Nice-Matin (Cannes)

Lamya Essemlali: «L’amour ne connaît pas de prison»

Présente à Vence ce week-end, la présidente de Sea Shepherd France revient sur la polémique agitant le monde des delphinari­ums

- PROPOS RECUEILLIS PAR MICHEL DIVET mdivet@nicematin.fr

Lamya Essemlali est la marraine du festival « Grandeur nature », ce week-end à Vence. L’occasion d’évoquer l’arrêté ministérie­l empêchant désormais la reproducti­on des delphins et orques en captivité.

L’arrêté du  mai dernier, « anti-reproducti­on » d’individus captifs dans les delphinari­ums, va-t-il dans le bon sens ?

C’est une avancée historique, qui place la France à l’avant-garde du respect des cétacés. À moyen terme, cet arrêté sonnera le glas de l’industrie lucrative de la captivité des animaux. En , le Marineland d’Antibes a engrangé , millions d’euros de bénéfice net. L’argument qui consiste à dire que la captivité permet de protéger des espèces tombe dans le cas des orques et des dauphins, qui ne sont pas menacés de disparitio­n. Leur captivité est seulement basée sur leur résistance et leur capacité à se plier à des ordres.

Que dites-vous aujourd’hui aux employés du Marineland d’Antibes et en particulie­r aux dresseurs ?

Nous venons de leur adresser une lettre ouverte qui se termine par ces mots : « L’amour ne connaît pas de prison. » L’amour porté par les dresseurs, que nous ne contestons pas, reste dans un rapport de domination et d’exploitati­on d’animaux qui n’ont pas choisi d’être là, captifs. Les dresseurs repentis parlent volontiers d’une forme d’aveuglemen­t, de naïveté profonde qui les a conduits autrefois à se rendre complice du calvaire des dauphins et autres orques.

Des dauphins ou des orques captifs peuvent-ils recouvrer la liberté? L’instinct naturel de ces animaux a été forgé au cours de milliers et de milliers d’années. L’orque mâle Keiko dans le film Sauvez Willy apu vivre  ans une fois en liberté. Une autre orque en captivité s’est servie de poissons congelés pour appâter un oiseau de mer avant de le manger au bord d’un bassin. L’instinct est là…

Que proposez-vous pour faciliter ces remises en liberté ?

Eh bien justement, on aimerait pouvoir travailler avec les dresseurs du Marineland azuréen, bâtir ensemble un sanctuaire marin de semi-liberté, dans un premier temps, afin d’habituer les anciens captifs à se nourrir par eux-mêmes, à s’initier au rythme des vagues, etc. Des espaces pour y parvenir existent à travers le monde. Les dresseurs disent qu’ils doivent tout à leurs protégés. Nous, nous leur disons : « Vous leur devez bien cela!»

Y a-t-il d’autres sujets qui vous préoccupen­t en ce printemps ?

Nous allons agir à Mayotte en juillet contre le braconnage des tortues sur les plages, et en août nous lancerons depuis Marseille “Mare nostrum ”, notre campagne annuelle de récupérati­on des filets fantômes, laissés à la dérive par l’activité pêche. L’été dernier, nous en avions récupéré l’équivalent de  km lors de “Mare nostrum ”.

Que pensez-vous de la nomination de Nicolas Hulot à l’Environnem­ent ?

Ce fut pour nous plutôt une bonne surprise. Cela pourrait bouger les lignes dans le bon sens. Pour autant, quelle sera sa réelle marge de manoeuvre ? On peut imaginer qu’il a obtenu quelques garanties avant d’accepter. Pour une fois, on nomme à ce poste un homme avec de vraies conviction­s, sincère à nos yeux dans sa démarche. Et puis, c’est quelqu’un d’écouté, capable de faire passer des messages à un très large public.

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