Emmanuel Macron
En obtenant 350 sièges (MoDem inclus), le Président a les pleins pouvoirs. Dès hier soir, il a reconduit son Premier ministre et l’a chargé de former un nouveau gouvernement d’ici à demain, 18 heures
Au lendemain d’un second tour des législatives qui lui a donné une des plus larges majorités parlementaires de la Ve République, Emmanuel Macron a les coudées franches pour mettre en oeuvre son programme présidentiel et devrait dans l’immédiat procéder à un remaniement « technique » [lire en page suivante] Selon les résultats définitifs, la République en marche (REM) et son allié du MoDem s’adjugent 350 sièges, très largement au-delà de la majorité absolue de 289 sièges. Mais en battant une nouvelle fois un record d’abstention (57 % contre 51,3 % au premier tour), les électeurs ont refusé de laisser « carte blanche » au nouveau président, relève la presse d’hier. « Seule l’abstention record vient ternir une victoire qu’aucun commentateur n’a anticipée en début de campagne », analyse Libération. « En deux élections et quatre tours de scrutin, la révolution En marche!, à laquelle personne ne voulait croire, a déferlé sur la France comme un tsunami », commente, pour sa part, Le Figaro. Mais il s’agit, pour La Croix, d’un « succès terni par l’abstention ». « Carton plein et urnes vides pour Macron », titre L’Humanité. Sur les 350 sièges de la majorité présidentielle, le MoDem de François Bayrou en obtient 42 et devrait donc former un groupe indépendant. Mais la présidence de l’Assemblée devrait échoir à un membre de la REM, selon M. Castaner. Les responsables deLa République en marche ! écartent le risque d’une Assemblée aux ordres de l’exécutif, malgré l’inexpérience parlementaire de nombreux élus. « Nous ne sommes plus dans une société d’obéissance où on demande aux parlementaires d’obéir au gouvernement. Nous sommes dans une société d’adhésion. Il va falloir que les ministres convainquent », a déclaré le président de la commission d’investiture JeanPaul Delevoye. L’alliance entre Les Républicains (LR) et l’UDI décroche 130 sièges, dont 112 LR. « Il n’y aura pas d’explosion », assure l’ancien député Bernard Accoyer, sans toutefois exclure un « débat » sur la position à adopter lors du vote de confiance au gouvernement, que plusieurs députés « constructifs » tel Thierry Solère, réélu dans les Hauts-de-Seine, souhaitent approuver.
Profond renouvellement
Le Parti socialiste n’obtient que 30 sièges (au lieu de 29 initialement car il y a eu une erreur de comptage à Mayotte). Très loin des 284 sièges de l’Assemblée sortante, deux fois moins que lors du désastre de 1993. Une « déroute incontestable », a admis son Premier secrétaire Jean-Christophe Cambadélis qui va quitter la direction du parti. Le député PS Olivier Faure, réélu avec 61 % des voix dans sa circonscription de Seine-et-Marne, sera candidat à sa succession à la présidence du groupe PS à l’Assemblée a-t-il affirmé hier. Non investi par le PS, mais sans concurrent REM, Manuel Valls est l’un des rares anciens ministres à survivre au naufrage. Il a annoncé dans une ambiance houleuse sa réélection dans l’Essonne avec 139 voix d’avance sur Farida Amrani (La France insoumise) qui lui conteste la victoire [lire en page suivante]. LFI obtient 17 élus et le Parti communiste, 10. Jean-Luc Mélenchon, élu à Marseille, a annoncé dimanche un « groupe parlementaire » LFI, sans évoquer les communistes. Comme annoncé dimanche soir, Le Front national obtient bien huit sièges et sa présidente Marine Le Pen découvrira le Palais-Bourbon, de même que son compagnon Louis Aliot. Ils y rejoignent Gilbert Collard, réélu dans le Gard. S’il quadruple le nombre de ses députés, le FN échoue cependant à constituer un groupe parlementaire de 15 députés. Mais Marine Le Pen espère y parvenir « dans les prochains mois ». Europe Écologie Les Verts disparaît pratiquement de l’Assemblée, avec un seul élu.