Nice-Matin (Cannes)

Affaire du tunnel de Tende: la route d’accès menacée Le procureur de Nice passe l’alerte au préfet Réunion à Cuneo aujourd’hui « Pire que l’ancien »

L’expert mandaté par le procureur de Nice confirme les risques liés au mur haut de onze mètres, édifié le long de la RD 6204. Ce matin, réunion franco-italienne consacrée au chantier à l’arrêt

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Il y a un danger grave et imminent en cas de fortes intempérie­s. » Quoi qu’il lui en coûte, Jean-Pierre Vassallo ne s’en cache plus. Oui, la route qui relie France et Italie via le tunnel de Tende est désormais menacée de fermeture provisoire. Les instances étatiques ont confirmé au maire de Tende ce que chacun pouvait craindre, au vu du piteux état du mur érigé sur le flanc de la RD6204 (1). Quatre-vingts mètres de long, près de onze mètres de haut et des fissures béantes, mal camouflées. Ainsi se présente le mur édifié à un jet de pierre du tunnel de Tende, en aval, dans la Roya. Attendu depuis plusieurs décennies, le chantier du doublement du tunnel est à l’arrêt depuis le 24 mai dernier, après un vaste coup de filet de la justice italienne. Les dix-sept personnes mises en cause sont toutes transalpin­es. Mais l’enquête s’est prolongée en France. Et, de ce côté-ci des Alpes, ce mur mal fagoté symbolise les dégâts collatérau­x de cette affaire navrante, partie d’un vol de métaux à grande échelle. Le procureur de la République de Nice, Jean-Michel Prêtre, avait diligenté une enquête de son côté début mai. Destinatai­re d’une « demande d’entraide pénale internatio­nale » du parquet de Cuneo, le magistrat français a saisi la section de recherches de Marseille, et mandaté un expert en travaux publics pour dresser «unétatdes lieux, qui n’a pas valeur d’expertise judiciaire ». Objectif: établir si des délits ont été commis côté français, et si les travaux déjà réalisés « constituai­ent des risques pour la sécurité publique. Notamment pour les usagers de la RD et pour les personnes susceptibl­es de circuler ou de travailler sous le nouveau tunnel ». Le rapport définitif est parvenu il y a quelques jours à Jean-Michel Prêtre. Le procureur l’a confirmé à Nice-Matin: « Sur le second point, le rapport confirme la possibilit­é de tels risques. Il revient donc aux autorités administra­tives, notamment à l’autorité préfectora­le que j’ai informée, d’en faire l’appréciati­on en terme de sécurité. » Selon nos informatio­ns, ce dernier avait demandé la tenue d’une réunion entre les autorités françaises et italiennes. Celle-ci a lieu ce matin. À la table de Cuneo: préfecture, région, parlementa­ires et maires. Au menu : un dossier brûlant. « Le nouveau tunnel est pire que l’ancien. » C’est l’une des phrases choc intercepté­es par les enquêteurs, citée par La Stampa. Autre citation édifiante : « Si personne ne meurt ici, on continue à travailler comme des m... » Francesca Nanni, procureur de Cuneo, a signalé à nos confrères qu’un programme de vérificati­ons « dense et rapide » avait débuté ce lundi. La durée : « Tout dépendra de ce que vont révéler les carotages, le géoradar et autres instrument­s. »

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(à gauche sur cette photo) (Photo Frantz Bouton) Au col de Tende, le mur édifié en aval du chantier inquiète autorités et experts. Le mur de soutènemen­t qui inquiète est situé à quelques centaines de mètres de l’entrée du tunnel côté français. (Photo P. C.)

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