Un Cannois aux commandes du Grand Jury
Né dans la cité il y a 40 ans, Benjamin Sportouch est depuis peu aux commandes de l’émission Le Grand Jury de RTL. « Un véritable honneur », confie-t-il. Rencontre
Ce Cannois a quitté la cité des festivals juste après son bac (lire par ailleurs) mais y garde de nombreuses attaches puisqu’une partie de sa famille, comme sa grand-mère et ses parents, y vivent toujours. L’occasion de revenir plusieurs fois par an dans cette ville qui lui a très tôt donné envie de devenir journaliste politique. La politique, ce monde dont il a toujours une haute opinion, « malgré tout ». Nous l’avons interviewé quelques jours avant qu’il prenne le relais d’Olivier Mazerolle dans l’émission dominicale mythique de RTL.
Même si vous vivez à Paris depuis presque vingt ans, racontez-nous Cannes. Y revenez-vous souvent ? Quelles sont vos adresses ?
Malheureusement non, à peine deux fois par an, mais j’avoue que quand je suis là je vais souvent à la plage (rires). Quand on habite ici, on ne se rend pas compte du caractère précieux du climat méditerranéen, on a trop l’habitude et on ne réalise que quand on le quitte. Dorénavant, je vais me baigner du côté du Moure Rouge mais ma plage d’origine c’est celle du Midi, devant le kiosque n° , c’est vraiment ma madeleine de
‘‘ Proust. Comme le port Canto où j’allais faire du manège quand j’étais plus petit. Sinon j’adore aller à La Pizza Cresci, déambuler près du kiosque à musique et dans le Suquet. Mais je ne suis pas tous les quatre matins sur la Croisette, je fuis quand même la foule, je cherche les endroits plus typiques.
Une ville politique qui vous a donné envie
très tôt d’en faire votre spécialité en tant que journaliste.
Exactement. J’ai baigné dans un endroit où il y a toujours eu une grosse actualité politique, très riche, pour le meilleur et pour le pire. Cette ambiance a indéniablement participé à ma formation de journaliste. Je me rappelle avoir écrit à Michel Mouillot (maire de Cannes de à NDLR) pour qu’il mette en place un conseil municipal des jeunes. Il m’avait répondu mais sa réponse ne m’avait pas satisfait. Et comme il n’a jamais mis en place la mesure que je proposais, je lui ai réécrit, en cachette de mes parents. Cette foisci ma démarche est restée lettre morte (rires). Je me dis qu’il y avait déjà une graine de journaliste politique car déjà très jeune je n’ai pas lâché l’affaire. J’ai détesté qu’il n’y ait pas de suite. Entre autres souvenirs de ma jeunesse politisée, il y a aussi ce numéro de NiceMatin que j’avais découpé en pour les élections législatives et que j’ai retrouvé il n’y a pas longtemps. J’ai d’ailleurs une vraie histoire avec le journal puisque j’ai fait deux mois de stage dans l’agence d’Antibes en et que mon père y est abonné depuis quarante ans.
Tous ceux qui souhaitent devenir journaliste politique n’y arrivent pas. Comment avez-vous réussi à atteindre votre objectif de toujours ?
J’ai fait au gré des opportunités. C’est un métier très difficile mais mon média de prédilection, ça a toujours été la radio. Quand je sors du Celsa en , je gagne la bourse Dumas de RTL (du nom du journaliste qui a mis fin à ses jours après avoir été blessé dans l’effondrement de la tribune du stade ArmandCesari
‘‘ à Furiani NDLR). Un prix qui me permet de faire trois mois de CDD dans la maison. Je reste pigiste pour eux mais aussi pour l’AFP, pour laquelle je couvre la banlieue. J’y ai traité les faits-divers. J’adorais ça, j’étais chroniqueur judiciaire. Attaché au palais de Justice de Paris, j’ai notamment suivi l’affaire Clearstream (scandale politico-financier dans lequel des listings bancaires truqués étaient destinés à faire croire que des personnalités détenaient des comptes occultes à l’étranger parmi lesquelles Nicolas Sarkozy NDLR). À ans, en je deviens journaliste politique pour l’AFP rattaché à Matignon. J’ai suivi François Fillon, premier ministre de l’époque, dans tous ses déplacements pendant trois ans et demi. Je suis ensuite repassé par L’Express avant de revenir à RTL en où je suis devenu rédacteur en chef adjoint du service politique de la maison, mais aussi le joker d’Olivier Mazerolle dans l’émission Le Grand Jury l’an dernier.
Olivier Mazerolle à qui vous succédez donc.
Il me cède sa place oui, c’est un honneur et un défi de taille car c’est une figure du journalisme politique. J’adore l’interview politique. La tache est excitante mais aussi très stressante pour plusieurs raisons. Ma première obsession c’est de ne surtout pas être déconnecté de ceux qui nous écoutent et nous regardent. Il faut être capable de relayer leurs interrogations et rester en phase avec leurs propres questionnements. Autre défi : beaucoup de ministres sont maintenant des techniciens et non plus des politiques. Nous, journalistes, devons donc travailler en profondeur les dossiers et je trouve ça vraiment passionnant. On est moins dans la
communication politique qu’à une époque. Ca représente beaucoup de travail et l’aide de notre documentaliste est précieuse. Et puis je ne suis pas tout seul en plateau, nous serons trois intervieweurs puisqu’on a un partenariat avec LCI et Le Figaro.