Sur les allées du pouvoir…
Ils sont plusieurs centaines de technocrates ambitieux à avoir préféré ronger leur frein sous le char de l’État plutôt que d’aller chasser le bonus dans les banques privées. Souvent plus nombreux qu’autorisés mais toujours moins nombreux que leurs patrons ne le souhaiteraient, on les appelle des conseillers. Ils prodiguent leurs conseils à des hiérarques mieux informés qu’eux des affaires publiques sans qu’on sache jamais s’il s’agit de l’opportunité d’un déplacement ou de la couleur d’une cravate en cas d’apparition à la télé. Les plus cultivés se chargent de l’écriture des discours que l’Excellence n’a pas toujours eu le loisir de lire avant de le prononcer. Le conseiller est au ministre voire au président de la République ce que l’attaché parlementaire est au député ou au sénateur : un tâcheron multifonctions qui porte la bonne parole et qu’il ne faut donc pas confondre avec l’officier de sécurité qui porte les imperméables. En principe, il oeuvre dans l’anonymat. Cependant, il arrive que son employeur cite son nom. Ainsi, Henri Guaino a-t-il été plus fustigé que Nicolas Sarkozy après le portrait de l’homme africain brossé à Dakar. Quand le conseiller est lassé de bichonner les taureaux, il tente à son tour d’entrer dans l’arène. Avec l’arrière-pensée de devenir ministre et de recruter d’anciens gouvernants
comme conseillers.