Cette retraitée veut aider les seniors à se protéger
Gérer des parents dépendants, faire les bons choix pour son patrimoine, anticiper sa vieillesse… Pour aider à se prémunir des arnaques, Michèle lance l’Amicale des seniors de Nice
Quand je suis partie à la retraite, un de mes collègues m’a lancé : “Attention, les vautours vont s’abattre sur toi !” » À l’époque, Michèle, Niçoise de 65 ans, avait trouvé la mise en garde inquiétante. Le tableau brossé un peu trop noir. « J’ai rapidement compris qu’il avait raison. En prenant de l’âge, on devient davantage la cible de personnes mal intentionnées. » Pour opposer une force de résistance, cette retraitée de l’Éducation nationale vient de créer une amicale d’entraide : un senior power fait de partage d’expériences pour éviter les pièges tendus par des personnes peu scrupuleuses…
Le déclic
« Tout a commencé quand j’ai dû m’occuper de ma mère, » raconte-t-elle, assise sur un banc des jardins de la villa Masséna. C’était il y a plus de sept ans. Michèle travaille encore et jongle entre son métier d’enseignante et l’organisation des soins à domicile pour sa mère. « Kinés, infirmières, auxiliaire de vie. C’est ahurissant ! Dans la vie, on vous prépare à être étudiant, à passer un entretien d’embauche. Mais, finalement, on parle assez peu de la vieillesse. On n’est pas armé. » Elle traverse ces années délicates. Tâtonne avant de trouver des solutions. Au décès de sa mère, elle décide de contracter un viager. Là encore, c’est le parcours du combattant, semé de pièges. « J’ai pris mon temps. » Elle consulte de nombreux professionnels. « Si je n’avais pas l’énergie et mon parcours de professeur documentaliste qui m’a donné des outils pour chercher de l’information, la recouper, j’aurais été abusée. Or, le problème, c’est que souvent, les personnes pensent au viager vers 80 ou 85 ans, et c’est plus difficile quand on avance en âge de se défendre. » Elle sourit. « Les gens me regardent comme une vieille, j’ai les cheveux blancs, mais dans ma tête ça fonctionne bien. » Elle plante son regard noir dans le nôtre. « Vous voyez la vieillesse c’est un peu comme si vous aviez la grippe en permanence. Or, en plus, vous devez vous méfier des vautours. Alors, je me suis dit qu’en étant solidaires, on serait plus fort pour résister. » Michèle en est intimement persuadée : un senior averti en vaut deux. Pour échanger, alerter les personnes âgées des pièges à déjouer, elle vient donc de lancer l’Amicale Nice seniors, avec une boîte mail dédiée. Si jusqu’à présent elle n’était pas vraiment branchée réseaux sociaux, la retraitée a choisi de les utiliser pour mener son combat au nom des seniors. « Pour la page Facebook de l’amicale, j’ai mis comme image le chardon, parce que ce symbole de l’Écosse représente la résistance et le triomphe ! »
« On est plus fort àdeux»
« On est plus fort quand on n’est pas seul. La solidarité, c’est, par exempl e, si on est victime d’un abus, aller porter plainte. Mais accompagnée. Une démarche à deux ça facilite tout. » Sur le banc à côté d’elle, une dame d’une soixantaine d’années, se joint à la conversation. Elle raconte ses récents déboires avec un artisan peu scrupuleux. « Je l’ai mis dehors, il voulait m’arnaquer. » Michèle enchaîne : « Quand vous êtes âgée, et une femme de surcroît, lorsque vous déposez plainte, on vous prend pour une vieille c…, à deux ce n’est déjà plus pareil. À la rigueur on vous considère comme deux mégères, mais c’est mieux, et surtout, vous avez un témoin, c’est important. » Avec l’Amicale, elle espère faire oeuvre utile, en permettant aux Niçois-e-s d’aborder cette période de la vie de façon plus sereine.