L’accord nucléaire avec l’Iran remis en question
Les pays signataires de l’accord international qui vise à empêcher l’Iran de se doter de la bombe atomique ont fait état de leurs inquiétudes après la menace vendredi du président américain Donald Trump d’y mettre fin « à tout moment ». S’il a prononcé un réquisitoire enflammé contre ce texte emblématique, «le pire» jamais négocié par les États Unis, le président américain a assuré que son pays ne s’en retirerait pas pour l’instant. Mais dans une allocution extrêmement virulente à l’encontre du régime iranien, qualifié de « dictatorial » , il a précisé qu’il ne «certifierait» pas le fait que Téhéran respecte ses engagements (1), en dépit des assurances en ce sens de l’Agence internationale de l’énergie atomique (dont le patron, Yukiya Amano, a aussitôt réaffirmé que l’Iran faisait l’objet «du régime de vérification nucléaire le plus solide au monde »).
Le Congrès américain en première ligne
Il a souligné qu’il souhaitait en particulier supprimer les échéances en vertu desquelles certaines restrictions au programme nucléaire pourraient être levées progressivement après 2025, et a également annoncé de nouvelles sanctions contre les Gardiens de la révolution, l’armée d’élite iranienne, accusés d’avoir «détourné de vastes parts de l’économie» pour «financer la guerre et le terrorisme à l’étranger». Cette «non-certification» place le Congrès américain en première ligne. Mais la majorité républicaine ne semblait pas prête à réimposer des sanctions et donc à endosser la responsabilité de saborder cet accord. Le discours de Donald Trump a, logiquement, provoqué une forte réaction de
Téhéran. Les États-Unis sont « plus seuls que jamais contre
le peuple iranien », a lancé le président iranien Hassan Rohani. Mais le président américain, très isolé sur ce dossier, a suscité des réticences bien au-delà de Téhéran. La chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, a ainsi mis en garde contre la tentation de « démanteler un accord qui fonctionne et tient ses promesses». Dans un
communiqué commun, la Première ministre britannique Theresa May, la chancelière allemande Angela Merkel et le président français Emmanuel Macron ont de leur côté souligné qu’ils restaient
« engagés » dans l’accord, appelant à sa « pleine
application par toutes les parties ». Moscou a également
critiqué la décision de Donald Trump. A l’inverse, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu l’a félicité pour sa «décision courageuse» .Et l’Arabie saoudite, monarchie sunnite qui redoute la montée en puissance de son grand rival chiite, a salué une « stratégie ferme ». 1. Le président des États-Unis doit certifier au Congrès tous les 90 jours que l’Iran ne triche pas et que l’accord est « vital » pour les États-Unis. Si ce n’est pas le cas, le Congrès peut voter le rétablissement des sanctions.