Conseil d’agglo: passe d’armes sur les indemnités
Alors que le Conseil d’agglomération entérinait tranquillement la plupart des délibération, le volet sur les émoluments de nos élus a provoqué une passe-d’armes aussi vive qu’inattendue
Et soudain, il s’est passé quelque chose ! Preuve que le conseil d’agglomération, même clairsemé, n’est pas tout à fait qu’une chambre d’enregistrement consensuelle. La séance d’hier se déroulait pourtant comme un long fleuve tranquille. David Lisnard, nouveau Président de la CAPEL, avait fait assaut d’amabilité en conviant son prédécesseur, le député Bernard Brochand, à quitter les rangs de simple conseiller communautaire pour reprendre une place en tribune. Proposition non suivie d’effet par l’intéressé, mais saluée par Henri Leroy, vice-président mandolocien (sur le départ) de la CAPEL. Mais la politique, ce n’est pas les bisounours en costumes. Et lorsque Georges Botella, maire de Théoule et vice-président, évoque la répartition des indemnités (voir encadré) entre viceprésidents, le conseiller cannois Olivier Vasserot (soutenu par Henri Céran) sort les crocs : « Cette délibération est assez malvenue dans le contexte économique actuel qui réclame des efforts de tous ».
«Légal, pas légitime»
Et le militant LR de faire référence aux déboires judiciaires et électoraux du candidat Fillon, pour estimer que « les électeurs ne supportent plus cette image d’élus qui récupèrent tout ce qui est récupérable. C’est légal, c’est vrai, mais ce n’est pas légitime ». Rappelant que les sommes concernées s’élèvent à 178 000 € annuels, le contrôleur général économique et financier dans l’administration publique conclut : « Si vous voulez conserver un peu de crédit, soit vous retirez cette délibération, soit il faut revoir ces indemnités à la baisse ». Une leçon d’argent et de probité qui suscite l’indignation de David Lisnard (lequel ne touche pas son indemnité de président), décidé à rendre la monnaie de leur pièce aux « moralisateurs de l’argent public ». «Votre conseil est une posture. Assimiler des versements réglementaires à des faits réprimés par la justice est honteux !, s’insurge le maire de Cannes. Ce qui coûte cher, ce sont les mauvais élus. Nous appliquons une très grande sobriété dans la dépense, et ce qui compte, c’est l’efficacité ! »
Prix du « sacrifice » ?
Et d’ajouter que les indemnités versées par la CAPEL représentent en réalité une économie de 150 000 € annuels, au regard des émoluments versés autrefois au sein des différents syndicats intercommunaux. « Ces indemnités sont prévues par les textes. Votre comparaison flatte l’opinion, mais moi, je préfère qu’on défende le contribuable ». Et Henri Leroy d’enfoncer le clou : «On ne peut pas comparer une indemnité à un salaire ! Ces indemnités ne sont pas assez élevées au regard des sacrifices professionnels et financiers de certains élus ». Georges Botella en met une dernière couche: « Médecin libéral, j’ai partagé mes indemnités de maire avec mes colistiers. Si on fait ça, ce n’est pas pour l’argent, mais par conviction ! » La délibération a été adoptée à la majorité, moins deux voix cannoises contre (Henri Céran et Olivier Vasserot) et deux abstentions mandolociennes (Jean-Valéry Desens avec pouvoir). Mais côté CAPEL, certaines voix ne se sont pas gênées de signaler « en off » qu’en tant que conseiller municipal d’opposition, Olivier Vasserot touche lui aussi une indemnité (environ 200 € mensuels). Et qu’à ce jour, il n’y a pas renoncé...