Nice-Matin (Cannes)

L’Italienne qui avait aidé des réfugiés écope de  euros d’amende à Nice

- CHRISTOPHE CIRONE ccirone@nicematin.fr

Des applaudiss­ements. Des étreintes. Des sourires. Il flotte comme un parfum de victoire, vendredi matin, aux portes du palais de justice de Nice. Le tribunal correction­nel vient pourtant de condamner Francesca Peirotti, 29 ans, pour être venue en aide à des migrants. Mais aux yeux de ses parents et de la vingtaine de militants français et italiens qui l’entourent, la morale, à défaut du droit, est bien du côté de la jeune Italienne. « Je n’ai rien fait ! », maintient-elle, pour justifier sa décision d’interjeter appel. Le tribunal présidé par David Hill, pour sa part, l’a reconnue coupable d’aide à l’entrée et au séjour d’étrangers en situation irrégulièr­e et détention de cannabis.

Huit mois avec sursis avaient été requis

Il lui inflige à ce titre une amende de 1000 euros. Une peine loin des réquisitio­ns du ministère public. Lors de l’audience du 4 avril dernier, le procureur avait requis huit mois de prison avec sursis et une interdicti­on de séjour sur le territoire français. Originaire de Cuneo, salariée de l’associatio­n niçoise « Habitat & citoyennet­é », Francesca Peirotti avait été interpellé­e par une patrouille mixte franco-italienne, le 8 novembre dernier, près de Menton sur l’A8.

Appel en vue

Elle avait pris en charge huit migrants venus d’Érythrée et du Tchad, sur un parking à Vintimille. « Je vais interjeter appel avant le procureur, annonce d’emblée la jeune femme. Je ne vois pas pourquoi je devrais payer 1000 euros ! Je suis néanmoins contente, car la peine est beaucoup moins élevée que prévu. J’avais peur que le tribunal prononce une interdicti­on de territoire. » « Globalemen­t, c’est une satisfacti­on, réagit son avocat, Me Zia Oloumi. Cette peine clémente montre que le parquet n’avait pas suffisamme­nt d’éléments pour établir la gravité des faits. » Reste que la défense compte bien obtenir, à Aix-en-Provence, la relaxe plaidée en vain à Nice. « Ce procès s’inscrit dans la continuité des autres, avec une jurisprude­nce qui se cherche. On a besoin d’une jurisprude­nce claire ! »

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Franesca Peirotti avec son avocat Me Zia Oloumi, entourée de militants français et italiens, vendredi matin devant le palais de justice de Nice. (Photo C. C.)

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