Nice-Matin (Cannes)

FORMULE  Esteban et Dorian, copains d’abord

Cette semaine, Esteban Ocon comptera parmi ses supporters l’ami varois Dorian Boccolacci. Rencontre avec le pilote GP3, témoin privilégié de l’ascension du ’’Frenchie’’ de Force India

- Textes : Gil LÉON gleon@nicematin.fr Photos : Zak MAUGER, James MOY, Jed LEICESTER, AFP, archives D. B.

Même si les GP Series ne roulent pas des mécaniques en Principaut­é, le tournant du Grand Prix de Monaco figure sur sa feuille de route. « Un an après ma première expérience dans ces rues (e de la course Eurocup Formule Renault . en , ndlr), sûr que je vais ressentir un manque en regardant les autres se battre» , avoue Dorian Boccolacci. Contraint de ronger son frein durant sept longues semaines entre Barcelone et le Red Bull Ring, les deux premières échéances du calendrier GP, le Varois de  ans sera spectateur mais aussi supporter, le week-end prochain. « C’est l’occasion d’aller saluer les gens du team Tech, mon équipe l’année dernière. Et puis, bien sûr, je vais suivre de très près Esteban. L’encourager à fond. Comme « Avec Esteban, nos chemins ont commencé à se croiser sur les circuits de karting en 2008. Moi, je débutais en catégorie minime. Lui avait décroché le titre l’année précédente. On discutait parfois ensemble, mais nous n’étions pas encore potes. L’étincelle, en fait, elle s’est produite un peu plus tard, lorsque j’ai intégré un an après lui la structure Gravity Sport Management alors conduite par Eric Boullier (l’actuel directeur sportif de McLaren F1, ndlr) . On a fait beaucoup de stages ensemble, notamment à l’usine Renault d’Enstone. Le lien s’est consolidé petit à petit parce que nos caractères se ressemblen­t. C’est un pilote qui moi en , il part à l’assaut de ce circuit pour la première fois. Lui, c’est direct en F. Au volant d’une Force India. Pas mal, non ? ». En règle générale, un pilote parle beaucoup de lui-même et peu de ses pairs, considérés avant tout comme des adversaire­s. Lorsque nous lui avons demandé d’évoquer son amitié avec Esteban Ocon, le natif de Cannes vivant à Callian n’a pas freiné des quatre fers. Au contraire, celui-ci a spontanéme­nt allumé le feu vert. « Dans les paddocks, je ne compte que deux ou trois vrais amis parmi les pilotes, et Esteban porte le numéro  », souligne-t-il. « Alors, ça me fait toujours plaisir de parler de notre complicité, de sa personnali­té attachante et de sa fabuleuse ascension. » Morceaux choisis... ne lâche rien. Quant à l’homme, il est simple. La grosse tête, connaît pas! Dans la vie de tous les jours, Esteban aime bien rigoler. Au boulot, en revanche, il est sérieux et garde toujours son sang-froid, même dans le dur. Grosse force mentale... S’il n’est pas encore venu chez moi, à Callian, on part parfois en vacances ensemble. L’été dernier, c’était à Hossegor, juste au moment où il a appris sa titularisa­tion chez Manor. Cet hiver, bis repetita du côté de la Foux d’Allos. On parle beaucoup de sport auto. C’est notre vie. Mais on a d’autres sujets de conversati­on et pôles d’intérêt, comme deux copains d’école... » « Maintenant que je suis en GP3, on se voit régulièrem­ent pendant les week-ends de course en plus de nos sessions d’entraîneme­nt physique au sein de l’Institut « 3.2.1. Perform ». Esteban a découvert ce centre spécialisé dans le développem­ent des performanc­es du pilote en 2014, l’année où il décroche le titre de champion d’Europe de F3. Séduit par le concept, il m’a conseillé de le rejoindre. Depuis, on bosse beaucoup là-bas, dans les Pyrénées, près de Font Romeu. L’hiver dernier, j’ai fait trois stages d’une semaine. Lui, il y est resté quasiment deux mois! Il lui fallait prendre 5 kilos de muscles pour mieux maîtriser les nouvelles F1 plus puissantes et exigeantes. Comme nous avons l’un et l’autre de grosses aptitudes physiques, on évolue souvent dans le même groupe de travail, même si nos programmes sont différents. Dès que l’occasion se présente, lors d’une sortie en raquettes ou en vélo, on se tire la bourre. Il aime les challenges, l’émulation. Moi aussi. » « Je suis content de le voir saisir sa chance en F1. Esteban est monté jusqu’au top niveau sans rouler sur l’or. Sa réussite prouve que le talent constitue un paramètre important. Évidemment, la F1 ne l’a pas changé. Ou plutôt si, mais en mieux ! Car il redouble d’efforts pour ne pas tomber dans le piège du « bling-bling ». Jamais il n’oubliera d’où il vient. Côté piste, le volant Manor pouvait ressembler à un cadeau empoisonné aux yeux de certains. Moi, je trouve qu’il s’en est super bien sorti lors de ses neuf premiers GP, fin 2016, en se montrant surtout très efficace en course. Autre écurie, même approche maintenant : chez Force India, il marque des points d’emblée, progresse sans cesse, et supporte très bien la comparaiso­n avec son coéquipier Sergio Pérez, une sacrée référence. Chaque décision est réfléchie. Pas de précipitat­ion, ni de panique. Alors je pense qu’il va continuer à grandir vite. Même si l’écart s’est un peu accru entre les top teams et Force India, peut-être réussira-t-il à gravir un podium dès cette saison. En attendant, j’ai hâte de le voir en action à Monaco. Il aime les tracés urbains, Pau, Macao... Donc c’est un circuit qui doit lui convenir. »

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Dorian Boccolacci ( ans) et Esteban Ocon ( ans) : partenaire­s d’entraîneme­nt aujourd’hui, adversaire­s en piste bientôt ?

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