Nice-Matin (Cannes)

J. Coquelin : du piano aux traditions provençale­s

- PROPOS RECUEILLIS PAR PHILIPPE DEPETRIS

En concert ce samedi en la chapelle Saint-Roch dans le cadre du « Suquet des Arts » avec ses compères du groupe « lei Troubaïre », Jacques Coquelin est une figure incontourn­able de la vie musicale de la Côte d’Azur. Le président de l’Académie Provençale de Cannes, nous conte son chemin de vie, entre sa passion pour les pianos de concert qu’il affûte comme des formules un pour les plus grands pianistes du monde dans les plus importants festivals, et pour les traditions provençale­s dont il est l’un des fervents défenseurs.

Quel est votre parcours ?

Je suis né à Bollène en . J’ai grandi dans cette région de Provence où l’on parle encore le provençal. Dès  ans, j’ai commencé le piano grâce à ma grand-mère paternelle qui avait décelé mon goût pour la musique et les arts en général. Mon père était ingénieur en béton armé. La femme de l’un de ses collègues jouait du galoubet dans un groupe folkloriqu­e. J’ai donc découvert ces deux instrument­s très tôt. Je me suis finalement dirigé vers la musique en passant mon prix de piano au conservato­ire de Valence puis celui du conservato­ire de Lyon avec aussi un prix de cor d’harmonie. J’ai ensuite découvert la technique d’accordeur réparateur de piano. J’ai pris mon bâton de pèlerin et découvert le compagnonn­age d’ateliers en ateliers chez Steinway à Hambourg, Bechstein à Berlin, Blüthner à Leipzig… Et j’ai embrassé ce beau métier que je continue à pratiquer avec passion.

Et la Provence ?

Je me suis installé à Cannes avec mon épouse Birgit en  comme accordeur réparateur de pianos. Ma mère faisait partie de l’Académie Provençale de Cannes du temps de son fondateur Victor Tuby, une grande figure du monde provençal. Dès , j’ai fait partie de cette associatio­n de maintenanc­e. J’en suis devenu le président il y a presque  ans pour perpétuer la tradition. J’ai contribué avec Philippe Bender à la création d’une classe de galoubet tambourin, au conservato­ire, pour former les futurs tambourina­ires.

Quelles sont les caractéris­tiques de la musique provençale ?

La musique basique de folklore est relativeme­nt limitée. J’ai travaillé pour en étendre le champ aussi bien sur le plan des techniques, de la virtuosité mais aussi en m’orientant grâce à mes rencontres vers un répertoire plus savant. D’où la création de notre ensemble « Lei Troubaïre ». J’ai suivi des cours pour parfaire mes études de la langue provençale ce qui est fondamenta­l pour maintenir nos traditions et affirmer notre identité provençale. C’est chez moi une affaire de famille. Cet héritage que nous ont légué nos anciens et qui est porteur de toutes nos valeurs humanistes, il nous faut le transmettr­e à notre jeunesse. C’est mon combat, celui du Félibrige fondé par Frédéric Mistral, Joseph Roumanille

‘‘ et plusieurs de leurs amis qui se sont battus pour le maintien de la langue et des traditions provençale­s. Je suis devenu félibre » en  et j’en suis fier!

Comment est né votre ensemble « Lei Troubaïre »?

Il est né en  d’une rencontre entre moi-même et un autre tambourina­ïre Olivier Saint-Picq et du clavecinis­te et luthiste Dimitri Goldobine. Nous voulions mettre en valeur le vaste répertoire musical situé à la charnière de la musique dite « savante » et celle que l’on qualifie de « populaire » ou « traditionn­elle ». Nous nous sommes spécialisé­s dans les musiques vocales et instrument­ales provençale­s, françaises et européenne­s du Moyen-Âge jusqu’à l’aube du XXe siècle, avec une instrument­ation originale qui présente le galoubet et le tambourin traditionn­els mais aussi l’orgue portatif, le luth la guitare baroque et des instrument­s à cordes ou à percussion originaux. Plus récemment, le jeune contre-ténor Florent Rami nous a rejoints et le timbre de sa voix et ses interpréta­tions élégantes et expressive­s apportent une couleur et une dimension supplément­aire aux arrangemen­ts que nous proposons.

Qu’allez-vous interpréte­r samedi ?

Nous allons explorer différente­s époques du Moyen-Âge au XIXe siècle en passant par la renaissanc­e et le baroque mais aussi des mélodies traditionn­elles que nous aimons particuliè­rement. Il y aura beaucoup de découverte­s autour de compositeu­rs tels que Guillaume de Machaut, Esprit Philippe Chedeville, Michel Lambert ou Joseph Boeuf, autant d’auteurs méconnus mais dont les oeuvres gagnent à être connues par leur qualité, leur esprit et leur expression. Ce sera un programme festif, abordable et agréable à écouter mais toujours d’une belle qualité musicale.

Transmettr­e notre héritage provençal à la jeunesse ”

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 ??  ?? Jacques Coquelin (à droite) sera en concert ce samedi  août à  h  à la Chapelle Saint Roch avec ses amis musiciens du groupe « les Troubaïre » dans le cadre de la manifestat­ion du Suquet des Arts. (Photo Ph. D.)
Jacques Coquelin (à droite) sera en concert ce samedi  août à  h  à la Chapelle Saint Roch avec ses amis musiciens du groupe « les Troubaïre » dans le cadre de la manifestat­ion du Suquet des Arts. (Photo Ph. D.)
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Jacques Coquelin accorde et prépare les pianos de concert qu’il affute comme des formules un pour les plus grands pianistes du monde. (Photo L.G.)

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