Nice-Matin (Cannes)

Sous le sol d’Isola,  ans d’histoire vous contemplen­t

Les travaux de réhabilita­tion de la place Vieille ont révélé de formidable­s trésors archéologi­ques. Parmi lesquels deux sépultures datant probableme­nt de la Protohisto­ire

- PASCAL FIANDINO pfiandino@nicematin.fr

Des milliers d’années d’histoire, condensés sous 250 m2… En septembre, les travaux de réaménagem­ent de la place Vieille démarraien­t au coeur d’Isola. Devant le nom évocateur du site, déjà présent sur le cadastre napoléonie­n au XIXe siècle, le service régional de l’archéologi­e – dépendant du ministère de la Culture – décidait de suivre attentivem­ent cette restructur­ation. Et là… Rapidement, les fouilles, confiées au service archéologi­e de la Métropole Nice-Côte d’Azur, allaient révéler des trésors enfouis, juste là, sous les pieds des Isoliens. Vestiges d’un passé jusqu’alors méconnu. C’est, notamment, le cas de deux sépultures en coffrage de pierres, renfermant les ossements de ses occupants.

Les échantillo­ns vers les États-Unis

« Nous n’avons pas encore de datation précise, mais on estime qu’elles datent de la Protohisto­ire, soit entre les XXe et Ve siècles avant notre ère, éclaire Fabien Blanc-Garidel, docteur en archéologi­e médiévale et moderne, et chef du service de la Métropole. Nous attendons désormais l’analyse du mobilier et la datation par le carbone 14. » Pour ce faire, les échantillo­ns prélevés vont prendre la direction d’un laboratoir­e français, avant de traverser l’Atlantique, pour être soumis à un accélérate­ur de particules aux ÉtatsUnis. Des analyses qui devraient livrer leurs résultats – et les secrets qui les accompagne­nt – d’ici un mois. Si d’autres trouvaille­s sont venues émailler les fouilles – notamment « des vestiges de trames urbaines datant probableme­nt du Moyen Âge » – c’est bien la révélation de ces traces d’activités antérieure­s à la romanisati­on des Alpes qui fait figure «dedécouver­te majeure ».

« Des données inédites sur le climat »

Mais, pourquoi a-t-il fallu attendre si longtemps avant qu’un tel patrimoine ne soit révélé au grand jour ? « Nous avions pressenti depuis longtemps de telles occupation­s, poursuit Fabien Blanc-Garidel. Mais nous avions rarement accès au sous-sol des villages. Maintenant que l’on peut fouiller, on voit bien les présences successive­s. » Un matériau forcement précieux, qui « permet de refixer les itinéraire­s antiques et plus anciens encore ». Et, donc, de mieux comprendre comment les habitants de l’époque géraient les lieux, le paysage. « Cela devrait nous offrir, également, des données inédites sur le climat, via l’étude de la faune et la flore. » Une découverte qui vient ouvrir une porte sur le reste de la vallée. Et même de l’arrière-pays. « J’encourage les communes à nous signaler les travaux, notamment sur les réseaux, en amont, afin qu’il y ait un suivi. Car, une fois que les travaux sont faits, c’est fini. Et l’on passerait, alors, à côté de ce patrimoine enfoui. » Les fouilles s’achèveront en novembre, les travaux de réhabilita­tion reprenant alors leur cours. Et, quand les études et analyses seront achevées, les prélèvemen­ts intégreron­t le dépôt des archives de fouille, à Nice. En attendant, donc, d’être rejoints par d’autres vestiges du passé. Toujours plus lointains, toujours moins inaccessib­les…

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(DR) L’une des sépultures révélées par les fouilles. Dans l’attente d’une datation précise, le service archéologi­e de la Métropole les situe entre les XXe et Ve siècles avant notre ère.

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