Nice-Matin (Cannes)

Dddddd Notre avis

- PHILIPPE DUPUY pdupuy@nicematin.fr

De Cédric Klapisch (France). Avec Pio Marmaï, Ana Girardot, François Civil. Durée :  h . Genre : comédie dramatique. Notre avis : ★★★★

Cédric Klapisch est venu à Nice présenter son nouveau film, Ce qui nous lie. L’histoire d’une fratrie de vignerons de Bourgogne (Pio Marmaï, Ana Girardot, François Civil), confrontés à la succession de leur père. Une très jolie saga familiale, rythmée par le passage des saisons, dont le tournage s’est étalé sur toute une année. Le réalisateu­r, jusqu’ici très urbain, de la trilogie L’Auberge espagnole, nous parle de son « retour à la terre »

Le point de départ du film, c’était le vin ou la fratrie ?

C’est parti du vin. Le vin, c’est beaucoup de choses à la fois : le savoir faire, le terroir, la transmissi­on… Il y a toute une mythologie qui s’y rattache. J’avais vu le documentai­re de Jonathan Nossiter, Mondovino, et je m’étais fait la remarque qu’il n’y avait pas beaucoup de films français qui parlent du vin et des vignobles. Je ne me souvenais que de J’ai épousé une ombre. On était en plein débat sur l’identité française et s’il y a bien un produit qui représente ça, c’est le vin. L’idée de saga familiale et de fratrie est venue ensuite… Et a fini par prendre le dessus sur tout le reste. D’où le titre en forme de jeu de mot sur la lie de vin et le lien qu’il représente… De Kiyoshi Kurosawa. Avec Hidetoshi Nishijima, Yuko Takeuchi, Teruyuki Kagawa. Durée :  h . Genre : thriller. Notre avis : ★★ Vous êtes amateur de grands crus ? Mon père l’était. Avec une préférence pour le bourgogne qui a fait qu’on a tourné là-bas plutôt que dans le Bordelais. J’ai eu l’occasion de goûter du Romanée-Conti pendant le tournage et c’est assez imbattable, je dois dire…

Les repérages ont dû être difficiles…

(Rires) Assez, oui ! On a beaucoup goûté… Ça a inspiré la scène de la fête où Ana Girardot bafouille. Quand elle est pompette, elle parle vraiment comme ça. Ça nous faisait rire, alors on l’a mis dans le film…

Mine de rien, vous évoquez la spéculatio­n foncière, les

Un ex-détective devenu professeur en criminolog­ie s’installe avec son épouse dans un nouveau quartier, à la recherche d’une vie tranquille. Alors qu’on lui demande de participer à une enquête à propos de disparitio­ns, sa femme fait la connaissan­ce de leurs étranges voisins.

problèmes d’écologie, de transmissi­on du patrimoine… C’est un film politique ?

Il n’y a pas de discours politique, mais ça évoque des questions sociales importante­s. Un film parle souvent mieux des problèmes de société qu’un discours politique. L’Auberge espagnole, pour les gens, ça leur parle de l’Europe d’une façon plus proche que le traité de Maastricht…

Romain Duris n’était pas disponible pour le rôle de Jean ?

Je lui en avais parlé, mais je me suis aperçu à l’écriture que j’aurais besoin de quelqu’un de plus jeune. Je l’ai rappelé pour le lui dire et ça n’a pas posé problème. Et puis j’avais envie de tourner avec Pio Marmaï que j’avais rencontré sur le film de ma Le Secret de la chambre noire en mars, Avant que nous disparaiss­ions probableme­nt en octobre et… entre le film d’amour fantomatiq­ue et l’arrivée des Aliens voilà aujourd’hui le polar Creepy. C’est une évidence : Kiyoshi Kurosawa tourne à un rythme effréné et se plaît à varier les registres. La bonne nouvelle, c’est qu’il ne se répète pas, la mauvaise est que certaines de ses production­s font un peu bâclées et donnent l’impression, malgré un talent de mise en scène indéniable, de passer à côté de grands films. En témoignent certaines longueurs et une fin à rallonge de cette histoire de meurtres et de manipulati­ons, d’hypnoses, aux explicatio­ns aussi obscures que son sujet. La part de surnaturel femme, Lola Doillon. J’ai découvert François Civil sur les premiers épisodes de Dix pour cent que j’ai réalisés. Je suis parti de ces deux-là pour le casting, puis j’ai cherché la soeur car je voulais parler de la féminisati­on de la profession de vigneron. Ana Girardot s’est imposée au casting. Le rapport entre eux a dépassé toutes mes espérances : ils sont vraiment devenus frères et soeur.

Dans vos films, il n’y a jamais de dramatisat­ion excessive...

J’essaie effectivem­ent de faire fabriquer des drames dans l’infraordin­aire. C’est facile de dramatiser quand il y a une bombe à désamorcer ou un train qui déraille. Pour moi, le train intéressan­t, c’est celui qui ne déraille pas. Je trouve qu’il y a reste elle-même en suspens et fait regretter que l’auteur de Kaïro ne s’engage pas plus fermement sur la voie de l’horreur, celle ouverte par son compatriot­e Hideo Nakata remarqué par The Ring et Dark Water… Peu de sursauts donc, mais une atmosphère suffocante adoubée par un travail sonore remarquabl­e et des personnage­s charismati­ques. À la fois homme maladroit mais en réalité tueur démoniaque, Nishino ; interprété par un déroutant Teruyuki Kagawa est la principale attraction de ce Creepy. Sans être explosif, l’affronteme­nt psychologi­que entre cet homme aussi étrange que dangereux et son jeune voisin hanté par son passé de policier, demeure savoureux tout en laissant un goût d’inachevé en bouche. C. C. Jean (Pio Marmaï) a quitté sa famille et sa Bourgogne natale, il y a dix ans, pour faire le tour du monde. En apprenant la mort imminente de son père, il revient dans la terre de son enfance. Il retrouve sa soeur, Juliette (Ana Girardot), et son frère, Jérémie (François Civil). En l’espace d’un an, au rythme des saisons qui s’enchaînent, ces trois jeunes adultes vont retrouver ou réinventer leur fraternité, s’épanouissa­nt et mûrissant en même temps que le vin qu’ils fabriquent… Sur ce scénario de feuilleton télé, Cédric Klapisch trousse une très jolie comédie dramatique qui s’intéresse autant au contexte (la fabricatio­n du vin, la transmissi­on) qu’aux personnage­s, tous très attachants. Ça pourrait être gnangnan ou dramatique à l’excès, ça ne l’est jamais. C’est du Klapisch millésimé. Un bon cru, à consommer sans modération…

plus d’histoires à raconter avec les gens qui sont dedans.

Votre premier film s’intitulait Ce qui me meut. Celui-là, Ce qui nous lie. La boucle est bouclée ?

On peut dire ça, oui. Le cinéma, c’est ce qui m’a mis en mouvement et maintenant c’est ce qui me met en rapport avec les autres.

Comment se fait-il que vos films ne soient jamais sélectionn­és à Cannes ?

J’ai présenté celui-là, comme les précédents, en sachant pertinemme­nt qu’il ne serait pas pris. Il faut croire que je ne suis pas « Cannable ». Je ne fais pas partie du club. Je ne me l’explique pas, je le vis…

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(Photo Production)
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Navet Médiocre Moyen Bon Excellent (Photo Production) Chef-d’oeuvre

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