Nice-Matin (Cannes)

Interview «J’ai énormément appris» Sa fiche

- PROPOS RECUEILLIS PAR V. SEILLER ET P. FIANDINO

Quelques semaines après la fin de sa première saison NBA, Timothé Luwawu-Cabarrot, joueur de Philadelph­ie, est venu se ressourcer à Antibes. A 22 ans, l’ailier formé aux Sharks prend de l’ampleur de l’autre côté de l’Atlantique. A force de travail et d’abnégation.

Comment jugez-vous votre première saison en NBA ?

Je pense que c’est une bonne saison. J’ai progressé tout au long de l’année. Au niveau de mon anglais, dans ma façon de voir les choses, d’appréhende­r les matches, en tant que joueur, en tant qu’homme. J’ai énormément appris.

En fin de saison, vous avez eu de plus en plus de temps de jeu…

Au début de l’année, c’était beaucoup de travail individuel. Ce que personne ne voit. Tu es tout seul, tu arrives une heure avant l’entraîneme­nt, tu repars une heure après. C’est vraiment ça qui a fait que j’étais en confiance à la fin de l’année. C’est toi, ton implicatio­n, ta confiance en toi. Si le coach te fait confiance, tu auras confiance en toi et tu laisses les chevaux partir.

Comment ça se passe au coeur de la franchise de Philadelph­ie ?

On n’a pas de con dans l’équipe. Pas de mec qui fout la mauvaise ambiance. On est tous soudés, les uns avec les autres. Même si tu ne joues pas du match, tu vas être content pour ton coéquipier qui fait le taf. Tu vas te lever, faire du bruit, tourner ta serviette… C’est pour ça que ça va aller de mieux en mieux. L’effectif va se mettre en place.

Brett Brown, c’est quel genre de coach ?

On a de la chance de l’avoir. Il est pédagogue. Tu sens que le mec veut que tu sois meilleur. Au début de l’année, il ne me parlait pas trop. Tu arrives, tu es rookie, et bien fais tes preuves ! Les cinq premiers mois, je parlais surtout avec ses assistants. Je leur demandais ce qu’il fallait que je fasse. Le mec est là, il fait ses papiers, il ne te regarde même pas. Il n’y avait pas une journée où je n’allais pas à la salle. Je pense qu’il a vraiment apprécié ça.

Quand les résultats étaient bons, le groupe a cru aux playoffs ?

On y croyait. Mais on a perdu des matches à peu de choses. Ça prouve qu’il suffit juste d’un petit truc pour que ça prenne et qu’il y ait un peu de magie pour atteindre les playoffs l’an prochain. Ce qu’il nous manque ? Il faut demander au coach (sourire).

A Philadelph­ie, on parle beaucoup du Camerounai­s Joel Embiid. Qu’est-ce qu’il apporte au quotidien ?

Quand il est sur le terrain, tu sais qu’il est derrière toi et qu’il assure tes arrières. En attaque, il va mettre des écrans de ‘‘ouf’’. Il apporte de l’enthousias­me, de l’énergie, de la magie. Il se donne à fond, il ne veut jamais perdre. Après deux ans sans jouer, il avait les crocs.

La NBA, c’est vraiment un monde à part ?

Tu n’as pas le droit à l’erreur. On te met dans les meilleures conditions pour réussir. Tu peux venir à la salle quand tu veux, un cuisinier t’attend à l’étage et te fait à manger à n’importe quelle heure, il y a une piscine, un jacuzzi, un bain froid… C’est incroyable. Tu n’as qu’une seule envie, c’est de travailler pour sortir meilleur.

Affronter des joueurs comme LeBron James, c’est fou, non ?

La première fois, ça l’est. Mais à partir d’un moment, tu es un compétiteu­r et le seul but, c’est de les battre.

Et Paul George, votre joueur préféré ?

Quand on a joué les Pacers d’Indiana, on était à côté aux lancers francs et il a vu que je portais ses chaussures. Il m’a dit : « Alors, t’aime bien les chaussures ? ». Je lui ai dit que je kiffais, avec un sourire énorme (rires).

Il y en a un en particulie­r qui vous a impression­né ?

James Harden (Houston). Au premier match contre nous, il marque  points dans le premier quart-temps, et au deuxième match, il met  points (sourire). Il est nonchalant, mais c’est trop facile pour lui !

Vous avez des bons rapports avec les autres joueurs français ?

Je sais que je peux appeler n’importe lequel d’entre Timothé Luwawu-Cabarrot eux et qu’il me répondra. Il va me donner des conseils, me parler. C’est vraiment une fratrie. Joffrey (Lauvergne), il est passé par Belgrade comme moi, on a eu la chance de se voir plus souvent. Quand on s’affronte, on reste ensemble un moment après le match. Et Boris (Diaw), t’es obligé de l’adorer.

Intégrer l’équipe de France, c’est un vrai objectif ?

Ça a toujours été une fierté. Porter le maillot, représente­r le pays contre les autres nations. Si je suis préselecti­onné cet été, je ne vais pas y aller simplement pour faire deux semaines de préparatio­n et qu’on me dise : « C’est gentil Tim, mais tu peux y aller. » Si j’y vais, c’est pour rester jusqu’au bout parce que je sais que je peux apporter. Je ne vais pas dire : « Merci beaucoup de m’avoir appelé, c’est super sympa!»

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(Photos Sébastien Botella et AFP)
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