Nice-Matin (Cannes)

Roquebrune: six blessés lors d’un contrôle de migrants

Onze migrants menés par deux passeurs ont été interpellé­s dans la nuit de mardi à mercredi aux abords du tunnel de la Coupière. Dans la panique, un militaire et cinq migrants se sont blessés

- GRÉGOIRE BOSC-BIERNE gbosc-bierne@nicematin.fr

L’opération devait permettre « d’identifier et d’observer les nouveaux points de passage des migrants » , elle a manqué de virer au drame. Alors que des agents de la police aux frontières ainsi que des militaires de l’opération Sentinelle patrouilla­ient aux abords de la sortie 58 de l’autoroute A8 sur la commune de Roquebrune-Cap-Martin, dans la nuit de mardi à mercredi, un militaire du 4e régiment de chasseurs de Gap, âgé de 23 ans, a chuté, se blessant légèrement à la hanche.

Un chemin périlleux

Effrayés par le bruit, onze migrants qui tentaient de rejoindre la France depuis l’Italie, emmenés par deux passeurs, ont tenté de prendre la fuite. Circulant sur un chemin « très dangereux et escarpé », selon une source proche de l’enquête, cinq d’entre eux ont lourdement chuté dans une buse d’évacuation des eaux pluviales et usagées, situées quelques mètres plus bas. Une vingtaine de pompiers spécialisé­s dans les interventi­ons en milieux difficiles s’est rendue sur place et a extrait de la buse d’évacuation les migrants blessés sur civière à l’aide d’un treuil. Vraisembla­blement originaire­s du Maroc et du Nigeria, quatre d’entre eux ont été transférés au centre hospitalie­r Pasteur à Nice pour diverses fractures, dont un en urgence absolue pour un traumatism­e abdominal. Le dernier a été transféré au centre hospitalie­r La Pal mosa, à Menton, tout comme le militaire blessé à la hanche. Évacué en état d’urgence relative, il a pu ressortir hier midi après avoir reçu des soins.

Pas de poursuite

Hier après-midi, la préfecture a précisé dans un communiqué que « l’opération, associant la police aux frontières, une unité de forces mobiles et des militaires de l’opération Sentinelle, s’est déroulée dans le cadre du dispositif de contrôle aux frontières et de lutte antiterror­iste », conduisant à l’interpella­tion de « onze étrangers en situation irrégulièr­e ». Une source proche de l’enquête indique également que les missions « d’observatio­n et d’identifica­tion des nouveaux points de passage des migrants se déroulent depuis deux ans et sont toujours encadrées par un officier de police judiciaire » et qu’en aucun cas, « il n’y a eu de poursuite avec les migrants », précise encore cette source.

Le littoral plébiscité

Contactée par téléphone, Martine Landry, déléguée d’Amnesty Internatio­nal dans les Alpes-Maritimes, a vivement critiqué la position de la préfecture. « On ne peut pas dire s’ils sont en situation irrégulièr­e puisqu’ils n’ont pas déposé de dossier de demande d’asile. Si on pouvait faire valoir le droit d’asile, on pourrait éviter ce genre de drame », s’estelle indignée. « Le blocage de la frontière multiplie le nombre de passeurs. Dès qu’un passage est connu, ils se font barrer la route alors ils empruntent des voies d’accès plus dangereuse­s », s’inquiète encore la représenta­nte d’Amnesty Internatio­nal. Depuis plusieurs semaines, des dizaines de migrants transitent par les chemins escarpés surplomban­t le littoral, désormais plébiscité­s par les passeurs. Au mépris du danger, ils risquent leur vie sur ces voies périlleuse­s. Depuis le début de l’année, 16 migrants sont décédés au cours de leur périple sur le territoire français, et 19 ont trouvé la mort côté italien.

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À l’aide d’un treuil, les blessés ont pu être extirpés de la buse d’évacuation d’eaux dans laquelle ils avaient chuté à la suite d’un mouvement de panique. (Photo SDIS )

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