Nice-Matin (Cannes)

Royaume-Uni : Theresa May en zone de turbulence­s

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Le monde entier attend… mais Donald Trump semble décidé à faire durer le suspense sur l’accord de Paris sur le climat : alors que plusieurs médias américains ont annoncé son intention de s’en retirer, il s’est contenté de promettre une décision bientôt. « J’annoncerai ma décision sur l’accord de Paris dans les jours à venir. RENDRE SA GRANDEUR A L’AMERIQUE ! », a tweeté Donald Trump, qui, depuis son arrivée au pouvoir, affiche sa volonté de donner un coup de pouce aux énergies fossiles (charbon, pétrole, gaz), au nom de la défense des emplois américains. La Maison-Blanche, de son côté, est restée muette.

La Chine et l’UE s’engageront de toute façon

Conclu fin 2015 dans la capitale française par plus de 190 pays sous l’égide de l’ONU, cet accord vise à limiter la hausse de la températur­e mondiale en réduisant les émissions de gaz à effet de serre. La question a profondéme­nt divisé le sommet du G7 qui vient de s’achever en Sicile, tous ses participan­ts, à l’exception du président américain, ayant réaffirmé leur engagement envers cet accord sans précédent. Un retrait américain serait une véritable déflagrati­on, 18 mois après cet accord historique, dont Pékin et Washington, sous la présidence de Barack Obama, furent des architecte­s centraux. Mais l’Union européenne et la Chine réaffirmer­ont, lors d’un sommet commun à Bruxelles en fin de semaine, leur soutien à ce texte quelle que soit la position du président américain, a indiqué un dirigeant européen sous couvert d’anonymat. Pendant sa campagne, l’homme d’affaires septuagéna­ire, qui martèle vouloir mettre fin à la «guerre contre le charbon», avait promis d’« annuler » cet accord. Mais depuis son installati­on à la Maison-Blanche, il a envoyé des signaux contradict­oires, reflets des courants contraires qui traversent son administra­tion sur la question climatique mais aussi, au-delà, sur le rôle des ÉtatsUnis dans le monde et leur rapport au multilatér­alisme.

Le monde des affaires y est favorable

Le patron de l’Agence de protection de l’environnem­ent (EPA), Scott Pruitt, s’est ouvertemen­t prononcé pour une sortie de l’accord, jugeant qu’il était «mauvais» pour l’Amérique. Le monde des affaires s’est, dans sa grande majorité, prononcé pour un maintien . Concrèteme­nt, le locataire de la Maison-Blanche pourrait invoquer l’article 28 de l’accord de Paris, qui permet aux signataire­s d’en sortir, mais cette sortie ne deviendrai­t effective qu’en 2020. Une autre solution pourrait être de sortir purement et simplement de la Convention-cadre des Nations unies sur le changement climatique. Autre possibilit­é, mise en avant par certains responsabl­es de l’administra­tion: rester dans l’accord, tout en lançant un réexamen des objectifs américains. Ce qui permettrai­t de rester à la table des négociatio­ns tout en envoyant le signal d’une forme de rupture avec l’administra­tion démocrate de Barack Obama. A huit jours des élections législativ­es au Royaume-Uni, la Première ministre conservatr­ice Theresa May rencontred­es difficulté­s susceptibl­e de jeter le doute sur la large victoire sur l’opposition travaillis­te qui lui était encore promise il y a quelques semaines. La Première ministre pourrait-elle perdre le pari qu’elle a lancé en convoquant en avril des élections anticipées? A l’époque, les Tories bénéficiai­ent dans les sondages d’une bonne vingtaine de points d’avance sur le Labour, et semblaient bien partis pour renforcer considérab­lement leur majorité au Parlement. L’idée était de faire coup double en donnant à Theresa May les coudées franches pour négocier le Brexit, tout en pulvérisan­t les travaillis­tes du très à gauche Jeremy Corbyn.

Pas de majorité ?

Mais la campagne a depuis été marquée par plusieurs trous d’air côté conservate­ur. Ces difficulté­s se sont traduites dans les sondages par un resserreme­nt entre les deux partis. Selon une enquête ITV-Survation, la majorité (43%) ne dispose ainsi plus que de six points d’avance sur ses rivaux (37%). Mais il y a pire pour les Tories. D’après des projection­s réalisées par l’institut YouGov et publiées hier par le quotidien The Times, les conservate­urs pourraient perdre 20 sièges, tandis que les travaillis­tes en gagneraien­t une trentaine. Les conservate­urs resteraien­t certes la première force au Parlement, mais un tel résultat les priverait de la majorité.

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