Nice-Matin (Cannes)

La mère Besson a rangé ses casseroles

- CHRYSTÈLE BURLOT cburlot@nicematin.fr

La mère Besson a rangé ses casseroles. Finis les pieds et paquets, les daubes, les petits farcis et desserts maison. Finies les stars qui claquent la bise à la patronne et se frottent les mains en pensant à ce qu’ils vont manger...

Après trente-neuf ans de travail dévoué, les patrons Margaret et Yves Martin, remballent. Dans leur cuisine, désormais, flotte un parfum d’épices indiennes, celles utilisées par le repreneur, un jeune homme de 28 ans. C’est d’ailleurs l’âge qu’avait le couple lorsqu’il a pris la main. « Nous étions en Suisse à l’époque et c’est l’un des fils de la mère Besson qui nous a approchés. Elle avait ouvert en 1958 et souhaitait s’ar rêter » Les Martin ont accepté le deal : reprendre l’établissem­ent dans son jus avec les recettes de la mère Besson et ses équipes. L’aventure a débuté le 1er avril 1978 et s’est terminée il y a quelques semaines. Trente-neuf ans de souvenirs qui remontent en tournant les pages des livres d’or…

« Tavernier s’est changé dans nos toilettes»

Page 1 : une aquarelle d’Emmanuel Bellini, 2 : Marcello Mastroiann­i, puis Volker Schlöndorf­f, Tino Rossi, Eddie Barclay, Michel Legrand… Premier souvenir : celui de Maurice Pialat : «Vous vous souvenez son poing en l’air lorsqu’il avait dit : sachez que je ne vous aime pas non plus… Le lendemain midi, il est venu déjeuner et nous en avons parlé. Il m’a dit : “je me suis énervé sur le moment mais c’est pas grave tout cela, c’est passé maintenant” et il s’est assis… » Margaret reprend le livre et tourne… Un dessin d’André Verdet, les paraphes de Jean Yanne, Nick Nolte, Michèle Morgan… Et c’est le souvenir d’une grande fête dans le restaurant qui se présente : « C’était pour le film Détective, il y avait Johnny Hallyday, Nathalie Baye, c’était super… » Le livre de nouveau… Joël Cantona, Ken Loach, Dominique Besnehard : «Oh, adorable, il nous avait fait une petite chronique très gentille… » Et puis Margaret se met à rire : « Un souvenir rigolo : cette année-là, Tavernier devait recevoir un prix (2003 : la mise en scène pour Un Dimanche à la campagne) il n’avait pas envie d’y aller. Et il traînait, il traînait. Nous, on l’a poussé et au dernier moment, il est allé se transforme­r en pingouin dans nos toilettes… » Tarantino, Roger Hanin, Uderzo «qui avec Goscinny a fait la couverture et la préface de notre livre de cuisine » Coluche : «tendance à l’agressivit­é, mais je pense qu’il était timide…» Almodovar : « D’une gentilless­e, d’une douceur!!! Un homme qui aime les femmes, c’est sûr… »

« J’ai mal reçu Isabelle Huppert»

Isabelle Huppert : « Que j’ai très mal reçue » confesse Margaret : « Je ne l’avais pas reconnue et c’était le feu au restaurant, je ne pouvais pas lui donner de table immédiatem­ent, elle a un peu réagi et je lui ai parlé durement : “Vous attendez deux minutes s’il vous plaît ! » je lui ai dit”… Elle a été très vexée, mais elle est restée… » Tourne, tourne, tourne encore. Et puis Margaret montre des photos, les articles, autant de manifestat­ions de reconnaiss­ance pour les milliers de convives, célèbres ou pas, qui se sont assis dans son restaurant. Elle ne regrette rien : ni ces années de sacerdoce : du matin 11 heures jusqu’à 1 heure du matin, très peu de vacances. Ni le fait d’avoir cessé son activité : « Nous allons voyager, voir nos amis et puis personnell­ement, je suis investie dans les associatio­ns cannoises et je pratique des tas d’activités… » dit-elle en refermant ses livres.

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(Photo S. H, A. B-J, FB et D. R) À g. en haut : la mère Besson, en dessous Tavernier et Almodovar, au centre Pialat, à d. Isabelle Huppert et en dessous, Margaret et Yves Martin

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