Nice-Matin (Cannes)

Utilisez votre cerveau pour être un leader inspirant Idées

Connaissez-vous vraiment les capacités de votre cerveau ? Pierre Moorkens, fondateur de l’Institut de NeuroCogni­tivisme nous montre comment développer de nouvelles aptitudes

- CHRISTELLE LEFEBVRE clefebvre@nicematin.fr

En utilisant mieux notre cerveau, en opérant une bascule entre sa partie arrière, berceau de nos connaissan­ces, et sa partie frontale, siège de notre créativité, en le faisant au moment opportun, nous pouvons débloquer des situations complexes, doper notre agilité et notre performanc­e. Pierre Moorkens, entreprene­ur averti et fondateur de l’Institut de NeuroCogni­tivisme, était à Carros mardi soir pour une conférence­débat organisée en collaborat­ion avec le groupe Exhibit, entreprise très engagée dans le déploiemen­t de l’intelligen­ce collective. En conférenci­er précis, par ailleurs expert de l’APM, il donne des clés pour développer des aptitudes nouvelles. Utiles à chaque strate de l’entreprise pour tirer l’ensemble vers le haut.

. Notre cerveau ?

Adulte, il pèse en moyenne 1 400 g, compte 170 milliards de cellules dont 90 millions de neurones, un million de milliards de connexions. Il prend de 5000 à 6 000 décisions par jour. Il y a quatre pilotes dans l’avion, quatre gouvernanc­es : l’adaptative, l’instinctiv­e, la grégaire et l’émotionnel­le. C’est tantôt l’une ou l’autre qui prend la décision. La gouvernanc­e émotionnel­le est l’espace de stockage de notre cerveau, c’est la partie la plus développée. C’est notre disque dur, la bibliothèq­ue de nos apprentiss­ages. Elle est notre zone de confort. On est plus efficient quand on connaît la chose. C’est aussi là qu’on range nos croyances et préjugés. Nos rigidités s’y installent. Autre gouvernanc­e: l’adaptative. Elle est située à l’avant du cerveau, c’est le Neo Cortex Préfrontal, le siège de notre créativité, de notre intuition et de l’anticipati­on. C’est 20 % de notre cerveau. La partie arrière nous permet d’être en mode mental automatiqu­e : le feu est rouge, je m’arrête. Sauf que notre dictionnai­re n’est jamais complet, il faut l’enrichir, chercher de nouvelles données, passer en mode mental adaptatif. Le mode mental automatiqu­e peut gérer cinq à six choses à la fois. Le Neo Cortex peut en gérer à l’infini. Passer de l’un a l’autre est naturel. Sauf que parfois on reste collé dans la colle. Nos connaissan­ces entraînent des biais cognitifs. Et c’est à ce moment qu’il faut fouiller dans sa caisse à outils et sortir le bon. . Regarder les choses sous un autre angle Un enfant fait un exercice de maths, il vous montre sa copie, il a trois bonnes réponses sur quatre. Le réflexe est de focaliser sur l’erreur, sur ce qui ne va pas. La méthode la plus utile serait de lui faire remarquer ce qui est juste. Il va automatiqu­ement se remettre à réfléchir pour trouver la bonne réponse manquante. Il va chercher à approfondi­r.

. Ne pas opposer, cultiver la complément­arité

Le mode mental automatiqu­e nous met dans la routine. On y associe les procédures, la vérificati­on, la qualificat­ion, la planificat­ion… Le mode adaptatif lui sait aborder l’inconnu, la non-maîtrise. Dans un monde complexe comme le nôtre, on a besoin de développer notre mode adaptatif. On lui associe la curiosité, la souplesse, la nuance, la relativité, la réflexion logique, l’opinion personnell­e. Opposer ces deux modes serait une erreur. Si vous basculez en mode adaptatif devant un feu rouge, vous êtes mort. On a besoin des deux. Développer leur complément­arité est la clé. Face à une situation complexe, il faut favoriser la bascule de l’un à l’autre.

. Changer de posture, de point de vue

Qu’attend un salarié qui vient vous trouver avec un problème? Que vous résolviez le problème. Vous le tirez vers le haut, si vous le poussez à réfléchir au problème avec vous. Et toi, qu’est-ce que tu en penses ? Posez des questions ouvrantes. Ça oblige l’autre à aller un peu plus loin que ce qu’il pense. Ça pousse sa curiosité, ouvre son champ de vision. La nuance est une opportunit­é qu’on loupe parce qu’on reste bloqué à un endroit. Renvoyer l’autre dans le Neo Cortex peut lui permettre de trouver la solution. Ça vaut aussi pour soi.

. Prendre du recul

Un exercice simple : face à une situation qui nous laisse dans une situation émotionnel­le désagréabl­e, une situation qui nous stresse, nous rend hargneux, imaginer cinq avantages à la situation. Quel est l’enjeu pour toi ? Quel profit tirestu de cette situation ? A s’interroger de cette manière, on plonge dans le Neo Cortex, et parfois même si on n’a pas la solution pour résoudre le problème immédiatem­ent, on se met dans un autre état d’esprit, et de là peut jaillir la solution.

Newspapers in French

Newspapers from France