Nice-Matin (Cannes)

« Dans la vie, je ne fais rien de fou »

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Les critiques ne vous atteignent plus du tout ?

Ce qui m’énerve, ce sont les critiques sur le domaine personnel ou le plan humain. A propos du football, ça ne m’atteint pas. Dans le sens où si je suis mauvais le dimanche, le lundi je discute avec le coach de ce qui n’allait pas, ce que j’aurais dû faire ou pas... Je sais bien si j’ai été bon ou pas, je n’ai pas besoin de lire le journal pour le savoir. Et si j’ai mal joué, je peux me rattraper en travaillan­t dur du lundi au vendredi pour être bon le dimanche suivant. Ce n’est pas que l’avis des autres ne m’intéresse pas, mais pour moi, le seul moyen de progresser, c’est de travailler. Les critiques ne me plaisent pas, mais elles existent et je les accepte. Elles font partie du métier, si tu ne les acceptes pas il faut que tu changes de sport ou même de boulot.

En Italie, vous pouvez faire la Une pour le moindre excès de vitesse par exemple...

Je ne sais pas pourquoi ils font ça. Les tabloïds anglais, c’est pire, c’est le vrai problème en Angleterre. En Italie, c’est particulie­r. Peutêtre parce que... (il pouffe légèrement de rire) Iln’ya pas vraiment de gens célèbres là-bas, ou vraiment très peu. Et alors quand il se passe quelque chose de ce genre, ils en font la Une parce que les gens ont besoin de voir ça, ils ne sont pas habitués. Mais je ne savais pas que la presse française était plus tranquille. J’avais juste vu quelques vidéos de Zlatan qui s’énervait sur l’arbitre ou quoi, ça me faisait rire.

On vous sent plus apaisé depuis quelques semaines…

Oui, je suis plus tranquille.

Quel a été le déclic ?

Je sens qu’on compte sur moi. J’ai de grandes et de belles responsabi­lités vis-àvis de mes coéquipier­s. Je me suis rendu compte que lorsque je m’énerve sur le terrain, ça n’apporte que des choses négatives à l’équipe. Même lorsque je ne suis pas dans un bon jour, je m’efforce de rester tranquille, d’encourager mes coéquipier­s. Je perdais beaucoup trop d’énergie à me disputer avec un défenseur ou à râler quand une décision ne me convenait pas. J’ai commencé à changer de comporteme­nt lors de ma dernière année à Milan. On peut parler de maturité… J’espère (rires). J’ai compris que pour Mario ce qui était le plus important était l’adversaire, le but et, surtout, aider mon équipe à bien jouer. Je me suis trop longtemps éparpillé en pensant à beaucoup trop de choses. Cela m’arrive encore mais beaucoup moins, comme face à Luiz Gustavo, contre Marseille. Je n’ai plus de temps à perdre.

Par exemple, lors du match contre Zulte Waregem, vous avez récolté un avertissem­ent, mais vous n’avez pas craqué, alors que vous sembliez tout près du carton rouge…

Oui, je m’en rappelle très bien. A la mi-temps, le coach m’a dit : « Encore dix minutes et je te change ! » Je lui ai répondu : « Non, non, je ne prendrai pas de rouge... »

Pour la deuxième fois, vous êtes devenu papa d’un petit Lion au mois de septembre…

J’ai toujours pensé que devenir père changeait un homme. Cela m’a responsabi­lisé. Un enfant, il dépend seulement de vous, de ce que vous allez lui inculquer, lui dire. C’est ce qu’il y a de plus beau au monde. J’ai eu une fille et un garçon, comme je l’ai toujours souhaité.

En France, on dit que c’est le choix du roi…

Ah bon ? J’en suis très heureux (sourires).

Lion a même découvert l’Allianz Riviera, dimanche, contre Strasbourg…

Oui, mais il a préféré dormir (rires).

Avez-vous parfois souffert de votre immense notoriété ?

Cela dépend du style de vie que tu as. Quand j’avais ,  ans, dès que je sortais, je me retrouvais dans les journaux. J’étais épié. Ce n’est pas évident à gérer. Aujourd’hui, j’ai une vie paisible et lorsque je sors, je fais en sorte d’aller dans des endroits tranquille­s. Je n’ai jamais refusé de faire une photo ou autre quand je me balade avec mes amis, mais les gens doivent comprendre qu’il y a un temps pour tout. Quand je marche dans la rue, avec mon bébé dans les bras, ce n’est pas le moment de signer un autographe, par exemple. Mais ça, peu de gens le comprennen­t et vont dire que Mario Balotelli est un con, etc.

A quoi ressemble la vie de Mario Balotelli ?

A la maison, avec les enfants. Il m’arrive d’aller manger un morceau dehors. Quand j’ai deux, trois jours de libre, je rentre voir la famille à Brescia. Je ne fais rien de fou.

Vous n’êtes plus un fêtard ?

La légende selon laquelle je sors tout le temps est fausse. Plus jeune, il m’arrivait de sortir une ou deux fois par mois. Cela n’a rien d’anormal quand vous avez  ans, sauf que moi, j’étais dès le lendemain dans les journaux, surtout en Angleterre. Entretien réalisé par William HUMBERSET et Vincent MENICHINI Photos : Cyril DODERGNY

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