Quelle politique de mixité sociale pour quels effets Grand angle La mixité sociale joue-t-elle sur la réussite scolaire ? L’état des lieux en France L’avis du public
Où en sommes-nous réellement de la mixité sociale en France ? Est-elle un facteur de réussite ? C’est ce que les Entretiens de Nice proposent d’observer scientifiquement
En France comme en économie, la question de la formation est stratégique. Elle est majeure pour constituer un vivier de compétences qui s’expriment en entreprise et centrale pour l’accès au monde du travail. Elle est aussi devenue un enjeu politique. Observer ce qui se passe autour de l’école et de la mixité sociale est révélateur de la tendance. Il faut, diton, renforcer la mixité sociale pour ne pas compromettre davantage l’égalité des chances. Pour autant, la question intervient de manière très diverse selon la nature des établissements scolaires et leur territoire. Investir dans les politiques de mixité sociale requiert en amont un diagnostic précis du système français sous ses différentes dimensions, estime le pôle de recherche en économie de l’Edhec. L’école de commerce a placé les questions d’éducation au coeur des Entretiens de Nice, cycle de conférences interactives qu’elle initie au CUM en partenariat avec la Ville de Nice et le groupe Nice-Matin. Prochain rendez-vous le mardi juin.
Quels sont les effets de la mixité sociale sur la réussite scolaire ? Tristan-Pierre Maury, professeur d’économie, membre du pôle de recherche en économie de l’Edhec Business School :
Ilyaeupeu d’études qui nous permettent de répondre scientifiquement à cette question en France. Mais on peut regarder les effets en Angleterre ou aux États-Unis, où il existe de nombreuses expérimentations.
Que constate-t-on ? T-P.M. :
On constate qu’il y a un impact positif, mais très limité sur les résultats scolaires, à placer dans un milieu favorisé un élève défavorisé. La réciproque est aussi vraie. Les résultats d’un élève favorisé ne baissent pratiquement pas si vous le placez en milieu défavorisé.
Peut-on aller plus loin ? Quelle définition à la mixité sociale ?
La notion même de mixité fait l’objet de débats. On parle généralement de la coexistence dans la même école d’élèves ayant des profils différents de par leur origine sociale, ethnique et leur niveau scolaire.
Comment la mesurer ?
Elle l’est généralement par le concept de ségrégation, miroir inversé e la mixité. La ségrégation est totale lorsque chaque élève ne croise que des élèves de la même origine sociale. Elle est absente quand une école a une composition sociale qui
T-P.M. :
Les données étrangères montrent que les effets nets identifiés concernent surtout les performances cognitives: comportement, bien-être, sociabilité. Les effets globaux sont positifs : la mixité sociale réduit très nettement les risques pour les élèves défavorisés concernant l’exclusion, l’alcool, le cannabis, sans que ça n’affecte les élèves favorisés.
Quelles solutions en France ? T-P.M. :
Il y a plusieurs propositions discutées : jouer sur le secteur d’affectation des élèves avec l’extension dès l’entrée au collège du dispositif Affelnet qui existe pour les lycées, l’assouplissement de la carte scolaire et la création de secteur multicollège. Jusque-là, ça n’a pas donné pas de résultats mirobolants. On essaie aussi d’agir sur la mixité résidentielle en réhabilitant des quartiers défavorisés pour attirer une reflète celle de l’ensemble du territoire où elle est implantée.
La ségrégation a-t-elle évolué ?
Il y a très peu de recherche scientifique sur le sujet. Nous utilisons les données collèges de à issues du ministère de l’Éducation nationale. Ces données démontrent que la ségrégation est stable en France depuis dix ans. Sur une échelle de zéro à un, zéro correspondant à une ségrégation totalement nulle et un à une ségrégation totale, nous sommes à , en et , en . Soit autour des %. Ça peut être population plus favorisée. C’est plutôt un échec. Les populaires plus aisées ne s’installent pas dans les quartiers ou viennent massivement et cela repousse les défavorisés ailleurs.
Quelle piste la plus efficace ? T-P.M. : La réduction des effectifs
dans les classes situées dans les secteurs défavorisés est la piste la plus probante pour améliorer la performance scolaire des élèves. C’est ce qu’il y a actuellement de plus efficace. Augmenter d’un ou deux éléments une classe composée d’élèves issus d’un milieu favorisé ne pénalise pas leurs résultats, faire baisser d’un ou deux éléments les classes composées d’élèves défavorisés améliore déjà les performances. Si on accentue la baisse des effectifs dans ces secteurs, les effets positifs n’en seront que supérieurs. considéré comme trop haut. Mais ça ne grimpe pas comme le discours ambiant le laisse à penser.
La situation est-elle la même partout ?
Elle est très disparate. L’académie où elle est la plus basse est celle des Hautes-Alpes, la plus haute est celle de Paris. L’académie de Nice est située légèrement sous la moyenne nationale, avec un indicateur à , %. Aix-Marseille fait partie des plus élevés, avec , %.
■ La politique d’éducation prioritaire est-elle un outil d’avenir pour lutter contre les inégalités scolaires ?
■ La carte scolaire est-elle un frein à la mixité sociale ?
■ La mixité sociale peut-elle nuire aux résultats scolaires des élèves très favorisés ?
La mixité sociale est-elle positive pour les résultats scolaires des élèves issus de milieu défavorisé ? :
Quelle est la part du privé dans la ségrégation scolaire ?
Les écarts public/privé sont indiscutables. Le privé représente % des collégiens en France. Il contribue à près d’un tiers de la ségrégation observée. Il continue à accueillir de plus en plus d’élèves très favorisés. Mais ce constat est à nuancer. Dans les zones rurales et les petites villes, il n’y a quasiment pas de ségrégation public/privé. C’est plutôt le fait des grandes villes.
Les tendances évoluent-elles là aussi ?
La part d’élèves défavorisés était de , % en en secteur d’éducation prioritaire, de , % en public et , % en privé. Elle est de , % en en secteur d’éducation prioritaire, de , % en public et , % en privé. « La ségrégation à l’école a peu évolué entre et . » Comment financer l’enseignement supérieur français ? Telle sera la question de la prochaine conférence interactive des Entretiens de Nice, initiés par l’Edhec Business School pour verser au débat des éléments scientifiques et permettre à chacun de se forger une opinion. L’intervenant sera Pierre Courtioux, le directeur adjoint du pôle de recherche en économie de l’Edhec Business school. Le mardi juin, de h à heures au CUM.