FOOTBALL Le jour d’après
Il y a eu l’accueil chaleureux et enflammé de la nuit précédente, lorsque plus de deux cents supporters du Gym avaient attendu jusqu’à 3h du matin le retour de leurs héros. Et puis celui d’hier après-midi. Plus calme mais tout aussi reconnaissant. Une vingtaine de fans du Gym, dont de nombreux enfants, avaient en effet fait le déplacement à Charles-Ehrmann pour assister à l’entraînement des Aiglons, le premier depuis l’immense exploit d’Amsterdam. Les joueurs ont eu le droit à une salve d’applaudissements à leur sortie des vestiaires. On a pu entendre des « Bravo, les gars!», «Merci» et remarquer la nouvelle popularité de Vincent Marcel, le buteur de l’égalisation et donc de la qualification. « C’est magnifique ce qu’il a fait, à son âge!», reconnaît Dominique, venu avec son fils Lucas.
« Leur montrer notre gratitude »
«Lucien Favre a été visionnaire de le faire entrer », renchérit Jean-Luc, supporter du Gym depuis 1984, « C’est un moment d’anthologie pour Nice. L’un des plus beaux en tant que fan. L’Ajax reste une équipe mythique. La physionomie du match a amené beaucoup d’émotions. » Autre grand bonhomme de l’exploit niçois, le nom d’Alassane Plea était aussi dans toutes les bouches. «Il s’est battu comme un dingue, témoignent Enzo, 14 ans et son petit frère Elliot, 8 ans. A la 90e minute, il sprintait encore pour revenir défendre. Il a été incroyable. » « Ils étaient tous bouillis, mais ils ont tenu au courage. Les voir mouiller le maillot comme ça, c’est une fierté, confie Dominique qui a hésité à se joindre au cortège venu saluer les Niçois au milieu de la nuit. C’est la moindre des choses que de leur montrer toute notre gratitude ». Le prochain adversaire en barrage (connu aujourd’hui) n’occupait pas encore totalement les esprits de supporters, peu enclins à donner leur préférence. « A ce niveau-là, ils sont tous très bons. Ce sera très dur», reconnaît Jean-Luc, qui estime quand même que «le jeu de Naples ou de Séville irait mieux au Gym que celui très athlétique de Liverpool ». « On est qualifié en Ligue Europa, le reste, ce n’est que du bonus, confirme Michel, après tout est possible. » Dominique encore : « Entendre le nom de nos possibles adversaires me donne des frissons. » A la veille de la reprise du championnat contre Saint-Etienne (20h), l’optimisme était palpable dans les rangs azuréens. «Je pense qu’on peut viser l’une des trois premières places ou être au moins dans les six. Il manque encore un peu de profondeur de banc pour jouer sur tous les tableaux. Un ou deux joueurs d’expérience supplémentaires, et nos jeunes vont encore se révéler », se projette Jean-Luc. En attendant quelques renforts, Nice a parfaitement négocié son premier test de la saison et donné, déjà, le sourire à des supporters rouge et noir qui n’en attendaient sûrement pas tant. Vivement la suite. Une vingtaine de supporters niçois se rappelleront longtemps de leur virée à Amsterdam. Pas pour les bonnes raisons, hélas, puisque ces derniers n’ont pas pu assister à la qualification de leur équipe. Pour des motifs assez flous, ils ont été interpellés par la police hollandaise, puis placés en garde à vue. « Franchement, c’était gratuit, déplore Greg Massabo, un des cadres des Ultras de la Populaire Sud. Dans la journée, on était sur une grande place, il y avait même des fans de l’Ajax. Tout se passait bien. La police néerlandaise a fait passer le message, comme quoi elle ne tolérait pas les mentions « ACAB » (All cops are bastards, en français « tous les flics sont des salauds ») sur les t-shirts et autres. Ok, sauf que seulement dix minutes après, ils ont interpellé trois jeunes. Ça leur a coûté euros chacun pour sortir du commissariat. » De nouveaux incidents ont éclaté à la sortie du métro, lorsque le cortège des supporters niçois se dirigeait vers l’Arena. « On a été chargé par les policiers à cheval, bloqué contre des grilles. Il y avait des femmes, des enfants, témoigne cette même source. Il y a eu des coups de matraque gratuits. On peut nous accuser de plein de choses. On n’est pas enfants de choeur, on est chaud, on l’assume, mais de là à se faire frapper gratuitement, non merci. C’était un guet-apens. Il y avait des flics en civil qui étaient en service commandé. On aurait dit des hooligans. Du coup, certains ont réagi et se sont fait arrêter immédiatement. Heureusement qu’André Bloch (officier de liaison, ndlr), en compagnie des autorités françaises, a calmé le jeu. On a évité un drame. » Alors que Nice réalisait le plus grand exploit de son histoire en Coupe d’Europe, quelques fans ont dû débourser plusieurs centaines d’euros pour recouvrer la liberté. « Au départ, on t’accuse de jet de pétards, puis ensuite d’outrage à agent, confie Massabo. C’était du grand n’importe quoi. Certains ont été libérés contre euros (voir photo cidessus), un autre pour euros et un autre gratuitement. La recette a dû être bonne. On peut clairement parler de racket organisé. Apparemment, c’est également légal aux Pays-bas. C’est inacceptable. La morale à deux balles dans un pays où il y a des dealers légaux, c’est un peu gros. »