La sortie Rudy Molard
L’Antibois d’adoption a accepté le principe d’une interview sur le vélo. Une façon de mieux connaître celui qui prendra le départ de son troisième Tour de France samedi
La veille, Rudy Molard avait roulé plus de km échappé lors des championnats de France à SaintOmer (Pas-de-Calais). Quand il s’est fait reprendre, il a continué sa tâche à l’avant du peloton pour aider Arnaud Démare à décrocher le titre de champion de France. Quelques bières avec ses coéquipiers et les supporters pour fêter le maillot tricolore, un retour tardif chez lui à Antibes, mais une seule parole. Même fatigué, les jambes lourdes, le puncheur de la FDJ était à l’heure, lundi matin, pour partager une petite sortie dans l’arrière-pays cagnois. La seule de la semaine sur la Côte d’Azur, car l’Azuréen s’est envolé, hier, pour Düsseldorf, où il prendra le départ du Tour de France samedi. Sa troisième Grande Boucle, où il aura pour mission d’accompagner Thibaut Pinot lors des étapes escarpées.
Comment êtes-vous venu au vélo ?
C’est tout simple. Mon père faisait des courses en amateurs. Le dimanche, j’allais le voir sur les épreuves, ça m’a donné envie de faire pareil. A ans, j’ai eu mon premier vélo de route. J’ai pris ma première licence peu après chez les benjamins. C’était dans le club de mon père à Châtillon-sur-Chalaronne (Ain).
Vous préférez le pratiquer seul ou accompagné ?
Ça dépend de mon entraînement et de ma forme. Mais en groupe, c’est plus sympa, ça permet de discuter, surtout dans l’arrière-pays. Je roule régulièrement avec Amaël Moinard, Mikaël Cherel, et ça m’arrive avec Philippe Gilbert ou Nicolas Roche.
Qu’est-ce que le vélo vous apporte ?
Beaucoup d’émotions. C’est ma passion et j’arrive à en vivre. J’adore ça, autant à l’entraînement qu’en courses. Même après ma carrière, je continuerai à rouler. Je ne roulerai sûrement pas aussi assidûment, mais je ne m’imagine pas arrêter. Et puis, comme j’adore le matériel et qu’il évolue sans cesse, je me ferai plaisir.
Arrive-t-il un moment où vous ne pouvez plus voir votre vélo ?
Oui, ça m’arrive. Quand je suis cuit après les courses, ça peut être une contrainte d’aller rouler. Mais, ici, avec les bonnes conditions, ça part vite.
A quoi pensez-vous sur le vélo ?
Il y a plein de choses qui me viennent à l’esprit. Des fois, mon cerveau va vraiment loin et je ne me suis pas rendu compte que ça fait déjà heures que je roule. Je me refais des scenarios de courses, je pense aux suivantes, mais aussi à mes prochaines vacances, aux endroits que j’aimerais visiter...
Quel est votre point fort dans ce métier ?
Quand il y a des arrivées de puncheurs ou des courses d’usure, endurantes.
Quelle a été votre plus grosse frayeur ou gamelle ?
Ma chute à l’arrivée de la Route du Sud en . Un signaleur m’indique la mauvaise direction et puis, au dernier moment, se met au milieu de la route pour me donner la bonne. J’ai freiné et je suis tombé à pleine vitesse. Je n’ai rien eu de cassé, mais je me suis vraiment fait mal, j’en ai eu pour semaines de pansements (il montre la cicatrice à son coude encore visible). Le Tour juste après avait été dur.
Êtes-vous un cycliste qui respecte le code de la route ?
Scrupuleusement non, mais j’essaie. Je fais attention. Je prends assez de risques en courses alors j’évite de me mettre en danger à l’entraînement.
Sortez-vous sous la pluie ?
Non, sauf s’il pleut pendant - jours consécutivement. Dans ce cas, j’y vais, mais je n’aime pas du tout.
Etes-vous un adepte des appareils qui enregistrent et analysent vos performances ?
Heureusement, j’ai un bon entraîneur (Julien Pinot, le frère de Thibaut) qui le fait à ma place. Je regarde surtout les séances spécifiques, quand il y a de grosses intensités. Autrement, je suis plus à l’ancienne, aux sensations qu’aux techniques modernes. En courses, je regarde rarement mes watts, seulement si je dois rouler en tête du peloton, dans un chrono ou dans un long col.
Quel est votre parcours préféré dans la région ?
Je remonte la vallée du Var, puis je vais à Roquesteron par Gilette, puis le col de Bleine et Gréolières, où je m’arrête juste à la boulangerie pour manger un bout. C’est une sortie de h que j’adore. Je ne croise quasiment pas une voiture de la journée.
né le septembre à Gleizé (Rhône). ans. Installé sur la Côte d’Azur depuis septembre . Carrière : professionnel depuis (Cofidis et FDJ depuis ). Deux participations au Tour de France (, ).
m/ kg. pacsé à Manon depuis . Sans enfant. Un modèle : j’adorais Alejandro Valverde. Un objet fétiche : je mets des bracelets, j’aime bien sentir quelque chose autour du poignet. Des rituels : je nettoie toujours mes chaussures avant les courses. Une petite lingette pour qu’elles soient propres. Et je vérifie une dernière fois mes cales. collectives, comme dimanche dernier où on se sacrifie pour un leader qui va chercher le titre national. Pour le groupe, c’est très fort. Individuellement, ma victoire sur le Tour du Limousin. Km/an : km, dont entre et en courses. à l’école, je voulais faire pilote d’avion de ligne. J’aurais aussi aimé être chanteur, pour les émotions qu’ils peuvent ressentir sur scène. Le problème, c’est que je ne chante pas bien.