AUTO Raymond, leader à deux têtes
Plus que jamais déterminé à pousser les portes du top niveau, le jeune Varois confirme son statut d’espoir numéro 1 en empilant les victoires en Mondial (RX2) et aux États-Unis (GRC Lites)
Les voyages forment la jeunesse, paraît-il... À 24 ans, Cyril Raymond en sait quelque chose. Faute d’avoir pu prendre l’ascenseur pour aller défier les Sébastien Loeb, Petter Solberg, Mattias Ekstrom, Ken Block et autres cadors du championnat du monde de rallycross (World RX) cette saison, le meilleur espoir de la discipline, lauréat de la RX Lites Cup 2016, met les bouchées doubles à l’étage inférieur. Depuis quelques mois, le voilà qui joue à saute-mouton avec l’océan Atlantique. « Puisque la porte du top niveau ne s’est pas ouverte, l’écurie Olsberg MSE m’a proposé de prolonger l’aventure ensemble en tentant un défi inédit », raconte le jeune Varois qui empile désormais les victoires non seulement dans l’antichambre de la catégorie reine rebaptisée RX2, mais aussi en GRC Lites, la pépinière du championnat américain (Red Bull Global Rallycross). « Parvenir à décrocher les deux titres constituerait une performance sans précédent. Tout comme coiffer une seconde couronne d’affilée en Mondial RX2. Aujourd’hui plus que jamais, telle est mon ambition. »
En mode rouleau compresseur...
Une cible puissance deux que le Frenchie vivant à Saint-Raphaël quand il ne court pas d’une épreuve à l’autre devrait atteindre, sauf improbable renversement. En atteste un tableau de chasse copieusement garni (voir le chiffre). De quoi lui permettre d’aborder le money-time avec le plein de confiance... et son destin bien en main. Attendu aux tournants de part et d’autre par des jeunes loups prêts à le faire tomber de son piédestal, l’ambassadeur de l’ASA Circuit Paul-Ricard s’est vite remis en mode rouleau compresseur. « Si on utilise la même auto (châssis tubulaire, quatre roues motrices, moteur atmosphérique 2,4 litres de 310 chevaux, ndlr), chaque championnat possède ses propres caractéristiques », précise-t-il. « Côté US, les courses sont plus longues. En finale, il y a dix tours au lieu de six, donc il ne s’agit pas d’un sprint pur, d’autant que les tronçons en terre s’avèrent assez cassants. Certes, les pneus de Supercar chaussés là-bas offrent une meilleure adhérence, mais on doit gérer leur dégradation. Et puis il y a d’autres petites spécificités à assimiler. Le tour joker plus court, par exemple. Bon, je me suis adapté sans problème grâce aux membres du team qui roulent leur bosse depuis longtemps chez l’oncle Sam... » Le plus éprouvant pour lui fut sans aucun doute l’enchaînement des allers et retours jusqu’au break estival. « Négocier six week-ends de suite, croyez-moi, c’est dur. Cadences infernales, physiquement et mentalement. À la pression inhérente aux courses s’ajoutent les décalages horaires incessants. Il n’y a jamais de coupure, aucune plage de repos. Lors de l’ultime échéance, à Indianapolis, je me sentais à bout de souffle, lessivé. En fait, je découvre ainsi le rythme d’un pilote professionnel. Maintenant, il me faut juste réussir à devenir un vrai pro qui vit de son sport ! »
La Marseillaise à Lohéac ?
Rentré d’Atlantic City avec la bagatelle de 68 points de marge sur son rival numéro 1 dans les bagages, l’unique pilote européen du GRC Lites peut envisager raisonnablement de convertir son coup d’essai en coup de maître lors de la finale californienne programmée le 14 octobre à Los Angeles. Dans l’immédiat, le regard du leader à deux têtes est tourné vers Lohéac, le temple breton du rallycross où il tentera de creuser un écart quasi décisif ce week-end sur le front du RX2. « C’est un déplacement express car il n’y a que l’Hexagone à traverser ! Belle fête populaire en perspective dans un paddock plein à craquer, devant quelque 70 000 spectateurs. Évidemment, j’aurais bien aimé plier l’affaire à domicile. Hélas, le pneu arrière gauche déjanté en Suède en a voulu autrement. Avec 14 longueurs d’avance aujourd’hui (sur le Britannique Dan Rooke, 2e), quel que soit le résultat là-haut, il faudra attendre le verdict de la dernière étape, le 10 novembre en Afrique du Sud. » À l’instar d’un certain Loeb dans cette cour des grands qu’il aspire à rejoindre bientôt, Cyril Raymond ne visera qu’un seul objectif, dimanche : « Faire retentir la Marseillaise en France. »