Nice-Matin (Cannes)

Golfe-Juan : ultime sursis pour les plages du Soleil

Hier après-midi, lors de l’audience du tribunal administra­tif de Nice, le rapporteur public a demandé la démolition des établissem­ents privés, comme le réclame le préfet. Jugement sous 30 jours

- M.-C.A mabalain@nicematin.fr

Reportée à deux reprises, l’audience du tribunal administra­tif qui doit décider de la démolition, ou pas, des plages privées du Soleil, à Golfe-Juan, a finalement eu lieu, hier après-midi, comme prévu (1). Pour autant, les exploitant­s devront encore patienter pour être définitive­ment fixés. Comme c’est la règle, le tribunal, présidé par Bertrand Parisot, a mis en délibéré son jugement qui devrait être rendu dans quinze jours ou un mois, maximum. De quoi mettre à vif les nerfs, déjà très éprouvés, des gérants de « Tetou », « Chez Nounou » et « Vallauris Plage ». D’autant que Gilles Taormina, rapporteur public, a demandé dans ses conclusion­s la démolition, aux frais des exploitant­s, des installati­ons en dur, insistant sur le fait que les exploitant­s étaient « sans droit ni titre » depuis fin décembre 2005, la concession accordée par l’État à la commune n’ayant jamais été renouvelée.

Pas d’astreinte, mais…

Le rapporteur suivait ainsi le préfet qui a saisi le tribunal. Dans le cadre du respect de la loi littoral et du décret Plage de 2006 qui en découle, il demande « la remise en état des lieux après démolition des ouvrages construits sans droit ni titre sur le domaine public maritime». Le préfet, représenté lors de l’audience par Serge Castel, directeur de la DDTM (Direction départemen­tale des territoire­s et de la mer) réclame également « une astreinte de 500 euros par jour de retard et au besoin l’interventi­on de l’État ». La condamnati­on à une astreinte a été exclue par le rapporteur public qui a recommandé aux juges, «vu l’ampleur des démolition­s, un délai d’exécution suffisamme­nt large ». Piètre consolatio­n pour les exploitant­s des plages qui, hier, n’ont pas assisté à l’audience. À l’exception notable de Gilles Esmiol, à la tête du presque centenaire « Chez Nounou » depuis des décennies. Les avocats, qui ont déposé durant l’été auprès du tribunal des mémoires qui seront examinés avec soin par les juges, ont été invités à prendre la parole par le président Parisot.

Sans droit ni titre ?

Très techniques, les interventi­ons ont porté sur trois points essentiels. Primo, l’allégation d’occupation « sans droit ni titre » est réfutée. Les avocats – Mes Stéfani-FenoudBech­told pour « Tetou » et Vallauris-Plage », Me Agnès Elbaz pour « Nounou » – ont insisté sur l’existence de baux commerciau­x, parfois Serge Castel, directeur de la DDTM (Direction départemen­tale des territoire­s et de la mer) est formel : « Dans ce dossier, l’État a été patient. Nous avons même autorisé une poursuite de l’exploitati­on pour la saison . Dès , les exploitant­s des quatre établissem­ents ont été informés et mis en demeure de régularise­r leur situation. En janvier , nous avons rencontré la commune de Vallauris-Golfe-Juan pour l’accompagne­r dans le lancement d’une nouvelle concession dans le respect du même de propriété de fonds de commerce et autres « sous locations » valant «titres de sous concession­s » attribués au fil des années par la Ville , avec signature du préfet. Sans parler d’autorisati­ons d’urbanisme et de permis de construire pour des extensions. Tous ont rappelé le versement de taxes foncières et le paiement, en régie directe à l’État, de redevances. « Puisque la concession n’existait plus depuis 2005, pourquoi avoir attendu 2014 [N.D.L.R. : année des premiers rappels à l’ordre de la décret Plage. Des réunions ont eu lieu. La Ville a présenté un projet, en tenant compte des nouvelles surfaces d’exploitati­on respectueu­ses du décret... À partir de là, les parties adverses ont refusé. D’où les procèsverb­aux de grande voirie ». Des PV qui empêcheron­t les actuels exploitant­s de postuler pour l’attributio­n des nouvelles concession­s. Les représenta­nts du cabinet Stifani ont dénoncé «un projet trop flou » et réfuté « la patience de l’État ». Bref, le dialogue est impossible. « C’est une situation DDTM auprès des plagistes et de la commune] pour dénoncer cette absence ? » a interrogé Me Elbaz. L’autre point de défense porte sur le fait de déterminer si la plage du Soleil releve du domaine public maritime naturel ou pas. Les représenta­nts des plagistes ont mis en avant l’étude, commandée par leurs soins à un expert hydrologue «réputé» et qui montre que la plage a été agrandie artificiel­lement lors de la constructi­on de la route du bord de mer, avec l’apport de remblais et qu’elle a été engraissée régulièrem­ent. Or, la propriété de l’État ne peut être composée que «d’éléments naturels. » « Si la plage est naturelle, donc propriété de l’État, il faut que ce dernier fixe avec précision les délimitati­ons du domaine public maritime », ont plaidé les avocats. Le tribunal administra­tif va-t-il demander à la DDTM de procéder à des mesures des lais, c’est-à-dire le trait de côte laissé par la mer ? À suivre… Enfin, si démolition il doit y avoir, les plagistes, par la voix de leurs conseiller­s, annoncent la couleur : ils demanderon­t devant la justice des indemnisat­ions et le financemen­t des travaux de démolition par la Ville et l’État. Ils s’appuient notamment sur les baux commerciau­x accordés. «On a fait croire par leur délivrance à une autorisati­on légale ». de blocage », a déclaré Serge Castel qui a demandé au tribunal, dès qu’il aura rendu son jugement et si ce dernier est favorable à l’État, bien sûr, « un délai d’exécution limité à deux mois pour le début de la démolition. Le temps est compté pour lancer la nouvelle délégation de service publique. Il faut aller vite pour que les nouveaux lots puissent être attribués et aménagés. L’objectif est d’ouvrir pour la saison  ». Le représenta­nt de l’État a cité en exemple positif le cas de l’établissem­ent Pascalin Plage. L’exploitant a accepté de démolir à ses frais. Hier, le rapporteur public a demandé une relaxe pour « Pacalin Plage ». M. Castel a proposé un « sursis à statuer ».

 ?? (Photo Sébastien Botella) ?? Démolition ou pas ? Fin de saison glaciale pour les plages du Soleil. Gilles Esmiol, qui exploite « Chez Nounou », a été le seul plagiste présent hier à l’audience. (Photo M.-C.A)
(Photo Sébastien Botella) Démolition ou pas ? Fin de saison glaciale pour les plages du Soleil. Gilles Esmiol, qui exploite « Chez Nounou », a été le seul plagiste présent hier à l’audience. (Photo M.-C.A)
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