L’argent et la santé
Cliniques, hôpitaux publics, privés, mutuelles, Assurance-maladie, associations, laboratoires... Pour son 3e rendez-vous, le Club Santé a invité tous ses membres à plancher sur ce thème complexe
Avec plus de % du PIB (produit intérieur brut) alloués à la Santé (soit plus de milliards d’euros), la France figure parmi les pays les plus généreux au monde. Pour garantir la santé de ses citoyens, elle ne regarde pas à la dépense et finance hôpitaux, praticiens, services de soin, transport des patients, prescription de médicaments, sécurité sociale etc. Ou plutôt, elle ne regardait pas, jusqu’au moment où la situation est apparue tout simplement intenable, le trou de la Sécu menaçant de devenir un gouffre. Chaque année, la pression se fait ainsi plus forte sur la Sécu, condamnée à relever ce défi : alors que les coûts galopent, elle doit faire des économies, tout en garantissant la qualité de la prise en charge. Tous les acteurs de la Santé sont, à des niveaux divers, mis à contribution. Santé et argent, c’est autour de ce thème sensible que les adhérents du Club Santé NiceMatin ont accepté de plancher mardi dernier. Des échanges nourris, sans langue de bois et des pistes très intéressantes.
« On dépense beaucoup pour la santé en France. En moyenne euros par an et par habitant. Et l’on devrait dépenser encore plus dans l’avenir, du fait du vieillissement de la population, de l’augmentation des maladies chroniques, du coût croissant des technologies médicales… etc. Comment va-t-on financer ça ? » Thierry Pattou, président de la délégation de la Mutualité française, jette le pavé dans la mare. Mais, cette question, tout le monde se la pose. D’autant qu’aujourd’hui, le message est clair : il faut sauver le soldat Sécu, et pour cela, impossible d’y couper, il faut dépenser… moins. « Chaque année, la nation injecte milliards d’euros de plus dans les dépenses remboursées par l’Assurance-maladie. Le double serait en réalité nécessaire, si l’on regarde l’évolution naturelle des dépenses. On demande ainsi aux acteurs de santé, hôpitaux, médecine libérale, soins de suite…, milliards d’euros d’efforts d’économie », résume Malik Albert, directeur adjoint du groupe Saint George. Comment réaliser ces économies, sans rogner sur la qualité des soins, l’accès pour tous… en bref, tout ce qui fait que notre système de santé reste considéré comme l’un des plus performants et surtout des plus solidaires, avec un reste à charge pour les ménages de %, soit le ratio le plus faible en Europe. Dans son rapport annuel passage la médecine libérale de spécialité, dont les dépenses seraient en forte progression et dénonce le manque d’efficacité du contrat d’accès aux soins (censé réguler les dépassements d’honoraires). « En , pour éviter un euro de dépassement, l’Assurancemaladie en a dépensé dix. » Elle préconise également, dans cette stratégie de réorganisation, de fermer les services de chirurgie à faible activité, «non seulement parce qu’ils coûtent cher mais parce qu’ils n’assurent pas la sécurité des patients ». Et aussi de favoriser l’essor de la télémédecine, « encore marginale malgré le potentiel considérable qu’elle recèle ». Et bien sûr, l’inévitable maîtrise des coûts du médicament, poste majeur de dépenses. Quelle est le point de vue des adhérents du Club Santé ? Lire pages suivantes.