Nice-Matin (Cannes)

Conseil d’agglo: passe d’armes sur les indemnités

Alors que le Conseil d’agglomérat­ion entérinait tranquille­ment la plupart des délibérati­on, le volet sur les émoluments de nos élus a provoqué une passe-d’armes aussi vive qu’inattendue

- ALEXANDRE CARINI acarini@nicematin.fr

Et soudain, il s’est passé quelque chose ! Preuve que le conseil d’agglomérat­ion, même clairsemé, n’est pas tout à fait qu’une chambre d’enregistre­ment consensuel­le. La séance d’hier se déroulait pourtant comme un long fleuve tranquille. David Lisnard, nouveau Président de la CAPEL, avait fait assaut d’amabilité en conviant son prédécesse­ur, le député Bernard Brochand, à quitter les rangs de simple conseiller communauta­ire pour reprendre une place en tribune. Propositio­n non suivie d’effet par l’intéressé, mais saluée par Henri Leroy, vice-président mandolocie­n (sur le départ) de la CAPEL. Mais la politique, ce n’est pas les bisounours en costumes. Et lorsque Georges Botella, maire de Théoule et vice-président, évoque la répartitio­n des indemnités (voir encadré) entre viceprésid­ents, le conseiller cannois Olivier Vasserot (soutenu par Henri Céran) sort les crocs : « Cette délibérati­on est assez malvenue dans le contexte économique actuel qui réclame des efforts de tous ».

«Légal, pas légitime»

Et le militant LR de faire référence aux déboires judiciaire­s et électoraux du candidat Fillon, pour estimer que « les électeurs ne supportent plus cette image d’élus qui récupèrent tout ce qui est récupérabl­e. C’est légal, c’est vrai, mais ce n’est pas légitime ». Rappelant que les sommes concernées s’élèvent à 178 000 € annuels, le contrôleur général économique et financier dans l’administra­tion publique conclut : « Si vous voulez conserver un peu de crédit, soit vous retirez cette délibérati­on, soit il faut revoir ces indemnités à la baisse ». Une leçon d’argent et de probité qui suscite l’indignatio­n de David Lisnard (lequel ne touche pas son indemnité de président), décidé à rendre la monnaie de leur pièce aux « moralisate­urs de l’argent public ». «Votre conseil est une posture. Assimiler des versements réglementa­ires à des faits réprimés par la justice est honteux !, s’insurge le maire de Cannes. Ce qui coûte cher, ce sont les mauvais élus. Nous appliquons une très grande sobriété dans la dépense, et ce qui compte, c’est l’efficacité ! »

Prix du « sacrifice » ?

Et d’ajouter que les indemnités versées par la CAPEL représente­nt en réalité une économie de 150 000 € annuels, au regard des émoluments versés autrefois au sein des différents syndicats intercommu­naux. « Ces indemnités sont prévues par les textes. Votre comparaiso­n flatte l’opinion, mais moi, je préfère qu’on défende le contribuab­le ». Et Henri Leroy d’enfoncer le clou : «On ne peut pas comparer une indemnité à un salaire ! Ces indemnités ne sont pas assez élevées au regard des sacrifices profession­nels et financiers de certains élus ». Georges Botella en met une dernière couche: « Médecin libéral, j’ai partagé mes indemnités de maire avec mes colistiers. Si on fait ça, ce n’est pas pour l’argent, mais par conviction ! » La délibérati­on a été adoptée à la majorité, moins deux voix cannoises contre (Henri Céran et Olivier Vasserot) et deux abstention­s mandolocie­nnes (Jean-Valéry Desens avec pouvoir). Mais côté CAPEL, certaines voix ne se sont pas gênées de signaler « en off » qu’en tant que conseiller municipal d’opposition, Olivier Vasserot touche lui aussi une indemnité (environ 200 € mensuels). Et qu’à ce jour, il n’y a pas renoncé...

 ?? (photo Patrice Lapoirie) ?? Henri Céran et Olivier Vasserot ont provoqué un petit coup d’éclat, en interpella­nt les élus sur leurs indemnités.
(photo Patrice Lapoirie) Henri Céran et Olivier Vasserot ont provoqué un petit coup d’éclat, en interpella­nt les élus sur leurs indemnités.
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France