L’Italienne qui avait aidé des réfugiés écope de euros d’amende à Nice
Des applaudissements. Des étreintes. Des sourires. Il flotte comme un parfum de victoire, vendredi matin, aux portes du palais de justice de Nice. Le tribunal correctionnel vient pourtant de condamner Francesca Peirotti, 29 ans, pour être venue en aide à des migrants. Mais aux yeux de ses parents et de la vingtaine de militants français et italiens qui l’entourent, la morale, à défaut du droit, est bien du côté de la jeune Italienne. « Je n’ai rien fait ! », maintient-elle, pour justifier sa décision d’interjeter appel. Le tribunal présidé par David Hill, pour sa part, l’a reconnue coupable d’aide à l’entrée et au séjour d’étrangers en situation irrégulière et détention de cannabis.
Huit mois avec sursis avaient été requis
Il lui inflige à ce titre une amende de 1000 euros. Une peine loin des réquisitions du ministère public. Lors de l’audience du 4 avril dernier, le procureur avait requis huit mois de prison avec sursis et une interdiction de séjour sur le territoire français. Originaire de Cuneo, salariée de l’association niçoise « Habitat & citoyenneté », Francesca Peirotti avait été interpellée par une patrouille mixte franco-italienne, le 8 novembre dernier, près de Menton sur l’A8.
Appel en vue
Elle avait pris en charge huit migrants venus d’Érythrée et du Tchad, sur un parking à Vintimille. « Je vais interjeter appel avant le procureur, annonce d’emblée la jeune femme. Je ne vois pas pourquoi je devrais payer 1000 euros ! Je suis néanmoins contente, car la peine est beaucoup moins élevée que prévu. J’avais peur que le tribunal prononce une interdiction de territoire. » « Globalement, c’est une satisfaction, réagit son avocat, Me Zia Oloumi. Cette peine clémente montre que le parquet n’avait pas suffisamment d’éléments pour établir la gravité des faits. » Reste que la défense compte bien obtenir, à Aix-en-Provence, la relaxe plaidée en vain à Nice. « Ce procès s’inscrit dans la continuité des autres, avec une jurisprudence qui se cherche. On a besoin d’une jurisprudence claire ! »