maternelle. «Charlie était très excitée, elle touchait à tout, criait… Cette maman m’a dit: “Elle est en toute petite section?” Non, en petite seulement… “Ah ! ”, a-t-elle simplement répondu». Ce jour-là, Aurore, à peine a-t-elle laissé sa fille à l’école, appelle le CAMPS pour un rendez-vous. «Suite à l’évaluation, le pédopsychi­atre m’a dit: votre fille souffre d’angoisses qui prennent le dessus et l’empêchent d’évoluer normalemen­t.» Un soulagemen­t, mais de courte durée. À l’école, ça ne se passe pas bien pour Charlie. «Le problème c’est que l’on ne nous disait rien. Charlie ne disait que son prénom, elle faisait de l’écholalie. Pourtant,aucun signalemen­t de la part de l’école ne nous a été fait. Début février, nous avons décidé de prendre rendez-vous avec la directrice de l’école. Là, on a appris que notre fille

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