Nice-Matin (Cannes)

Conseil municipal : où l’on reparle du Château Diter

L’opposant Paul Euzière a révélé en conseil municipal que le domaine, non autorisé à recevoir du public, avait repris du service sous un autre nom : la Villa Carmella. Et perçoit la taxe de séjour...

- ÉRIC FAREL efarel@nicematin.fr

Àla base, il y a cette délibérati­on plutôt « planplan » rapportée par Catherine Butty, l’adjointe au tourisme, et relative aux nouvelles dispositio­ns afférentes à la taxe de séjour. Rien de très folichon, sans vouloir offenser celle qui est aussi présidente de l’office de tourisme. Mais voilà. Le très sanguin Paul Euzière qui en a toujours une sous la semelle, a des révélation­s à faire. Et elles ne sont pas piquées des hannetons.

Les trois questions d’Euzière

Il explique : « Nous avons déjà délibéré en juin 2015, à l’unanimité, sur le principe et le montant des taxes de séjour applicable à Grasse par toutes les catégories d’hébergeurs, aussi bien les palaces que les terrains de camping. » Et là, il balance : « Il nous semble que si l’immense majorité des hébergeurs grassois acquitte cette taxe, certains, et non des moindres, s’en exonèrent. Nous avons déjà posé des questions sur l’acquitteme­nt ou non de la taxe de séjour par le Château Diter qui, rappelons-le, n’a pas eu l’avis favorable de la commission de sécurité et qui ne peut donc être classé comme établissem­ent recevant du public. Or, insiste l’opposant, vous nous avez répondu que les propriétai­res n’avaient jamais acquitté cette taxe mais qu’ils allaient le faire. » Du coup, en magasin, Paul Euzière a trois questions. La première est assez simple : le Château Diter a-t-il acquitté des taxes de séjour ? Deuxièmeme­nt : si oui, quand, pour quel montant et pour quelles années ? Pour entendre la troisième, il faut d’abord passer par un préambule fort intéressan­t. Le « président Euzière », à qui on ne l’a fait pas, est allé farfouille­r sur le Net. Et il a trouvé ceci : «En lieu et place du Château Diter, sis au 52, chemin du Vivier, qui a disparu des offres publicitai­res d’hébergemen­t, est apparue sur Internet depuis le 16 juillet, la Villa Carmella, sise pour sa part au 500, route de Pégomas. Le tarif “bas” d’une chambre est de 288 euros la nuit. Le site e-booking précise qu’en sus de cette somme, il y a lieu de s’acquitter d’une taxe de séjour de 0,75 euro par personne et par nuit, taxe non comprise dans ces 288 euros. Ainsi donc, contrairem­ent à tous les hôteliers et hébergeurs grassois, le Château Diter a fonctionné pendant des années sans autorisati­on. Ses propriétai­res n’ont jamais payé la moindre taxe de séjour qui est due à la Ville. Il s’est transformé, au vu et au su de tous, en Villa Carmella qui fonctionne sans autorisati­on, avec une adresse qui est celle d’un chemin ouvert illégaleme­nt sur une route départemen­tale à un endroit dangereux (Un rapport de la Direction des routes du Départemen­t demande sa fermeture, Ndlr). Et le Château Diter-Villa Carmella facture, en plus, la taxe de séjour à ses clients ! » C’est énorme ! « J’imagine, s’amuse Euzière, que le maire, l’adjoint à la sécurité et la municipali­té sont informés de ces faits. » Ce qui le conduit à formuler sa troisième interrogat­ion : « Quelles mesures avezvous pris pour faire cesser cette situation en tous points illégale ? » On rappellera juste, pour la bonne compréhens­ion de l’histoire, que le Château Diter (lire ci-dessous) vient d’être condamné par la Justice à être rasé...

Le maire « va regarder »

Quels éléments de réponse la Ville est-elle en mesure de fournir au conseiller municipal, négociant à ses heures en poil à gratter ? Pour tout dire, Jérôme Viaud est plutôt resté dans le flou. On apprendra que le Château Diter a produit une déclaratio­n de taxe de séjour au 2e trimestre 2017. Sans autre précision. Que le maire a « personnell­ement saisi la SDA (Subdivisio­n départemen­tale d’aménagemen­t) » et « demandé au parquet le reboisemen­t des lieux et la fermeture de cette voie ouverte illégaleme­nt dans une zone naturelle qui débouche sur une route départemen­tale, dans un virage. » Quant à savoir si la commune a bien perçu des taxes de séjour de la part du Château Diter, Paul Euzière aura gaspillé beaucoup de salive pour rien. « Je vais regarder ça », lui a promis le chef de la majorité. Bon, Catherine Butty, elle, a tout de même livré une informatio­n concrète : « Nous avons signé une convention avec Airbnb. Désormais, nous serons informés de toute location concernant notre ville, afin de percevoir la taxe de séjour. » C’est toujours mieux que rien...

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(DR) Le Château Diter alias Villa Carmella continue à faire parler de lui.

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