Le conflit social dégénère à l’IME Val Paillon, les salariés déposent plainte
Un cran est franchi dans la lutte qui oppose des salariés de l’Institut médico-éducatif (IME) Val Paillon à leur direction. Hier matin, une trentaine de salariés, dont nombre d’éducateurs et des syndicalistes, ont déposé plainte au commissariat Foch, à Nice, pour harcèlement moral. L’établissement de la vallée du Paillon est spécialisé dans l’accompagnement d’enfants déficients intellectuels. «On passe à la vitesse supérieure pour protéger les enfants et les salariés», témoigne une éducatrice. Une partie du personnel s’oppose depuis plus d’un an et demi à la mise en place d’une réorganisation globale des conditions de travail, décidée en octobre 2015 et effective depuis le 20 mars.
Le soutien de parents
« Nous sommes le plus gros institut médico-éducatif du département»,
rappelle Françoise Corraine, déléguée syndicale CGT et déléguée du personnel. L’IME compte une centaine de salariés. Deux suicides ont déjà été enregistrés dans les rangs des professionnels de l’institut. « La direction déstabilise, sanctionne, modifie arbitrairement les organisations pour tenter de faire passer son plan », estime Catherine Cohen-Seat, avocate des salariés. L’établissement, qui peut accueillir au maximum 72 adolescents, jeunes adultes autistes, psychotiques ou très sensibles, est géré par l’Association départementale pour la sauvegarde de l’enfant à l’adulte 06 (ADSEA 06). Il dépend financièrement de l’Agence régionale de la santé (ARS). «On va jusqu’à nous accuser de maltraitance, sans fondement, sans faits précis. Une enquête de gendarmerie a eu lieu, rien ne ressort. Nous avons le sentiment qu’il s’agit d’une stratégie
pour nous affaiblir et réorganiser notre
établissement», s’alarme Françoise Corraine. Ils s’estiment victimes de «dénigrement», de «harcèlement permanent». Selon le syndicat, 19 salariés seraient en arrêt maladie.
Locaux inadaptés
« Les enfants sont confinés dans des locaux totalement inadaptés, parfois vétustes. Il n’y a pas suffisamment de salles de bain, pas de lieu où ils puissent se reposer. Ce sont des gamins fatigables, certains sont épileptiques, ils se retrouvent dans des petites pièces avec des lits de camp, c’est inadmissible», s’inquiète une élue du CHSCT. Hier, le commissariat a reçu une délégation du groupe de salariés. En raison d’une journée chargée, les dépôts de plaintes s’échelonneront sur plusieurs jours. Certains parents, qui leur ont apporté leur soutien, pourraient en faire de même. Une véritable escalade de la tension.