Nice-Matin (Cannes)

Le “Sacre” du Père Élie

Le nouveau curé de la paroisse Saint-Eucher sera installé dimanche par l’évêque

- PROPOS RECUEILLIS PAR PHILIPPE DEPETRIS

L’évêque de Nice, Mgr André Marceau, installera, ce dimanche, à 16 heures, dans l’église Ste-Anne-St-Martin, le nouveau curé de la paroisse Saint-Eucher qui remplace le père Joseph Ziobron. Rencontre avec le le père Élie Sacre, Français d’origine libanaise, homme de foi, de culture et d’ouverture.

Où êtes-vous né ?

Je suis né le  juillet  à Kartaba, un petit village dans la région de Byblos au Liban. Je suis le dernier d’une famille de neuf enfants, très croyante puisque mon oncle est un prêtre (marié) de l’église Maronite et deux de mes soeurs sont des religieuse­s salésienne­s de Don Bosco.

Comment s’est passée votre jeunesse ?

Je suis allé à l’école primaire des soeurs salésienne­s puis à l’école publique. Lorsque j’ai eu ,  ans, j’ai ressenti l’appel de la foi. C’est ce que l’on appelle la vocation, l’envie d’être prêtre et de me mettre au service de l’Église. J’ai suivi ensuite mes études au séminaire patriarcal au nord de Beyrouth, obtenu une licence de philosophi­e à l’université du Liban. Puis j’ai pris un peu de recul et je me suis inscrit à l’université SaintEspri­t de Kaslik qui était une faculté pontifical­e de théologie.

Et la France?

Après avoir été ordonné sousdiacre et diacre j’ai été envoyé en Corse, à la cathédrale d’Ajaccio. Je suis ensuite retourné au Liban où j’ai été ordonné prêtre le  mai . Je suis revenu comme vicaire à Ajaccio puis j’ai étudié deux ans en maîtrise de théologie à Angers pour préparer un mémoire sur la Dignité Humaine, avant d’entrer en paroisse pour deux ans près de Saumur, de retourner à mes études de doctorat et d’être nommé curé dans la campagne de la Mayenne, dans le diocèse de Laval.

Comment êtes-vous arrivé dans le diocèse de Nice ?

J’ai été appelé ici pour me consacrer à la communauté maronite libanaise de la Côted’Azur en  comme vicaire de la paroisse du Bon-Pasteur, à Nice. Et lorsqu’on m’a proposé de venir ici j’ai accepté parce qu’un prêtre est au service de l’église universell­e et doit aller où on l’envoie.

Vous avez une relation de coeur avec la France ?

Oui je suis Français depuis . Les Libanais ont une relation particuliè­re avec la France qui est dans leur coeur. J’ai aimé découvrir ce pays, ses richesses humaines et patrimonia­les, sa culture qui m’enrichit. En même temps je suis très attaché à mes racines et je peux apporter ici quelque chose de l’Orient. Mon projet est de rester et de servir en France.

Vous arrivez dans une terre de potiers, une terre agricole, cela

vous interpelle ?

Oui. Je suis un garçon de la terre ! J’aime la travailler. Mon père était tailleur de pierres et, chez nous, nous avons des vergers. Il y a des similitude­s. Je souhaite découvrir ce pays dans sa vie réelle.

Comment abordez-vous ce nouveau ministère ?

Sereinemen­t et avec confiance ! Je fais confiance à la Providence et aux gens d’ici. Nous allons nous découvrir mutuelleme­nt et je vais apprendre à aimer ce pays et ses habitants. En tâchant de répondre aux attentes des uns et des autres, d’être le plus possible avec les gens et partager la vie des uns et des autres. Il faut aussi que la bonne nouvelle de l’Évangile soit annoncée c’est mon rôle. Nous avons tous beaucoup à donner mais aussi à recevoir. J’arrive avec la main tendue pour que nous puissions tous travailler ensemble pour le bien de chacun.

Que pensez-vous des fractures de notre société ?

Le Liban est un pays multiconfe­ssionnel. Nous y avons une expérience certaine sur le « vivre ensemble » avec l’Islam et les autres communauté­s. Il y a des hauts et des bas mais le dialogue est toujours présent. En France j’ai l’impression qu’il manque souvent cette connaissan­ce mutuelle. Au Liban, nous avons beaucoup de réfugiés. Si je peux comprendre les peurs et les réticences, j’estime que lorsque je suis accueilli dans une maison, je ne dois pas m’imposer, je dois donner autant que je reçois. La vie doit être un partage, une tolérance, un dialogue. Mieux nous comprendre pour mieux vivre ensemble.

Vous avez des sujets de réflexion de prédilecti­on, des hobbies ?

Oui je m’intéresse beaucoup à la dignité humaine, à la bioéthique et à l’éthique familiale. À part cela, j’aime beaucoup la marche et le jardinage. Et j’adore cuisiner, aussi bien français que libanais ! Et je continuera­i à célébrer des messes en rite maronite (lire encadré).

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(Photo Ph.D.) Le père Élie Sacre, nouveau curé de la paroisse.

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